Revirement de situation à Montréal: Kent Hughes fuite une information

Revirement de situation à Montréal: Kent Hughes fuite une information

Par David Garel le 2025-11-06

C’est un véritable revirement de situation médiatique qui secoue le petit monde du hockey montréalais. Alors que la quasi-totalité des insiders nord-américains, de Pierre LeBrun à Darren Dreger, en passant par Elliotte Friedman et Chris Johnston, clament depuis des semaines que le Canadien de Montréal explore activement le marché pour un centre d’expérience, voilà que La Presse publie un papier de Mathias Brunet qui prend tout le monde à contrepied.

« Le Canadien ne tentera pas d’acquérir un centre dans la mi-trentaine a appris La Presse. »

Brunet affirme avoir appris de « sources internes » que Kent Hughes n’a aucune intention de bouger pour un joueur comme Nazem Kadri, Steven Stamkos ou même Ryan O’Reilly. Une déclaration qui tranche radicalement avec tout ce que rapportent les réseaux nationaux depuis un mois.

Mathias Brunet va droit au but : le CH ne veut pas d’un centre de 33 à 36 ans avec un contrat de longue durée. Pas Kadri, pas Stamkos, pas O’Reilly. Le journaliste cite la prudence de l’administration Hughes-Gorton, qui préfère concentrer ses ressources financières sur les piliers à long terme du club : Mike Matheson, qu’on veut prolonger de quatre saisons, et surtout Ivan Demidov, qui deviendra bientôt éligible à une entente juteuse.

Autrement dit : le CH prépare son futur autour de Demidov, Suzuki, Caufield et Hutson, pas autour d’un vétéran de 35 ans au lourd cap hit.

Brunet souligne que le plafond salarial, même s’il augmente, ne doit pas servir d’excuse à une gestion hasardeuse.

Et à ses yeux, Kadri (7 M$ jusqu’en 2029) ou Stamkos (8 M$ jusqu’en 2028) représentent exactement le genre d’erreur qu’un club en montée doit éviter.

Un raisonnement cohérent sur papier. Mais le ton du texte trahit aussi une fermeture à toute audace.

Le problème, c’est que Brunet présente sa version comme un fait acquis, sans nuance. Il écrit littéralement que « le Canadien ne tentera pas d’acquérir » ce type de joueur, « à moins d’une surprise de taille ». Autrement dit, pour lui, le dossier est clos.

Or, tout ce qu’on entend ailleurs indique exactement le contraire. Pierre LeBrun affirmait encore récemment que le CH faisait partie des « clubs qui ont pris la température » pour Kadri à Calgary. Darren Dreger parlait d’un intérêt concret pour Ryan O’Reilly, que les Predators seraient ouverts à échanger avant la date limite. Elliotte Friedman, de son côté, avait même mentionné que Vancouver et Montréal étaient « les deux équipes canadiennes les plus actives » dans les discussions de centres.

Quand quatre insiders majeurs pointent dans la même direction et qu’un seul média local affirme le contraire, il faut se poser la question : d’où vient cette version?

Il est difficile de ne pas voir la main de Kent Hughes derrière cette fuite à La Presse. Tout indique que le directeur général du Canadien a volontairement laissé Mathias Brunet croire qu’il tenait une information exclusive, alors qu’il ne s’agissait probablement que d’une stratégie de diversion.

Hughes, fin stratège et ancien agent habitué aux jeux de coulisses, sait parfaitement comment manipuler le tempo médiatique.

En laissant filtrer que le CH « ne veut rien savoir » d’un centre vétéran, il refroidit le marché, fait baisser les attentes des partisans et désamorce la spéculation, tout en poursuivant ses discussions en secret.

C’est un classique du métier : créer l’illusion d’une inactivité pour mieux surprendre plus tard. La vraie question est donc de savoir si Mathias Brunet est tombé dans le panneau, croyant sincèrement révéler une décision ferme, ou s’il a volontairement accepté de servir de courroie de transmission à une version utile pour Hughes.

Ce ne serait pas la première fois qu’un DG montréalais joue habilement la carte du silence contrôlé ; mais rarement un journaliste réputé comme Brunet s’est retrouvé au cœur d’une telle manœuvre de désinformation calculée.

Si Brunet a raison et qu'il ne s'est pas fait manipuler par le DG du CH, cela signifierait que Kent Hughes joue la montre.

Le directeur général, conscient que son équipe surperforme en ce début de saison, ne veut pas se précipiter. Il sait qu’un Kirby Dach en santé, combiné à l’émergence d’Oliver Kapanen, peut temporairement boucher le vide derrière Nick Suzuki.

Mais cette approche comporte des risques. Montréal est en tête de l’Association de l’Est, et la fenêtre actuelle pourrait se refermer aussi vite qu’elle s’est ouverte. Refuser d’ajouter un centre expérimenté sous prétexte de prudence budgétaire reviendrait à saboter une saison charnière.

Brunet évoque Michael Hage comme la solution à moyen terme, lui qui va rejoindre le CH au printemps prochain.

Le jeune centre de 19 ans, repêché au 21e rang, domine la NCAA avec 15 points en 10 matchs au Michigan. Mais même La Presse reconnaît qu’il a encore des lacunes, qu’il doit apprendre à jouer sans la rondelle et à hausser son intensité. Hage n’est pas prêt.

Et si Hughes mise tout sur lui, le risque est immense.

Brunet balaie d’un revers de main les noms de Kadri, Stamkos et O’Reilly. Pourtant, ce sont précisément ces profils de vétérans qui permettent à une équipe jeune de franchir un cap.

Nazem Kadri, 34 ans, reste un centre robuste, champion de la Coupe Stanley, capable de produire 60 points et de tenir tête à n’importe qui sur 200 pieds.

Ryan O’Reilly, 34 ans, est un leader naturel, vainqueur du Selke et du Conn-Smythe. Il connaît encore une excellente saison à Nashville et demeure l’un des meilleurs joueurs de mises au jeu de la ligue.

Steven Stamkos... est fini... on doit l'avouer...

Refuser d’envisager ces options, c’est condamner le Canadien à vivre ou mourir avec ses jeunes, sans plan de secours.

Le paradoxe dans la logique de Brunet, c’est qu’il reconnaît que Montréal veut non seulement faire les séries, mais gagner un tour ou deux. Or, pour survivre en séries, il faut de la profondeur au centre. Et aujourd’hui, après Suzuki, le CH aligne Dach, Kapanen et Evans. Une ligne centrale... ridicule..

Martin St-Louis le sait mieux que quiconque : son équipe a encore trop de trous dans la structure. On l’a vu contre les Flyers. Montréal adore le hockey de rattrapage, mais ce genre de spectacle finit toujours par rattraper les clubs naïfs.

Jean-Charles Lajoie le disait récemment sur TVA Sports : « Il manque un vétéran qui connaît le tabac, un gars capable de rappeler à tous ce qu’est le hockey d’adulte. » Et il citait, encore une fois, Ryan O’Reilly comme le fit parfait.

Pendant que La Presse joue la carte de la prudence, le reste de la planète hockey décrit un CH agressif et calculateur.

LeBrun affirme que Hughes garde un œil sur Calgary et Nashville.

Dreger parle d’une recherche active pour un centre gaucher d’expérience.

Friedman ajoute que Vancouver et Montréal « mènent la danse » dans la saga Nazem Kadri.

Soit Brunet a raison et Hughes a mis le couvercle sur le dossier, soit La Presse s'est fait avoir par le DG.

Ce ne serait pas la première fois qu’un média montréalais « prépare le terrain » pour une direction.
À l'été 2025, La Presse avait déjà nié toute possibilité d’échange impliquant Logan Mailloux… trois semaines avant son départ à Saint-Louis.

Il n’est donc pas exclu que cette sortie de Brunet soit stratégiquement orchestrée par le DG du CH pour calmer les spéculations, pendant que Hughes négocie discrètement ailleurs.

La vérité? Elle se jouera d’ici la date limite des transactions. Si Montréal reste passif malgré son classement, alors Brunet aura vu juste. Mais si Kadri, O’Reilly ou même un nom inattendu comme Boone Jenner débarque au printemps, on saura que La Presse s’est fait endormir par la stratégie de Kent Hughes. 

La tension entre médias francophones et anglophones n’a jamais été aussi tranchée. Et au cœur de tout ce bruit, un homme reste impassible : Kent Hughes, qui avance, calculatrice en main, pendant que tout le monde devine ses intentions.

Un maître...