Il n’aura suffi que d’une seule feinte. Une seule. Un éclair de génie pour que tout le monde comprenne, dans le vestiaire du Canadien, que le règne d’Ivan Demidov ne fait que commencer.
Et qu’il ne laisse personne intact sur son passage – pas même le supposé shérif du CH, Arber Xhekaj.
C’était censé être un entraînement optionnel, une routine d’avant-match, mais ce samedi matin à Torontol, tout a basculé en quelques secondes, le temps que Demidov transforme Xhekaj en véritable cône orange sur la glace.
Nifty move by Ivan Demidov at practice 😯@sdpnsports pic.twitter.com/S31iWHBgKx
— Jesse Blake (@JesseBlake) April 12, 2025
Une feinte, puis une accélération latérale. Le défenseur n’a vu que du feu. Complètement figé, battu de vitesse, Xhekaj a été ridiculisé comme un joueur de ligue de garage.
La séquence s’est répandue comme une traînée de poudre. Et dans la chambre, un murmure s’est installé : « Ce kid-là est pas normal. »
Arber Xhekaj, lui, n’a rien pu faire. Pourtant, il l’avait bien accueilli sur la glace. Il lui a même donné un calin au nouveau venu, histoire d’imposer sa présence sans hostilité.
Ivan Demidov skating for the first time in a Habs jersey is just a beautiful sight to behold ♥️
— /r/Habs (@HabsOnReddit) April 12, 2025
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Mauvaise idée. Car Ivan Demidov ne joue pas pour être gentil. Il joue pour dominer. Pour imposer sa loi. Et il l’a fait dès sa première apparition.
Il faut comprendre le contexte : Xhekaj, c’est le costaud du groupe, le gars qu’on appelle quand ça brasse. Le surnom de « Shérif » lui collait à la peau… jusqu’à ce jeudi matin.
Car face au talent brut, la force brute ne sert à rien. Et ce que Demidov a démontré, c’est que la finesse, l’intelligence du jeu, et cette étincelle de génie ne peuvent pas être muselées par des mises en échec.
Ce n’était pas seulement une feinte. C’était une déclaration. Une prise de territoire. Et Xhekaj s’est fait manger tout rond.
Les comparaisons avec Connor Bedard, Kirill Kaprizov ou même Kucherov n’ont jamais semblé aussi justifiées. Ce que Demidov a fait, il l’a fait sans effort apparent, avec une fluidité surnaturelle.
Joshua Roy, Emil Heineman étaient bouche bée. Même Martin St-Louis, qui avait pourtant gardé ses distances avec le phénomène russe, ne pouvait qu’admirer des gradins.
Même dans les exercices de passes, Demidov était en feu.
— Eric Engels (@EricEngels) April 12, 2025
Le contraste est brutal. Pendant que certains vétérans traînent la patte et se cherchent encore, Demidov est arrivé avec la certitude calme d’un joueur prêt à tout changer.
Xhekaj, lui, devra faire face à l’humiliation publique. Car ce moment ne passera pas inaperçu. Les caméras l’ont capté. Les coéquipiers l’ont vu. Et les réseaux sociaux s’en chargeront.
Il faut dire que Xhekaj ne traversait déjà pas ses meilleurs jours avec le CH. Relégué au rôle de septième défenseur, bousculé dans la hiérarchie, il vivait sous pression.
Mais voilà qu’en une fraction de seconde, Demidov vient de le pousser encore plus loin dans l’ombre. Et ce ne sera pas le dernier.
Demidov a fait ce que peu de recrues ont réussi à faire avant lui : faire taire un vestiaire. Non pas par arrogance, mais par éclat pur.
Par ce talent qui éclabousse. Il ne sera pas question ici de savoir si Demidov est prêt. Il l’est. Et il l’a prouvé aux dépens d’un coéquipier qui, lui, ne l’était pas.
La suite? Elle s’écrira dès lundi, au Centre Bell, contre Chicago. Mais pour ceux qui ont vu l’entraînement ce matin-là, une chose est certaine : Montréal vient de découvrir un prodige. Et Arber Xhekaj, lui, ne pourra jamais oublier la journée où le kid de Saint-Pétersbourg l’a transformé en mannequin de plastique.
Ce qui rend l’histoire encore plus humiliante pour Arber Xhekaj, c’est qu’il n’est même plus perçu comme un joueur en compétition pour une place dans l’alignement. Il est devenu un accessoire.
Un faire-valoir. Un simple pion dans le grand théâtre qui est en train de se construire autour d’Ivan Demidov. Ce qui était autrefois un surnom mythique – le « Shérif » – n’est plus qu’un concept ridiculisé. Un souvenir gênant qu’on ne prononce plus que du bout des lèvres, comme un surnom dépassé accroché à un joueur largué par le courant.
Et c’est là toute la tragédie. Car Xhekaj n’a pas été battu dans un match. Il a été effacé dans une mise en scène orchestrée par le destin. Un matin d’avril, un prodige est débarqué dans son équipe… et l’a balayé d’un revers de la lame.
Ce n’est pas juste une feinte. C’est une claque symbolique. L’équipe du futur se dessine sans lui. Demidov est le visage de l’espoir, de la lumière, de la modernité.
Xhekaj, lui, incarne le passé, la force brute inutile. Il n’est plus un élément stratégique. Il est devenu décoratif. Et rien n’est plus cruel dans une ligue qui mise tout sur la vitesse, la créativité et l’image.
Car oui, il faut aussi parler d’image. Et à cet égard, Xhekaj est aujourd’hui utilisé comme toile de fond pour rehausser la légende naissante de Demidov.
Il est le géant que le prince russe fait tomber. Il est le géant qui s’écroule pour magnifier l’ascension d’un génie. C’est une humiliation silencieuse, mais calculée.
Et dans cette équipe où les projecteurs sont braqués sur chaque geste, chaque symbole, chaque regard, la réalité est implacable : Arber Xhekaj est désormais celui qu’on choisit pour faire briller les autres.
Et le pire? Même s’il rentre dans l’alignement d’ici la fin de la saison, même s’il obtient une dernière chance, cela ne changera rien.
L’image de Demidov lui passant dans la figure avec la facilité d’un prodige restera gravée dans la mémoire collective. Ce moment deviendra l’icône d’une transition, le cliché d’un règne terminé.
Kent Hughes le sait. Martin St-Louis le sait. Et plus encore, Arber Xhekaj lui-même le sait.
Il n’est plus question ici de discipline, d’indiscipline, de marketing ou de ses fameux burgers de bas-étage. Il est question d’un joueur qui a perdu son statut au sein d’un groupe en pleine mutation. Il est question d’un homme qui, jadis, effrayait ses adversaires, et qui aujourd’hui est ridiculisé à l’interne pour faire place au futur roi.
Il est clair désormais que le destin d’Arber Xhekaj ne s’écrira pas à Montréal. Le joueur est devenu trop symbolique d’une ère que l’organisation veut effacer.
Trop ancré dans les controverses. Trop en opposition avec la vision de son entraîneur. Trop encombrant dans un système qui se tourne vers la finesse, la rapidité et le contrôle.
Le « Shérif » a été abattu froidement par l’arrivée d’un nouveau régime. Un régime qui n’a plus besoin de boxeurs, mais de créateurs. Un régime qui veut des Demidov, pas des Xhekaj.
Et ce n’est pas seulement le corps d’Arber Xhekaj qui a été figé par la feinte de Demidov. C’est tout son avenir à Montréal qui s’est figé...