La Place Bell retient son souffle pour David Reinbacher

La Place Bell retient son souffle pour David Reinbacher

Par André Soueidan le 2025-05-04

David Reinbacher n’est peut-être pas encore devenu un nom qui claque aussi fort qu’un bâton sur la glace, mais il est lentement en train de gagner le respect qu’un cinquième choix au total devrait inspirer à Laval.

Pendant que certains continuent de ressasser l’éternel débat sur le repêchage de 2023, la réalité sur la glace prend le dessus : le grand défenseur autrichien ne fait pas de vagues… mais ne fait pas de gaffes non plus.

Et pour un jeune de 20 ans qui sort tout juste d’une réhabilitation au genou, c’est déjà une victoire.

Dans les deux premiers matchs contre les Monsters de Cleveland, Reinbacher a discrètement imposé sa présence comme un vétéran.

Pas d’éclats offensifs, pas de mise en échec virale, mais une tonne de décisions intelligentes, de dégagements propres et d’ajustements sans panique sous pression.

C’est le genre de défenseur qui, lorsqu’on oublie qu’il est sur la glace, est peut-être justement en train de bien faire son boulot.

Mais soyons honnêtes : à Montréal, on ne pardonne pas l’ordinaire quand on attendait l’exceptionnel.

La réalité, c’est que la Place Bell retient son souffle. Parce que même si Reinbacher commence à inspirer confiance chez Pascal Vincent, même si ses lectures de jeu sont de plus en plus aiguisées, on cherche encore un moment de confirmation.

Un gros jeu. Une présence dominante. Quelque chose pour faire dire aux partisans du CH : « ok, on tient notre prochain pilier à droite ».

Et ce moment, il pourrait venir dès aujourd’hui.

Ce ne sera plus suffisant de « faire les bonnes affaires » — il faudra commencer à influencer les matchs.

Et c’est exactement là où Pascal Vincent devra faire un choix important : continue-t-il de donner un rôle discret à Reinbacher ou le propulse-t-il dans une chaise où il devra en donner plus, notamment en avantage numérique?

Parce qu’on l’a vu l’utiliser sur la deuxième vague du power play, question d’explorer ce que le jeune peut offrir offensivement. C’est timide, mais ça mijote.

Il faut dire que Vincent ne tarit pas d’éloges à son sujet. « Il garde son calme même sous pression, il ne panique pas avec la rondelle, il veut apprendre et se faire coacher », a-t-il mentionné vendredi soir.

Et on le comprend. Reinbacher ne donne pas de maux de tête à son entraîneur. Il exécute le plan, il pose des questions, il progresse. Mais à un moment donné, la progression devra devenir production.

Ce qui retient encore la critique de s’emballer, c’est le manque d’étincelles. Reinbacher ne commet pas d’erreurs majeures, mais il ne crée pas non plus de séquences mémorables.

Et dans une ville qui attend un sauveur défensif depuis Andrei Markov, c’est un peu fade.

L’organisation semble décidée à lui donner du temps. Il n’y a plus de précipitation.

Personne ne parle de lui pour Montréal l’an prochain. Et ça, c’est probablement une bonne chose. Mais ça ne veut pas dire que les projecteurs ne sont pas braqués sur lui.

Bien au contraire. Chaque présence est disséquée, chaque relance est scrutée.

S’il réussit à amener Laval jusqu’au bout en séries, tout le discours pourrait basculer. Et ça commence aujourd’hui. Parce que la Place Bell ne claque pas encore des mains pour lui, mais elle retient son souffle.

Et c’est là tout le paradoxe David Reinbacher : il ne déçoit pas, mais il ne fait pas vibrer non plus.

Il coche les cases de ce qu’on attend d’un jeune défenseur dans un parcours d’apprentissage, mais à Montréal — et surtout chez les partisans du Rocket qui espèrent voir éclore une vedette — on ne veut pas cocher des cases, on veut frapper un coup de circuit.

Le CH a fait le pari de la patience avec lui. Un pari qui ne peut se gagner que sur la durée.

En attendant, chaque présence en séries devient un examen à ciel ouvert, chaque relance, une ligne de son bulletin de fin d’année.

Il n’aura pas besoin de marquer à tous les matchs, mais il devra, à un moment ou un autre, donner un aperçu de ce qu’il pourrait devenir à son plein potentiel.

Peut-être que le moment viendra où Reinbacher, sans crier gare, va sortir une montée spectaculaire, une relance chirurgicale, ou un repli défensif salvateur. Un jeu qui fera dire à tout le monde : « C’est pour ça qu’on l’a repêché. »

En attendant, la Place Bell le regarde. Et elle attend.

Misère