Transaction Montréal-Columbus-Pittsburgh-Los Angeles: Kent Hughes perd sa mise

Transaction Montréal-Columbus-Pittsburgh-Los Angeles: Kent Hughes perd sa mise

Par David Garel le 2025-12-29

Il y a des transactions qui, à peine annoncées, forcent tout le monde à se rasseoir et à refaire les calculs. Pas parce qu’elles sont spectaculaires, mais parce qu’elles exposent brutalement une autre voie possible, une autre lecture du marché... pour réaliser la défaite d'un DG...

L’échange qui a envoyé Yegor Chinakhov à Pittsburgh en provenance de Blue Jackets de Columbus fait exactement ça à Montréal. Et il arrive au pire moment possible pour le Canadien, soit quelques jours seulement après l’acquisition de Phillip Danault.

Parce que soudainement, la question ne se pose plus à voix basse dans les coulisses : est-ce que le Canadien a ciblé le mauvais joueur?

Est-ce qu’il a payé cher pour de la sécurité apparente, alors qu’un pari beaucoup plus aligné sur la fenêtre d’âge, le besoin offensif et la structure du noyau était disponible sur le marché?

Regardons froidement les faits. Pittsburgh met la main sur Chinakhov, 24 ans, 6 pieds 1, 203 livres, ancien choix de première ronde (21e au total en 2020), en échange d’un choix de deuxième tour en 2026, d’un choix de troisième ronde en 2027 et de Danton Heinen, un joueur de profondeur que les Penguins venaient littéralement de placer au ballottage.

Ce n’est pas une transaction à rabais, mais ce n’est pas non plus une folie. C’est un prix cohérent pour un joueur encore jeune, contrôlable, avec un profil physique NHL-ready et un potentiel offensif qui n’a jamais été pleinement exploité à Columbus.

Chinakhov devient agent libre avec compensation l'été prochain. Et il ne pourra pas demander plus que son salaire actuel de 2,1 M$.

Maintenant, comparons. Montréal cède un choix de deuxième ronde très élevé, autour du 41e au total au moment où on se parle, un choix qui appartenait justement… à Columbus. (acquis dans la transaction de Patrik Laine)

Autrement dit, le Canadien a utilisé un actif provenant d’une équipe en bas de classement pour payer un vétéran de 32 ans (bientôt 33 ans) sans but cette saison, sous contrat encore l’an prochain à 5,5 millions, et dont la valeur sur le marché s’était clairement brisée.

La comparaison fait mal. Parce que Chinakhov, malgré ses 6 points en 29 matchs cette saison, coche plusieurs cases que le Canadien cherche désespérément à remplir : un ailier droit, gaucher naturel, capable de jouer sur un top-6, avec un tir lourd, un gabarit NHL, et surtout, du temps devant lui.

Le CH cherche justement un ailier droit gaucher pour jouer avec Nick Suzuki et Cole Caufield qui sont en chute libre depuis que Juraj Slafkovsky les a quittés.

Chinakhovl a 24 ans. Pas 32. Il peut encore apprendre, être mal utilisé, se tromper, progresser. Danault, lui, est déjà dans la phase inverse : chaque demi-seconde perdue est permanente.

Oui, Chinakhov a demandé un échange l’été dernier. Oui, il n’était plus dans les bonnes grâces de son organisation. Mais c’est précisément là que le marché devient intéressant. Columbus n’en voulait plus. Pittsburgh a flairé l’opportunité. Et Montréal? Montréal a regardé ailleurs.

Ce qui dérange le plus, ce n’est pas d’avoir choisi Danault. C’est d’avoir choisi Danault dans ce contexte précis, alors que le besoin prioritaire du Canadien, depuis des mois, est clair comme de l’eau de roche : un ailier gaucher offensif pour jouer avec Nick Suzuki et Cole Caufield.

Pas un centre défensif de plus. Pas un stabilisateur temporaire. Il nous faut un joueur capable d’élever le plafond offensif du premier trio.

La blessure de Jake Evans sauve l'image de Kent Hughes, mais nous continuons de penser que l'arrivée de Danault était inutile, en plus de freiner le développement d'Owen Beck.

Et c’est là que l’échange de Chinakhov agit comme un miroir cruel. Parce que, oui, Pittsburgh a payé un peu plus que Montréal sur papier. Mais en réalité, le Canadien a payé plus cher en valeur stratégique.

Le choix de deuxième ronde des Penguins se situe autour du 47e total. Celui que Montréal a donné est autour du 41e. Ce n’est pas anodin. Dans un repêchage profond, ces six rangs peuvent faire une différence très réelle. Et Pittsburgh a ajouté un troisième tour, certes, mais Montréal a ajouté… une année de contrat lourde.

On ne parle pas ici de refaire l’histoire avec des “si”. On parle de lecture de marché. De timing. De cohérence. Les Blue Jackets ont prouvé, coup sur coup, qu’ils étaient prêts à monnayer des joueurs établis contre du capital de repêchage.

Et Montréal, qui détenait déjà leurs actifs, a choisi de les réinvestir… dans un joueur plus vieux, plus cher, plus risqué à court terme.

À 24 ans, Chinakhov correspondait parfaitement à la fenêtre du Canadien. À 32 ans, Danault correspond à un besoin temportaire, pas à une vision de l'avenir.

Et quand on regarde les premières présences de Danault à Montréal, les retards, les couvertures manquées, la difficulté à suivre le rythme, on ne peut pas simplement balayer ça sous le tapis de “l’adaptation”.

Au moins, il a présenté un pourcentage d'efficacité de 72 pour cent hier. Mais est-assez pour justifier la transaction?

La vraie question devient donc inconfortable, mais nécessaire : le Canadien a-t-il privilégié la nostalgie et la familiarité au détriment du plafond futur?

A-t-il confondu expérience et sécurité, alors que le marché offrait une option plus jeune, plus explosive, plus alignée sur la réalité de son noyau?

Chinakhov n’est pas une certitude. Danault non plus. Mais l’un est un pari sur l’avenir immédiat, l’autre est un pari sur le passé "has been".

Misère...