La porte de sortie pour Patrik Laine: Kent Hughes va utiliser son meilleur ami

La porte de sortie pour Patrik Laine: Kent Hughes va utiliser son meilleur ami

Par Marc-André Dubois le 2025-05-31

C’est un scénario que personne n’aurait osé inventer. Un récit si absurde, si cruel, qu’il ne pouvait venir que du monde impitoyable de la LNH : Patrik Laine, largué par Montréal, envoyé dans l’enfer qu’il croyait à jamais avoir fui… Winnipeg.

Et pas pour y retrouver son meilleur ami Nikolaj Ehlers, mais pour le remplacer. Oui, vous avez bien lu : pour remplacer son seul allié, celui qui l’a toujours compris, défendu, soutenu.

Arpon Basu l’a dit, sans détour, dans The Athletic :

« Patrik Laine a plus de chances d’aller remplacer Nikolaj Ehlers à Winnipeg que de jouer avec lui à Montréal. »

C’est une phrase cinglante. Une phrase lourde de sous-entendus. Car ce qu’elle confirme, c’est que de plus en plus de gens dans le monde médiatique croient que Laine a disputé son dernier match avec le Canadien de Montréal. Et que si Ehlers débarque chez le CH, ce ne sera pas pour rejoindre son frère d’armes. Ce sera pour marcher sur son fantôme... et le remplacer.

Lorsque Patrik Laine est arrivé à Montréal, il traînait derrière lui un passé chargé de blessures, de controverses, de déceptions. Il avait quitté Columbus dans la douleur, après avoir été interné pour raisons personnelles.

Le Canadien l’a accueilli à bras ouverts, croyant – à tort – pouvoir le relancer. Et pour un instant, un seul, l’illusion a tenu : une étincelle sur l’avantage numérique, quelques buts spectaculaires, une présence médiatique intrigante.

Mais très vite, les murmures ont repris. Les yeux levés au ciel quand il rentrait au banc. L’attitude passive. Le manque d’efforts défensifs. Les blessures, encore. Et surtout, un vestiaire de plus en plus agacé.

Car si Laine a ses partisans, il a aussi ses détracteurs. Le malaise est devenu tangible. On ne l’appelait plus par son nom. On évitait de parler de lui. À la fin, son nom était un tabou. Il était devenu, comme on dit dans les salles de réunion de la haute direction, un éléphant dans la chambre.

Aujourd’hui, le Canadien est en voie d’entrer dans une ère nouvelle. Ivan Demidov est prêt à voler la vedette. Juraj Slafkovsky a décroché son contrat de 7,6 millions. Et l’organisation songe à offrir les clés du centre du deuxième trio à un nouveau venu.

Le rôle de Laine ? Il n’y en a plus.

Et voilà pourquoi le nom de Patrik Laine circule intensément dans les coulisses. Montréal veut s’en débarrasser. Le racheter ? Trop coûteux. Garder 50 % de son salaire ? Peut-être. Mais une chose est certaine : il ne sera pas là l’an prochain.

Et pendant que le CH cherche un moyen d’expulser Laine sans scandaliser ses partisans, les médias, eux, jouent aux devins. Et voilà que surgit Winnipeg.

Winnipeg. La ville où tout a commencé… et où tout s’est brisé. Là où Laine a été maltraité par Mark Scheifele. Là où le vestiaire en entier (à part Ehlers) lui a tourné le dos. Là où il s’est senti trahi, isolé, exclu. La dernière fois qu’il a mis les pieds dans le vestiaire des Jets, il s’est fait traiter comme un problème. On l’a envoyé à Columbus comme on envoie un colis suspect. Et maintenant, on lui demanderait de revenir ?

Pas pour se racheter.

Pas pour faire la paix.

Mais pour remplacer son meilleur ami.

Nikolaj Ehlers, son frère. Celui qui l’a aidé à traverser ses années noires. Celui avec qui il rêvait de rejouer. Celui qui, selon plusieurs sources, pourrait signer à Montréal cet été. Une signature qui, paradoxalement, signerait le départ de Laine.

Imaginez le scénario. Laine, exilé à Winnipeg. Ehlers, en vedette à Montréal. Les deux qui prennent le chemin contraire, sans jamais avoir pu jouer ensemble. Sans avoir eu une seule seconde de complicité sur la glace, alors que leur lien personnel aurait pu être une source d’inspiration.

Pire encore : Laine n’aurait pas le choix. Sa clause de non-échange ? Théoriquement, il pourrait refuser. Mais soyons honnêtes. À ce stade, Montréal veut le sortir. Il est persona non grata. Il ne sera plus sur la première unité d'avantage numérique. Il ne sera plus dans le top 6. Et il le sait.

Alors quand Kent Hughes l’appellera pour lui dire que Winnipeg est intéressé, que le CH est prêt à retenir 50 % de son salaire pour qu’il devienne un power-play specialist chez les Jets, Laine saura que c’est fini.

Dire non, ce serait rester dans une ville qui ne veut plus de lui.

Dire oui, ce serait retourner dans l’enfer.

Le cauchemar total.

Ce serait tellement triste pour lui. Le coup de grâce. Revenir dans une ville où il n’a jamais été compris, jamais aimé. Remplacer son ami, et porter à nouveau le même chandail qu’on lui a arraché.

Les médias de Winnipeg ne se gêneraient pas. On parlerait de rédemption, de retour du fils prodigue. On ferait jouer des clips de ses buts de 2017. On oublierait commodément qu’il est revenu parce qu’Ehlers est parti. Et Laine, lui, devrait sourire. Faire semblant. Prétendre que tout va bien.

Mais au fond, il serait seul. Comme toujours.

Voilà ce qu’est devenue la carrière de Patrik Laine : une mécanique froide, implacable, où les sentiments n’ont plus leur place.

Il voulait une chose, une seule : jouer avec son ami. Revivre ce qu’ils ont connu dans les équipes nationales. Retrouver un peu de chaleur humaine dans un monde de glace.

Et voilà que ce rêve est broyé par l’économie du hockey moderne.

Nikolaj Ehlers, libre comme l’air, pourrait signer à Montréal sans même jeter un coup d’œil derrière. Et Laine, toujours pris avec son contrat de 8,7 millions, serait balancé à Winnipeg comme une pièce de rechange. Pour équilibrer les masses salariales. Pour cocher une case sur une feuille Excel.

Il n’y a pas de fin heureuse dans cette histoire. Il n’y a que du silence. Du silence et des regrets.