C’est une bombe judiciaire sans précédent dans l'histoire du Québec.
Une détonation qui a traversé le Québec comme une onde de choc. Juste avant les plaidoiries finales au procès de Gilbert Rozon, Pierre Karl Péladeau a fait ce que personne n’avait vu venir : il a démenti, sous serment, la version de son ex-femme Julie Snyder.
En une seule déclaration, l’homme d’affaires le plus polarisant du Québec vient d’ouvrir un nouveau chapitre d’une guerre déjà sanglante. Et ce chapitre, c’est celui de la vengeance.
Un coup de théâtre au tribunal qui donne des frissons dans le dos.
Le moment est glaçant. Dans une déclaration sous serment transmise à la cour, Pierre Karl Péladeau affirme n’avoir « aucun souvenir d’être allé à la résidence de Gilbert Rozon », contredisant directement le témoignage de Julie Snyder, qui avait relaté un souper où Rozon lui aurait mis la main sur la cuisse. PKP enfonce le clou : à son souvenir, Julie ne lui a jamais parlé d’un malaise avec Rozon, ni d’une quelconque agression.
C’est dur. Brutal. Public.
Ce n’est pas seulement une contradiction. C’est une trahison. Ils ont été mariés. Ils sont les parents de deux enfants. Et dans un procès aussi sensible, aussi médiatisé, où les femmes tentent de faire entendre leur voix, PKP choisit de contredire celle qui fut, jadis, la femme de sa vie.
La juge a tranché : certaines de ses affirmations relèvent des stéréotypes envers les victimes d’agression.
« Une “véritable” victime d’agression en parlerait immédiatement. »
Mais le fait de nier sa présence au fameux souper, elle, a été jugée recevable. Et c’est suffisant pour semer le doute. Pour faire mal. Pour créer un avant et un après.
Julie Snyder n’a pas réagi publiquement. Mais tout le Québec a compris : PKP vient de l’attaquer. Frontalement.
Une vengeance froide, calculée… et publique.
Pourquoi maintenant? Pourquoi briser le silence dans un procès qui ne le concerne pas directement?
Pour beaucoup d’observateurs, la réponse est simple : la vengeance.
Cette guerre n’a pas commencé hier.
Il faut se souvenir. Julie Snyder et Pierre Karl Péladeau ont vécu l’un des divorces les plus publics, les plus toxiques et les plus stratégiques de l’histoire du showbiz québécois.
En 2016, alors que leur séparation est en cours, Julie découvre qu’elle est suivie. Une filature. Des détectives privés. Des agents de Garda. Mandatés… par PKP lui-même. Il le niera d’abord publiquement. Mais en cour, il finira par l’admettre. La raison? Il voulait surveiller l’homme que Julie fréquentait.
Ce n’était pas seulement de la jalousie. C’était un message : « Je te vois. Tu m’échappes, mais je t’observe. »
En parallèle, Vidéotron, propriété de Québecor, dépose une poursuite de 45 000 $ contre Productions J, l’entreprise de Julie, pour une facture de téléphone cellulaire liée à leur fils.
Une facture démesurée, contractée pendant un voyage familial en Europe. Julie dira qu’elle n’a jamais vu passer la facture, qu’elle traversait une crise financière, que ses contrats avaient été coupés par Québecor dans la foulée du divorce. Mais PKP, lui, maintiendra la pression. Il poursuivra.
Et il ne s’arrêtera pas là.
Vidéotron ira jusqu’à s’auto-payer en utilisant 93 000 $ dus par Musique Sélect à Productions J. Une opération décrite par l’avocat de Julie comme de la justice privée. Péladeau et ses filiales se font justice à eux-mêmes. Ils veulent étouffer Productions J. Éteindre Julie.
Mais elle ne plie pas. Elle se bat. Elle rembourse tous ses créanciers. Elle rebâtit son empire. Et aujourd’hui, elle rayonne.
Ce que PKP n’a jamais digéré.
La guerre entre les deux n’a pas que détruit un couple. Elle a démantelé le rêve médiatique de Québecor.
En 2013, sous l’impulsion de PKP, TVA décide d’abandonner Occupation Double, joyau produit par Julie Snyder, pour se lancer dans la conquête des droits de la LNH. Un chèque entre 720 et 800 millions. Un pari fou.
TVA Sports est né de cette décision. Un pari personnel de Péladeau. Mais il a échoué. Spectaculairement.
Depuis sa création, TVA Sports accumule les pertes : plus de 300 millions. La chaîne est un gouffre. Elle survit grâce à des prêts d’urgence internes. La marge de crédit de Québecor est passée de 150 à 20 millions. Et la chaîne est désormais sur respirateur artificiel.
Et pendant que TVA se noie, qu’a fait Julie?
Elle a récupéré Occupation Double. Elle l’a relancé à Noovo. Elle l’a transformé en succès critique, populaire, financier.
En 2024, OD Tentations devient la production originale la plus regardée sur Crave. Puis elle annonce une version anglaise, tournée à Chypre, pour le marché canadien anglophone.
Elle écrase tout. Et le public le sait : cette victoire est aussi une revanche.
Mais le coup le plus cruel, le plus symbolique, est encore à venir.
Julie Snyder revient à Radio-Canada. Là où tout a commencé pour elle. Là où PKP voit un monstre : un diffuseur subventionné, injuste, destructeur du privé.
Et elle ne revient pas en silence. Elle débarque avec « Le gouffre lumineux », une série féministe grinçante. Produite par Productions J. Financée en partie avec l’argent public.
Le rêve de PKP, c’était d’anéantir Radio-Canada. Julie, elle, y prospère. Sur la plateforme TOU.TV Extra, qu’il a tant dénoncée. Elle reçoit les subventions qu’il méprise. Et elle les transforme en or.
Ironie? Non. Vengeance. Chirurgicale.
Il faut aussi parler du dernier rêve brisé : celui du retour des Nordiques.
Pendant des années, Québec a cru en Péladeau. Il était l’homme providentiel. Celui qui allait ramener le hockey dans la capitale. Celui qui allait restaurer la fierté.
Mais avec le temps, la vérité s’est imposée. Ce rêve, ce n’était pas le sien. C’était celui de Julie.
C’est elle qui y croyait. Elle qui a produit la série Montréal-Québec en 2010. Elle qui mobilisait les médias, les artistes, les politiciens. Elle qui portait le flambeau.
PKP n’a fait que suivre. Et une fois séparé, il a tout laissé tomber. Fini les projets. Fini l’engagement. Il a même confié à Gary Bettman qu’il n’était plus intéressé.
Et aujourd’hui? Il investit dans les Alouettes. Dans Freedom Mobile. Mais plus dans le hockey. Québec est orpheline.
Jeff Fillion l’a dit : « Les Nordiques, c’était la bébelle à Julie. »
Cette déclaration sous serment, dans le procès Rozon, est peut-être le chant du cygne d’un homme en chute libre. Une tentative désespérée de reprendre le contrôle d’un récit qu’il a perdu.
Car aujourd’hui, Julie Snyder incarne tout ce que PKP ne contrôle plus : la modernité, la créativité, l’indépendance, le succès.
Elle parle aux jeunes. Elle produit des formats à succès. Elle est partout : Noovo, Crave, Radio-Canada. Elle vend, elle rayonne, elle gagne.
Et lui?
Il s’accroche à un empire affaibli, dont les piliers s’effondrent les uns après les autres.
Il regarde TVA se vider de son contenu original. Il voit les droits de la LNH glisser vers Radio-Canada et RDS. Il sent son influence diminuer.
Et maintenant, il est réduit à contredire son ex-femme dans un procès sordide, pour tenter de briser, une dernière fois, son ascension.
Mais il est trop tard.
Julie Snyder n’est plus une animatrice. Elle est un symbole. Celui d’une femme qui a survécu à la trahison, au harcèlement, à la ruine… et qui a tout reconstruit.
Et chaque geste de PKP, désormais, ne fait que la renforcer.
C’est ainsi que certains l’appellent dans les couloirs des grands médias. « La démone ». Non pas par mépris. Mais parce qu’elle est implacable. Inarrêtable. Et qu’elle a choisi, maintenant, de ne plus se taire.
Julie Snyder incarne cette revanche parfaite. Elle a transformé chaque coup reçu en carburant. Chaque humiliation en tremplin. Et aujourd’hui, elle domine.
Son retour à Radio-Canada, sa présence sur Crave, ses productions chez Bell… tout cela n’est pas le fruit du hasard. C’est le fruit d’une guerre.
Une guerre qu’elle est en train de gagner.
Et la déclaration sous serment de PKP? C’est peut-être la dernière cartouche d’un empire en ruines.
Car ce que PKP ne semble pas comprendre, c’est que Julie n’est plus seule.
Elle est l’incarnation d’un Québec moderne, résilient, créatif, féministe, audacieux.
Et lui? Il est resté bloqué en 2013...