Les détracteurs de Matvei Michkov continuent de s’agiter, affirmant que sa personnalité explosive prouve que Kent Hughes a eu raison de se tourner vers David Reinbacher lors du repêchage de 2023.
Reinbacher, défenseur docile et bienveillant (et fragile) incarne cette image de « gars d’équipe » que l’organisation du Canadien semble privilégier.
Pour certains, ce choix est un exemple d’intelligence et d'esprit collectif.
Pourtant, à y regarder de plus près, cette décision prouve une problématique au sein de la franchise : on semble vouloir des joueurs « gentils », capables de s’adapter sans faire de vagues, mais rarement de véritables gagnants.
L’attitude de Michkov fait beaucoup jaser. Le jeune Russe de 19 ans, sélectionné par les Flyers de Philadelphie, a rapidement fait parler de lui pour son tempérament fougueux et sa soif de victoire qui ne peut être jamais satisfaite.
Dernièrement, Elliotte Friedman a partagé une anecdote révélatrice sur le joueur dans son blogue. Selon le journaliste de Sportsnet, Michkov, furieux d’avoir perdu un match de ping-pong contre un coéquipier russe, aurait refusé de lui adresser la parole pendant près de vingt-quatre heures.
Une réaction qui peut paraître excessive, mais qui témoigne avant tout de sa mentalité de compétiteur pur et dur.
Cette fougue, bien qu’indomptable pour certains, s’est illustrée de façon spectaculaire lors de son retour dans la formation des Flyers après deux matchs sur la passerelle, imposés par l’intransigeant John Tortorella, qui a puni son attaquant parce que ce dernier a crié sur le banc. (sur un coéquipier ou sur son coach, l'histoire ne le dit pas).
Lundi soir, contre les Sharks de San Jose, Michkov a brillé, inscrivant un but, une mention d’aide, et marquant en tirs de barrage pour offrir la victoire aux siens. Un message clair : on ne le met pas au placard sans s’attendre à une réponse de feu.
Kent Hughes et la direction du Canadien, en évitant Michkov, ont préféré la prudence, optant pour un profil moins controversé.
Mais si le Canadien veut renouer avec son identité de gagnant, ne serait-il pas temps de prendre des risques et d’accueillir des joueurs avec du caractère, quitte à ce qu’ils bousculent un peu l’ordre établi ?
Cette décision ou plutôt, cette non-décision, a pris une tournure décisive, et le DG des Canadiens ne peut plus prétendre ignorer les leçons que lui inflige le fait d'avoir ignoré Michkov.
Hughes avait avancé que ses réticences envers Michkov tenaient à des raisons d’attitude et de style de jeu, mais cette justification perd de sa crédibilité face aux succès de Michkov malgré ses crises de colère.
Le véritable obstacle à la sélection de Michkov par le Canadien résidait dans la peur du contrat de Michkov en Russie.
Daniel Brière a balayé les doutes comme quoi Michkov n’aurait pas voulu jouer à Montréal, confirmant qu'il s'agissait d’une excuse de Hughes pour justifier son choix plus prudent de David Reinbacher, un joueur « sûr » mais au potentiel bien moins élevé.
Le CH continue de privilégier des profils « sans histoires » au détriment de joueurs de caractère, capables de faire la différence.
Brière a eu le courage d’assumer le risque Michkov, alors que Hughes s’est réfugié dans un choix conservateur.
La question qui reste en suspens est simple : combien de temps le Canadien de Montréal pourra-t-il continuer à ignorer les joueurs de tempérament, ceux qui ont cette rage de vaincre qui forge les grandes équipes?
On ne pourra jamais comprendre comment, avec Nick Bobrov, reconnu pour ses contacts en Russie, le Canadien a tourné le dos à un talent générationnel comme Michkov pour se contenter de David Reinbacher.
Aujourd'hui, Kent Hughes va nous dire qu'il ne voulait pas de joueur qui fait la baboune à cause d'une partie de ping-pong.
Au moins, il a une autre excuse bidon dans son sac.