Samuel Montembeault est devenu une patate chaude que le Canadien tente désespérément de refiler
Il y a des décisions qui sentent la panique, et d’autres qui portent la marque d’une organisation qui recule parce qu’elle voit venir le désastre.
Le cas Samuel Montembeault, cette semaine, a réuni les deux.
Au départ, tout semblait clair : deux matchs de conditionnement à Laval, puis un vol direct vers Pittsburgh pour reprendre sa place dans le trio des gardiens.
L’information venait de Martin St-Louis lui-même, ce qui, à Montréal, équivaut à un décret. On imaginait déjà les paragraphes rassurants, la photo du retour, le discours des « bonnes sensations » après le passage en bas.
Mais le CH a changé de cap. Radicalement. Silencieusement. Parce que la réalité venait de les rattraper.
Montembeault n’ira pas à Pittsburgh.
Montembeault n’est pas prêt.
Montembeault est devenu un dossier que plus personne ne sait comment tenir sans se brûler.
Renaud Lavoie l’a confirmé : retour à Brossard, deux entraînements, supervision de Marco Marciano (coach des gardiens à Laval), pause prolongée pour soigner sa santé mentale, et un vague « il rejoindra l’équipe pour le voyage en Floride » lancé comme une bouée dans une mer agitée.
La vérité est plus sombre : Montréal ne sait plus quoi faire de lui.
Le Canadien tente activement de l’échanger, mais le marché lui renvoie un silence brutal
Depuis trois jours, l’organisation multiplie les appels.
Le Mammoth de l'Utah a écouté, sans plus.
Edmonton aurait pu être une option, mais les Oilers se sont déjà exposés avec l’acquisition de Tristan Jarry, aujourd’hui sur la LTIR. Et même si leur nouveau gardien est blessé, les Oilers ne veulent rien savoir du Québécois.
Quelques équipes ont demandé des précisions sur son état, mais personne n’a proposé quoi que ce soit.
La conclusion fait mal au coeur:
Samuel Montembeault, aujourd’hui, n’a pas de valeur.
Pas parce qu’il est un mauvais gars, pas parce qu’il n’a pas déjà connu ses beaux moments, mais parce que tout ce qui entoure son nom depuis un mois évoque davantage une opération de sauvetage qu’une acquisition stratégique.
Et dans une ligue qui repère la faiblesse avant même qu’elle n’apparaisse, Montréal se retrouve face à un scénario infernal :
Impossible de le ramener dans la rotation sans provoquer un soulèvement populaire tellement le Québec est en amour avec le tandem Fowler-Dobes.
Impossible de le renvoyer à Laval sans le soumettre au ballottage.
Impossible de le soumettre au ballottage sans risquer une humiliation publique.
Impossible de le transiger sans accepter un contrat indésirable en retour.
C’est le pire endroit où un DG peut se retrouver : celui où chaque porte mène à un mur.
Le problème n’est plus mental. Il est physique. Et tout le monde le voit.
À Laval, le message interne, relayé discrètement en coulisses, commence à s’étendre :
Montembeault est en méforme physique. Vraiment.
Pas juste un manque de rythme.
Pas juste une question de « timing ».
Non : une condition physique insuffisante pour un gardien de la LNH.
Les entraîneurs du Rocket, qui n’ont aucune raison de maquiller la vérité, l’ont senti immédiatement :
Déplacements lourds, explosion réduite, coordination ralentie, fatigue visible, et une incapacité préoccupante à répéter les séquences.
Comme si le corps n’avait pas suivi.
Comme si l’été de mariage, de célébrations, de voyages et de « je reprendrai la forme plus tard » avait laissé des traces que la saison n’a fait qu’amplifier.
De quoi donner mal au coeur aux dirigeants du CH qui l'ont protégé médiatiquement depuis le début de la saison.
Personne ne le dira publiquement.
Mais tout le monde, en interne, en est conscient.
Quand un gardien de 29 ans, considéré il y a six mois comme le pilier du filet montréalais, se voit aujourd’hui reprocher, même à l’interne, de ne pas passer assez de temps au gym…
Le diagnostic n'est plus seulement lié au hockey.
C’est une question de professionnalisme.
Le ballottage n’est plus une menace. Il devient une option.
On en parlait comme un scénario catastrophe.
Aujourd’hui, c’est une solution.
Montembeault a été envoyé à Laval pour « conditionnement ».
Ce statut lui permet d’y rester deux semaines actives, mais les jours fériés, les pauses de calendrier, ne comptent pas.
En d’autres termes :
Montréal peut légalement le laisser là plus longtemps qu’on ne croit.
Et s’il n’est pas activé après Noël?
Si le CH juge qu’il n’est pas prêt?
Si la rotation Fowler-Dobeš reste stable?
Alors le ballottage redeviendra un levier, pas un choix par défaut, mais un plan pour éviter de faire imploser un vestiaire qui fonctionne enfin.
Et honnêtement, dans son état actuel, le risque que Montembeault soit réclamé n’est plus aussi élevé qu’il l’était il y a un mois.
Et pour vrai, pour nous, ce serait le meilleur scénario pour tout le monde.
Le gardien québécois qui craignait tant d’être volé… pourrait aujourd’hui passer à travers le ballottage comme Jarry l’a fait l’an dernier.
La catastrophe de relations publiques que Montréal essaie d’éteindre est devenue ridicule.
On le sent depuis deux semaines :
Montembeault est devenu un symbole du malaise organisationnel.
La rétrogradation spectacle à Laval, les photos de McDonald’s qui tournent en boucle alors qu’il est au plus bas, son absence de confiance flagrante, et maintenant, cette marche arrière du CH, qui admet implicitement: le dossier est hors de contrôle.
Au Centre Bell, samedi soir, entre les cris « Fowler! Fowler! » et les ovations qui ont fait frissonner même les vétérans, il s’est passé quelque chose que l’organisation ne peut plus ignorer :
Montréal a tourné la page.
Montréal veut un nouveau chapitre.
Et Montembeault, malgré toute sa bonne volonté, n’en fait plus partie.
