C’est fait. Carey Price n’est plus un Canadien de Montréal.
Après trois ans d’une retraite déguisée, après des mois d’atermoiements, après des années à voir son contrat flotter comme un nuage noir au-dessus du Centre Bell, Kent Hughes a finalement appuyé sur le bouton rouge.
Direction San Jose. En retour : un jeune défenseur obscur, Gannon LaRoque, et un cinquième choix en 2026.
Sur papier, c’est mince, voire ridicule.
Mais dans la réalité, c’est peut-être la transaction la plus importante de l’ère Hughes.
Parce que ce n’est pas une question de talent.
Ce n’est pas une question de renfort immédiat. C’est une question de marge.
Et cette marge, le Canadien en avait désespérément besoin.
La libération comptable est énorme.
Non pas que le CH se retrouve soudainement avec 30 millions de disponibles, non.
Mais Hughes n’est plus coincé à jouer avec la LTIR, à jongler avec des bonus reportés et à saboter son futur pour survivre au présent.
L’espace dégagé, 4,5 millions de dollars à ce stade précis de l’été, c’est suffisant pour que le DG puisse enfin respirer.
Et pour une fois, respirer, ça veut dire attaquer.
Tout l’été, un seul nom revient : Mason McTavish.
Le gros centre des Ducks, encore sans contrat, est devenu la fixation des rumeurs.
On en parlait déjà en mai.
On en a reparlé en juin, pendant le repêchage.
En juillet, quand Kent Hughes faisait semblant d’être patient, les insiders savaient très bien qu’il attendait une chose : le dénouement du dossier Carey Price.
Et maintenant que Price est parti, la table est mise.
Les chiffres sont clairs. Avec un plafond fixé à 95,5 millions, le CH plafonne pour l’instant à 90,9 millions de masse salariale.
Restent donc 4,5 millions disponibles.
Pas assez pour signer McTavish à long terme, évidemment, mais assez pour manœuvrer.
Et Hughes sait qu’il a des leviers.
Et c’est là que l’histoire devient savoureuse. Parce qu’on ne parle pas d’un petit centre de dépannage.
On parle d’un joueur de 22 ans, choix de première ronde, troisième au total en 2021, qui a déjà montré qu’il pouvait dominer physiquement et contribuer offensivement.
Anaheim hésite. Le DG Pat Verbeek a refusé de sonner le « bat signal » pour dire qu’il prenait les appels.
Mais la pression monte. Les camps d’entraînement approchent. McTavish n’a pas signé.
Et Montréal, libéré du contrat Price, est officiellement dans la danse.
La comparaison avec l’été 2024 est frappante.
Souvenez-vous : on parlait d’un autre gros nom, Patrik Laine.
On répétait tout l’été que ça pouvait arriver, que Hughes avait l’œil là-dessus.
Et finalement, boum : Laine débarquait à Brossard, au terme d’un scénario parfaitement logique.
Ce n’était pas de la magie, c’était une question de timing salarial.
Ce qui rend le dossier encore plus croustillant, c’est que le départ de Price symbolise une nouvelle ère.
Pendant des années, Price a représenté à la fois le visage du Canadien et son boulet.
Le meilleur gardien du monde, puis le contrat impossible à sortir.
Le héros de 2014-2015, puis l’homme brisé par ses genoux.
Le fantôme d’une 25e coupe jamais gagnée.
Aujourd’hui, tout ça est terminé. Montréal passe officiellement à autre chose.
Et cette autre chose, c’est la construction autour de Suzuki, Caufield, Slafkovský, Dobson, Hutson, Demidov… et, si tout s’aligne, Mason McTavish.
Mais attention. On est à Montréal, et rien n’est jamais simple.
Le cap space actuel de 4,5 millions est suffisant pour amorcer des discussions, mais pas pour signer un contrat long terme à McTavish.
Pour ça, Hughes devra bouger une pièce supplémentaire.
Et c’est là qu’entre en scène Kirby Dach.
Oui, Kirby Dach. Celui qui devait devenir le fameux deuxième centre du Canadien.
Celui qui devait incarner le futur derrière Nick Suzuki.
Mais qui, après trois saisons marquées par les blessures, est encore aujourd’hui un point d’interrogation géant. Ses genoux, ses épaules, son physique fragile… tout ça a fait de lui un projet inachevé.
Un pari qui, à 3,3 millions par saison, commence à ressembler à un blocage.
Le problème, c’est que Dach n’a jamais réussi à prouver qu’il pouvait assumer le rôle qu’on lui avait promis.
Trop souvent à l’infirmerie, pas assez de matchs pour convaincre, et au final, une ligne de statistiques qui donne des maux de tête.
Hughes l’a répété : il ne veut pas payer trop cher pour aller chercher un centre.
Mais dans les coulisses, l’ironie est amère.
Dach devait être la solution. Aujourd’hui, il est peut-être la monnaie d’échange.
Et pour Anaheim, Dach peut avoir une certaine valeur. Un ancien troisième choix au total, encore jeune, avec du potentiel offensif s’il arrive enfin à enchaîner une saison complète.
Les Ducks pourraient voir en lui un « reclamation project » intéressant, surtout dans une équipe qui n’a rien à perdre et qui mise déjà sur la jeunesse.
Pour Montréal, ce serait dur à avaler : admettre que l’expérience Dach a échoué, et le sacrifier pour passer au plan suivant.
Mais après l’échange de Carey Price, ce serait aussi cohérent. Libérer son contrat, tourner la page, utiliser Dach pour attirer McTavish, et repartir sur une base claire.
Imaginez le scénario : Price quitte, Dach aussi, McTavish arrive.
Le fantôme du gardien qui n’a jamais pu ramener la coupe est enfin sorti du livre comptable. Le centre qui devait être la solution et qui ne l’a jamais été est échangé.
Et à la place, Montréal obtient un vrai deuxième centre, robuste, fiable, capable de compléter Suzuki et Caufield.
Pour les partisans, ce serait l’équivalent d’une purification. Pour Hughes, ce serait la confirmation qu’il n’a pas peur de trancher.
Si on additionne l’espace de 4,5 M$ déjà disponible et le 3,3 M$ du contrat de Kirby Dach qui pourrait être libéré via une transaction, ça donne environ 7,8 M$ de marge annuelle.
Avec ce montant, Kent Hughes peut déjà commencer à imaginer une offre sérieuse à Mason McTavish.
Un contrat dans cette fourchette pourrait ressembler à un pont de 7-8 M$ par saison, sur 8 ans.
Mais attention : comme toujours avec Hughes, rien n’est figé dans la glace.
Il aime garder une marge de sécurité, et il pourrait très bien attendre d’avoir libéré d’autres contrats (Anderson, voire Gallagher à moyen terme) avant de finaliser une grosse signature.
En résumé : Montréal a maintenant la capacité de lancer une vraie première offre à McTavish, mais Hughes va probablement temporiser pour maximiser chaque dollar.
Ce n’est pas parce qu’il a 7,8 M$ en main qu’il va tout de suite tout claquer.
Bien sûr, rien n’est acquis.
Anaheim peut toujours jouer dur, Dach peut encore avoir ses défenseurs dans l’organisation, et Hughes pourrait décider d’attendre.
Mais le timing est parfait.
Carey Price est sorti des livres. La marge existe. Dach, malgré toute sa bonne volonté, n’a jamais réussi à tenir la promesse. Et McTavish, lui, attend toujours un contrat.
Voilà le genre de tremblement que Montréal attend depuis trop longtemps.
Une vraie réorganisation du centre, une vraie affirmation de la nouvelle ère.
Et tout pourrait commencer par deux départs symboliques : Carey Price sur le plan comptable, et Kirby Dach sur le plan sportif.
À suivre ...