Juraj Slafkovsky rugit enfin : Demidov libère la bête que Montréal attendait

Juraj Slafkovsky rugit enfin : Demidov libère la bête que Montréal attendait

Par André Soueidan le 2025-11-23

Quelque chose a changé dans le regard de Juraj Slafkovský.

Une légèreté nouvelle, presque dangereuse.

Comme si ses épaules, soudain, n’avaient plus à porter le poids des attentes, des critiques, du maudit statut de premier choix.

Et tout ça, mystérieusement, depuis qu’il évolue avec Ivan Demidov. Montréal attendait ce genre de transformation depuis deux ans. Elle est peut-être enfin arrivée.

Samedi soir, Slafkovský a joué comme un homme qui sait exactement ce qu’il est : un cheval de guerre, une machine de puissance à six pieds quatre, capable de traverser une zone entière avec la rondelle sans flancher.

Quand on lui demande ce qu’il a ressenti avec la rondelle sur la palette, le sourire transperce même à travers le texte : « Qui n’aime pas transporter la rondelle ? » dit-il en riant.

« Je me sens plus confiant… même dans tous les petits jeux. »

Le Canadien avait besoin d’entendre ça. Les partisans aussi.

Et cette confiance, on l’a vue dès la séquence du deuxième but de Noah Dobson. Slafkovský ralentit le jeu, attire deux Leafs comme si c’était la chose la plus naturelle au monde, patiente, décèle Demidov sur la ligne de but, et hop ... tic-tac-toe, filet ouvert.

« J’ai vu que Demi était libre sur la ligne des buts. Je lui ai donné la rondelle et Dobrik est arrivé en volant. C’était beau. Beau jeu. » raconte-t-il, encore amusé, comme si c’était un simple exercice d’entraînement. 

Anthony Martineau n’a pas manqué de le souligner :

« On voit ce soir le Juraj Slafkovsky dont rêvait le CH en le repêchant. Clairement, il est fouetté par son retrait du premier PP. N’oublions pas qu’il a 21 ans. »

Et ça se sent. Slafkovský ne joue plus comme un jeune qui veut faire plaisir à ses vétérans.

Il joue comme un gars qui accepte enfin d’être le problème de l’équipe adverse.

Il ne cherche plus systématiquement où est Suzuki ou Caulfield.

Il transporte la rondelle parce qu’il sait qu’il peut le faire. Il coupe au centre, il fonce, il force les défenseurs à reculer.

Et quand un gars de 225 livres arrive à pleine vitesse, on le laisse passer... ou on se fait écraser.

Même lui l’admet à demi-mot. Quand un journaliste lui demande ce qui a changé dans l’exécution de l’équipe, Slafkovský répond avec une simplicité désarmante : « Nous exécutons à un très haut niveau, et chaque fois que nous jouons comme ça, on est capables de dominer n’importe quelle équipe. »

Le mot important ici : NOUS.

Ce n’est plus un kid isolé dans un système qui ne lui ressemble pas. C’est un gars qui fait partie d’un duo dangereux, puissant, complémentaire.

Demidov lui donne le cerveau.

Slafkovský lui donne les épaules.

Dobson récolte les points derrière.

Et soudain, le Canadien a deux vrais duos capables de renverser un match.

Même sa description du but, pleine d’assurance, montre un joueur qui comprend le tempo d’un match, qui lit mieux qu’avant, qui respire : « Je ne savais pas qu’il arrivait par derrière, mais j’ai vu que Demi était libre… »

Un petit détail. Mais ce genre de détail dit tout : Slafkovský n’est plus étouffé par le jeu. Il le manipule.

La meilleure preuve? Quand on lui demande la clé du match : « On a bien exécuté… on a joué avec de la vitesse… on leur a rendu la soirée difficile. »

C’est le langage d’un gars qui sent que tout commence à cliquer.

Cette version de Slafkovský, lourde, rapide, imprévisible, confiante, c’est celle que Montréal imaginait au repêchage.

Celle qu’on voyait dans nos rêves après les highlights olympiques. Celle qu’on désespérait de revoir.

Et peut-être que tout ça tient à un simple changement de trio. Une nouvelle chimie.

Un Demidov qui respire sur le même tempo que lui. Un entraîneur qui lui demande simplement d’être lui-même.

Slafkovsky ne cherche plus à jouer comme un choix de première ronde ... il joue comme un joueur qui sait exactement qui il est.

Et Demidov, lui, continue d’être la mèche qui allume tout ce qu’il touche.

Montréal l’a repêché pour créer, pour inspirer, pour transformer. C’est exactement ce qu’il est en train de faire.

Le géant slovaque vient de rugir.

Et avec Demidov à ses côtés pour lui ouvrir des portes et lui tendre des opportunités qu’il n’avait jamais eues avant… le rugissement risque de devenir un écho beaucoup plus fort que ce que la LNH est prête à entendre.

AMEN