Congédiement de Martin St-Louis: Kent Hughes fait diversion

Congédiement de Martin St-Louis: Kent Hughes fait diversion

Par David Garel le 2025-12-10

On aurait pu imaginer un soir ordinaire de misère au Centre Bell, un autre épisode dans une saison où le Canadien collectionne les humiliations comme d’autres collectionnent les cartes recrues.

Mais lorsque, après une défaite de 6-1 à domicile, la direction du club procède en catastrophe au rappel d’un gardien recrue, c’est qu’on a franchi le simple malaise : la sirène d’alarme hurle dans tout l’immeuble, et l’organisation tente désespérément de camoufler l’odeur de brûlé.

Jacob Fowler, 21 ans, excellent dans la LAH (fiche de 10-5-0, moyenne de 2,09, efficacité de ,919), débarque avec une aura de sauveur malgré lui.

On a rappelé Owen Beck et Adam Engström pour accompagner le mouvement, mais personne n’est naïf : il ne s’agit pas d’un virage sportif, il s’agit d’un mouvement politique orchestré par Jeff Gorton et Kent Hughes pour créer une diversion au moment où Montréal réclame haut et fort le congédiement de Martin St-Louis.

Le Country Club, encore une fois, protège l’un des siens. On veut faire oublier les statistiques atroces, les dégelées à répétition, l’absence totale de structure, et l’effondrement mental d’un groupe qui semble désormais jouer sans conviction, sans confiance, sans direction.

Et pendant que le Québec gronde, le duo Hughes-Gorton espère qu’un rappel de gardien viendra calmer la foule.
C’est mal comprendre la gravité de ce qui se passe.

Deux équipes en une : celle d’avant le 15 novembre, et celle qui se fait défoncer depuis un mois

Voici la réalité brute, impossible à masquer :

Les 15 premiers matchs :

Fiche 10-3-2 (,733)

7 buts marqués

46 buts accordés

Les 14 matchs suivants :

Fiche 5-8-1 (,392)

34 buts marqués

57 buts accordés

Le Canadien a perdu la moitié de sa production offensive, et a doublé sa vulnérabilité défensive.

Et à cinq contre cinq, c’est encore pire : personne dans la LNH ne marque moins que Montréal (1,60 but / 60 minutes).

On peut chercher toutes les excuses, pointer les blessés, parler du calendrier, des mauvaises bandes ou des buts rapides accordés, mais la vérité demeure simple : l’équipe de Martin St-Louis s’est écroulée sur tous les plans.

Et les dégelées sont devenues un rituel morbide, aussi prévisible que le “Bonsoir, à notre antenne” :

5-1 contre les Kings

7-0 contre les Stars

8-4 contre les Capitals

7-2 contre l’Avalanche

6-1 contre le Lightning

Depuis un mois, c’est une raclée toutes les trois parties. Aucune formation sérieuse ne survit à un tel rythme de destruction.

Mais le Country Club, lui, continue d’expliquer que tout va « dans la bonne direction ».

Les erreurs individuelles, les excuses et le discours qui ne tient plus.

Martin St-Louis nous répète qu’il « ne coache pas les erreurs isolées », mais bien « les tendances ».
Mais les tendances, justement, sont effrayantes.

À propos du 6-1 contre Tampa Bay, regardons ce que St-Louis perçoit comme « des détails » :

Jayden Struble se fait contourner par Brayden Point comme si ses patins étaient coulés dans le ciment.

Noah Dobson rate une passe bondissante, ce qui envoie Holmberg en échappée.

Quatre joueurs du CH regardent Nikita Kucherov danser seul dans l’enclave, totalement libre, comme s’ils auditionnaient pour un numéro de Noël.

Ces erreurs ne sont pas accidentelles : elles proviennent d’un manque de structure, d’un manque de système, d’un manque de préparation, exactement la presse soulignait depuis des semaines.

Aujourd’hui, tout ce qu’on disait se réalise sous nos yeux.

Un pays entier réclame le congédiement... alors que Hughes et Gorton détourne le regard

Sur les réseaux sociaux, la rupture est consommée. La base est écœurée :

« Je ne suis plus capable de le supporter. »

« Il est prétentieux. »

« Il prend les gens de haut. »

« Ce n’est pas un coach pour Montréal. »

L’image du petit gars du peuple n’existe plus.

Il reste un entraîneur perçu comme condescendant, hostile avec les médias, rigide dans son système man-to-man, incapable d’ajuster, incapable de préparer son équipe, et prompt à rejeter la faute sur ses joueurs.

C’est exactement ce qu’il a encore fait hier, répétant :

« Il faut que le mental soit plus fort que les émotions. On se fait tester mentalement, présentement. »

Pourtant, ce sont ces mêmes joueurs qui disent ne pas être prêts.

Et quand un groupe n’est pas prêt, soir après soir, depuis un mois, la responsabilité remonte toujours au coach.

Mais Jeff Gorton refuse de toucher au Country Club.

C’est la mentalité qui a pourri le Canadien pendant 25 ans: un cercle fermé, une loyauté aveugle, un rejet viscéral de la critique, un aveuglement qui confond culture et favoritisme.

Alors on rappelle Fowler, Beck et Engström, en espérant que la distraction efface le fait que le vestiaire décroche.

Le moment est arrivé où une organisation doit admettre qu’elle s’est trompée

Martin St-Louis a été engagé parce qu’il incarnait un concept : la vision, la pédagogie, le leadership positif.

Aujourd’hui : les gardiens sont brisés, la défensive s’écroule, les jeunes régressent, le système est horrible, a structure n’existe plus, les joueurs tombent au premier but, et l’équipe donne l’impression de jouer avec la peur.

Lorsque votre club s’effondre au premier tir, lorsque vos joueurs disent ouvertement qu’ils ne sont pas prêts, lorsque vos vétérans perdent leurs repères, lorsque vos gardiens affichent des statistiques de fin du monde (Dobeš : 3,15 / ,887 - Montembeault : 3,65 / ,857), ce n’est plus une question de talent.

C’est une question de leadership. Une question de coaching. Une question de message qui ne passe plus.

Le rappel précipité de Fowler n’est qu’un pansement médiatique.

Gorton espère que la base va s’exciter devant un jeune gardien, comme si Montréal était une garderie sportive incapable de voir le piège.

Mais le Québec, cette fois, voit clair.

Le Québec est tanné du Country Club.