Kent Hughes sous le choc : Jeff Gorton perd la guerre des enchères

Kent Hughes sous le choc : Jeff Gorton perd la guerre des enchères

Par André Soueidan le 2025-06-23

C’est le genre de matin où Kent Hughes et Jeff Gorton doivent se demander s’ils ne sont pas en train de devenir les figurants d’un mauvais film dont Daniel Brière serait le héros.

Le genre de film où, pendant que tu négocies ton café, ton voisin te vole ton lunch… et repart avec un gros sourire.

Parce que c’est bien ce qui vient d’arriver.

Pendant que Hughes et Gorton regardaient passer le train, les Flyers de Philadelphie ont raflé Trevor Zegras pour… des peanuts.

Oui, des peanuts. Ryan Poehling, un 45e choix dans une cuvée de repêchage tiède comme une soupe trop réchauffée, et un choix de quatrième ronde en 2026.

Rien de plus. Rien de moins. Et Kent Hughes ? Il contemple les ruines d’une enchère perdue avant même d’avoir misé.

Il faut dire que les rumeurs couraient depuis des mois.

Trevor Zegras sur le départ ? Rien de nouveau. Tout le monde savait qu’Anaheim finirait par s’en débarrasser.

Tout le monde savait aussi que Kent Hughes cherchait désespérément ce fameux centre #2 qui viendrait stabiliser l’attaque derrière Suzuki.

Et pourtant, au moment décisif, c’est Brière qui a claqué la porte de la salle d’enchères en s’exclamant : « Merci pour le cadeau, les gars ! »

Comment est-ce possible ? Ryan Poehling, c’est un gars que le Canadien connaissait par cœur.

Un flop maison, qu’on avait largué sans remords.

Un bottom six interchangeable qui se promène dans la LNH comme un figurant de série B.

Et c’est ça qui a suffi pour obtenir Zegras ? Sérieusement ?

Quand on regarde ça froidement, on se dit que Kent Hughes devait avoir un plan.

Enfin, on espère qu’il en avait un. Parce que sinon, ça commence à sentir l’amateurisme dans ce qui devrait être une salle de commandement.

Jeff Gorton, l’homme censé apporter rigueur et stratégie à la haute direction, semble avoir assisté à cette transaction comme on assiste à un vol en pleine rue : impuissant, bouche bée, incapable d’intervenir.

Ce qui frappe dans ce fiasco, c’est à quel point Montréal avait tout pour mieux faire.

T’as pas besoin d’être un génie pour voir que Logan Mailloux, même avec ses failles défensives, aurait eu un poids mille fois supérieur à Ryan Poehling dans la balance.

Même un Jake Evans, pourtant loin d’être une superstar, aurait offert plus de valeur.

Mais non. Le CH a regardé passer le train. Et maintenant, c’est Daniel Brière qui rit jaune… et Kent Hughes qui reste planté là, à ruminer ce qui aurait pu être.

Et c’est là tout le drame : le marché s’effondre sous les pieds de Hughes et Gorton.

Les autres DG, eux, bougent. Ils prennent des risques, ils arrachent des morceaux clés pour bâtir autour de leurs vedettes.

Montréal ? On continue de parler de patience. De ne pas sacrifier l’avenir. Mais pendant ce temps, l’avenir, il se bâtit ailleurs.

Et que dire des partisans ? Ceux qui espéraient, qui rêvaient, qui s’imaginaient déjà un Zegras alimentant Demidov sur un jeu à deux lignes, pendant que Caulfield se libère au cercle des mises en jeu.

Ceux qui voyaient enfin un centre #2 qui aurait donné du souffle à l’attaque. Ce matin, ces partisans-là se sentent trahis. Abandonnés. Parce qu’encore une fois, le CH passe à côté d’une occasion en or.

Et ce n’est pas faute d’avoir les munitions. Parce que soyons honnêtes : le 16e et 17e choix de ce repêchage ?

C’est du pareil au même après le top 12. Tout le monde le sait.

On parle de joueurs à haut risque, à développement incertain. Alors pourquoi ces choix dorment encore dans la poche de Kent Hughes ?

Pourquoi ne pas les avoir mis sur la table pour saisir Zegras pendant qu’il en était encore temps ?

La seule justification logique à ce silence radio de Kent Hughes et Jeff Gorton dans le derby Zegras, c’est probablement qu’ils ont compris le véritable état du marché.

Le prix pour Trevor Zegras était si ridiculement bas que d’offrir un Logan Mailloux aurait été une absurdité totale, une suroffre flagrante dans le contexte actuel.

Avec un marché où un Ryan Poehling , bottom six interchangeable au possible et un choix de deuxième ronde dans un repêchage jugé mince ont suffi à décrocher la mise, il aurait été insensé de gaspiller une pièce comme Mailloux.

Offrir un Logan Mailloux dans ces circonstances, c’est comme sortir un lingot d’or pour acheter une canette de soda.

Si Kent Hughes avait tenté d’accoter ce type d’offre, le comparable du côté du CH aurait été un joueur de profondeur de la Ligue américaine, un Lucas Condotta par exemple.

Et même là, ça démontre à quel point c’est l’offre médiocre de Daniel Brière qui a tranché, pas parce qu’elle était bonne, mais parce qu’Anaheim ne voulait plus s’éterniser dans ce dossier.

Et pendant que le téléphone de Daniel Brière surchauffait, celui de Kent Hughes, lui, devait servir de presse-papier. L’inertie.

Voilà le mot qui colle le mieux à la direction montréalaise dans ce dossier.

Les partisans de Montréal peuvent bien espérer un miracle, mais ce miracle ne viendra pas. Pas si on continue à jouer les observateurs pendant que les autres agissent.

Il faut aussi parler de la symbolique de ce ratage monumental.

Zegras, c’était plus qu’un joueur. C’était le pote de Caulfield, celui qu’on imaginait déjà dans la même ligne que Demidov, celui qui aurait ramené un peu de feu à une attaque trop prévisible.

Un gars qui aurait redonné du piquant, du spectaculaire, du hockey qui fait lever les foules. Et maintenant ? Maintenant, il sera à Philadelphie.

À guider Michkov. À donner des maux de tête au CH… chaque fois que les Flyers viendront en ville.

La question qui tue : qu’est-ce qu’on attend pour bouger ?

On a une banque d’espoirs intéressante. Mais on sait déjà qui on ne sacrifiera pas : Slafkovsky, Demidov, Reinbacher, Guhle, Hutson.

Pendant ce temps, Daniel Brière, lui, fait ce que Hughes aurait dû faire : il corrige le passé, il prend des risques, il donne un avenir à son équipe. Et il le fait avec des miettes.

Alors oui, ce matin, c’est bien un tremblement à Montréal. Mais pas celui qu’on espérait. C’est un tremblement de rage, d’incompréhension, d’échec. Un de plus.

Kent Hughes sous le choc ? On le serait à moins.

Misère...