Échange Montréal-St-Louis: Kent Hughes regrette

Échange Montréal-St-Louis: Kent Hughes regrette

Par David Garel le 2025-10-18

Le Canadien a dit non à Jordan Kyrou… pour ça?

Encore un morceau de porcelaine qui se fracasse. Encore un pari perdu. Kaiden Guhle paie encore le prix.

Il boitait jeudi soir. Il a été retiré discrètement samedi. Et ce matin, la nouvelle est tombée comme une gifle : absent pour 4 à 6 semaines, blessure au bas du corps.

L’information, livrée sans émotion, a pourtant le potentiel de dynamiter toute la structure défensive du Canadien de Montréal. Car derrière la façade de « maintenance day » collée à la réputation de Guhle, on découvre une vérité que plus personne ne peut ignorer : Kaiden Guhle est un joueur sublime… dans un corps qui ne veut pas suivre.

Et à chaque fois que le CH décide de le protéger, de le garder, de miser sur lui… il tombe.

La plus grande erreur de l’été?

C’est là que tout bascule. Parce que cet été, Kent Hughes avait le choix. Saint-Louis l’appelait. Et Jordan Kyrou était sur la table.

Un attaquant explosif, en pleine force de l’âge, déjà signé pour plusieurs saisons, capable de jouer centre et ailier droit, capable surtout de transformer en un clin d’œil un top-6 trop qui manque encore de talent et qui est trop prévisible.

Le prix? Kaiden Guhle.

Et le Canadien a dit non.

Non à la vitesse de Kyrou. Non à la certitude offensive. Non à l’option la plus réaliste pour solidifier une attaque inconstante. Parce qu’on voulait garder Guhle.

On voulait miser sur sa progression. On croyait – encore qu’il pourrait franchir le cap, qu’il resterait en santé, qu’il deviendrait un vrai pilier défensif.

Mais voilà : il est de nouveau blessé avant même le 10e match de la saison. Et la même question revient, toujours aussi dangereuse : combien de temps va-t-on continuer à protéger un joueur qu’on ne peut pas aligner?

Avec cette nouvelle absence, le Canadien se retrouve privé de l’un de ses deux seuls vrais défenseurs complets. Mike Matheson ne peut pas tout faire.

Et si Lane Hutson, aussi talentueux soit-il, continue d’émerveiller par sa vision du jeu, il n’a pas encore le coffre physique ni le vécu pour avaler les minutes difficiles dans les coins et en désavantage numérique.

Quant à Arber Xhekaj, il peine à retrouver la confiance de Martin St-Louis, oscillant entre le rôle de 6e défenseur et la galerie de presse.

Et pourtant, on avait de la profondeur à gauche. Trop, même.

Kaiden Guhle. Lane Hutson, Arber Xhekaj, Jayden Struble... et Adam Engstrom...un stud...

Une congestion qu’on croyait gérer avec sagesse… mais qui vire maintenant encore... avec la centième blessure de Guhle.

Et pendant ce temps-là, Jordan Kyrou connait un début de saison difficile avec deux maigres passes en 4 matchs. 

Mais bien honnêtement, aujourd'hui, vous prenez Kyrou ou... l'infirmerie à longueur d'année?

Le corps de Guhle est un ennemi.

On ne remet pas en cause le talent du défenseur. Personne ne conteste son intelligence, sa mobilité, son calme sous pression. 

Quand il joue, il est souvent le meilleur défenseur du CH. Mais c’est ça le problème : il ne joue pas assez. À 23 ans, il n’a jamais complété une saison complète, que ce soit dans la WHL, la AHL ou la LNH.

Les blessures s’enchaînent, se répètent, se déplacent. Haut du corps. Bas du corps. Commotion. Élongation. Micro-blessure. « Day-to-day ». « Semaine à semaine ». Et maintenant : 4 à 6 semaines d’absence dès octobre.

Le diagnostic devient évident : c’est un corps trop fragile pour le style de jeu qu’il impose. Guhle joue physique. Il patine en puissance. Il bloque des tirs. Il se frotte aux meilleurs. Mais son corps, lui, plie, plie, puis casse.

Et le plus inquiétant, c’est que le Canadien le sait.

Kent Hughes a dit non à Kyrou parce qu’il veut garder ses jeunes. Parce que dans sa logique, Guhle vaut plus sur le long terme qu’un Kyrou qu’on ne voyait pas évoluer avec Suzuki et Caufield. Mais à trop vouloir protéger l’idée d’un joueur, on en oublie la réalité.

Guhle, à 5,5 M$ par année pour six ans est un contrat-bargain sur papier. Mais si c’est pour 50 matchs par année, s’il faut le ménager à chaque match, s’il faut l’exclure au dernier moment, alors même ce contrat devient une illusion comptable.

Un bon joueur indisponible est pire qu’un joueur moyen fiable.

Et le Canadien, qui disait vouloir miser sur la constance, se retrouve avec l’un de ses meilleurs éléments sur la touche, sans garantie qu’il ne rechutera pas dès son retour.

Jayden Struble, laissé dans les estrades jusqu'à son solide match contre Nashville, est propulsé dans un rôle clé à la gauche de Lane Hutson.

Et à première vue, ça fonctionne. Le duo, qui avait déjà montré de belles choses en fin de saison dernière, est de nouveau réuni. Struble apporte du poids, du calme, du jeu simple. Il laisse Hutson créer, attaquer, improviser.

Mais est-ce vraiment le plan?

Doit-on compter sur des blessures pour que les jeunes obtiennent enfin une vraie chance? Struble devait déjà être dans l’alignement régulier, certains diraient même devant Xhekaj. Sa relance est meilleure. Son calme, plus constant. Sa constance, plus rassurante. Et voilà qu’un « maintenance day » de Guhle lui ouvre enfin la porte.

Guhle absent. Laine aussi. Kirby Dach, évidemment. Et voilà Joseph Veleno et Owen Beck rappelés en urgence pour combler un alignement décimé. Le CH, qui avait commencé la saison avec une santé miraculeuse, retombe dans ses vieux patterns.

Et cette fois, on ne peut pas dire que c’est la faute à pas de chance.

On l’a vu venir. On savait que Guhle boitait. On savait que son historique médical était problématique. On savait que l’opportunité Kyrou était rare. Et on a dit non.

Quand est-ce que Kent Hughes dira oui?

C’est ça, la vraie question. Quand est-ce que Kent Hughes va accepter de tourner la page sur Guhle? Pas par caprice. Pas par émotion. Mais par lucidité. Le CH a une muraille de gauchers qui poussent. .

Et si Guhle n’est pas disponible, s’il n’est pas capable d’être là 82 matchs par année, alors sa valeur réelle pour l’équipe devient marginale. Pire : elle baisse. Chaque absence, chaque blessure, chaque séquence manquée fait fondre sa valeur sur le marché des transactions. Et bientôt, ce ne sera plus Kyrou sur la table.

Le moment arrive. Celui où Kent Hughes devra répondre à la question qu’il fuit depuis deux ans : est-ce qu’un défenseur extraordinaire, mais fragile, vaut plus qu’un attaquant explosif, mais critiqué? Est-ce que Guhle vaut plus que Kyrou? Est-ce qu’on peut bâtir une dynastie défensive… sans constance défensive?

Parce qu’à ce rythme, ce n’est pas seulement la jambe de Guhle qui craque. C’est la logique même de la reconstruction qui fissure.