La vie de Martin St-Louis est chamboulée: la bombe médiatique de Patrick Lagacé

La vie de Martin St-Louis est chamboulée: la bombe médiatique de Patrick Lagacé

Par David Garel le 2025-03-23

Il y a des moments, dans la vie d’un entraîneur, qui marquent un tournant où l'on ne peut plus regarder en arrière.

Pour Martin St-Louis, ce moment ne s’est pas déroulé sur le banc du CH, mais dans le studio du 98,5 FM. Ce jour-là, alors que Patrick Lagacé et Yanick Bouchard recevaient Kent Hughes en entrevue, une simple question a provoqué une onde de choc qui continue de résonner jusqu’à aujourd’hui.

« Qu’est-ce que Martin St-Louis doit améliorer en tant que coach ? », a lancé Lagacé pour créer la polémique.

La réponse du directeur général du Canadien est tombée comme une claque au visage de St-Louis :

« Il doit apprendre à déléguer. Il ne peut pas tout faire seul. »

Silence. Malaise. Trahison.

Une réponse, mille conséquences.

En surface, cette déclaration semblait anodine. Après tout, la gestion d’une équipe exige souvent une collaboration étroite entre l’entraîneur et ses adjoints.

Mais dans les coulisses du Canadien, cette sortie publique a été perçue comme une critique frontale de la méthode St-Louis. Pour plusieurs, c’était la première fois que Hughes montrait publiquement des signes d’impatience envers son entraîneur.

Car depuis le départ d’Alex Burrows, Martin St-Louis a volontairement repris le contrôle de l’avantage numérique. Il n’a jamais caché son désir d’assumer lui-même les responsabilités clés du banc.

Défensivement ? Il s’en remet à Stéphane Robidas, un coach inexpérimenté, soigneusement choisi pour ne pas faire d’ombre. Offensivement ? Il impose sa vision, sa philosophie, sa méthode.

Un système hybride défensif embrouillé. Une attaque statique en avantage numérique. Des jeunes surutilisés, d'autres laissés à Laval. Et au centre de tout cela, un entraîneur principal qui contrôle tout… et qui refuse de déléguer.

Ce jour-là, Martin St-Louis a marché sur son orgueil. Pour le meilleur… et pour le pire.

Piqué au vif par les propos de son patron, St-Louis a dû ravaler sa fierté. En coulisses, on raconte qu’il a vécu cette déclaration comme une trahison.

Mais au lieu de se révolter, il a choisi de montrer qu’il pouvait changer. Il a ajusté son attitude, tempéré son approche, et commencé à écouter — un peu — ses adjoints.

Paradoxalement, c’est à partir de ce moment que l’équipe a montré de vrais signes de progression. Meilleur équilibre des trios, un "power play" enfin plus mobile, et un système défensif légèrement simplifié.

Comme si, après avoir encaissé le coup, St-Louis avait compris que son salut passait par l’écoute et la collaboration.

Mais cette remise en question a aussi laissé des traces. Désormais, l’image de St-Louis en coach infaillible s’est fissurée.

Le public québécois ne le voit plus comme un génie visionnaire, mais comme un homme têtu, vulnérable, parfois même dépassé.

On ne soulignera jamais assez à quel point cette entrevue avec Lagacé a tout déclenché.

Kent Hughes n’a pas simplement pointé une faiblesse de son coach. Il a brisé le tabou de l’autorité absolue de Martin St-Louis derrière le banc.

Et il a ouvert la porte à une question essentielle : St-Louis est-il l’homme de la situation, ou un ancien joueur devenu entraîneur trop vite, trop seul ?

Car il faut rappeler que Martin St-Louis n’a jamais été adjoint, jamais coach dans les rangs juniors ou professionnels avant de faire le saut avec le CH.

Il est passé du hockey mineur à la LNH en un claquement de doigts. Et ce manque de parcours structuré finit aujourd’hui par lui coller à la peau.

Aujourd’hui, les partisans sont divisés. D’un côté, le CH est en voie de se qualifier pour les séries. St-Louis a su maintenir le cap malgré les blessures à Dach et Guhle, malgré un effectif jeune et parfois mal équilibré.

De l’autre, ses lacunes en gestion et son entêtement continuent de susciter l’inquiétude.

Kent Hughes, dans une autre entrevue livrée récemment à Frank Seravalli, a tenté d’adoucir sa position :

« Il comprend mieux maintenant son rôle. Il délègue davantage. Il doit répartir son temps pour son groupe de la manière la plus efficiente possible. »

Dans l'entrevue de Lagacé, le mal était fait. La confiance a été ébranlée. Le doute s’est installé.

Et même si certains commençaient à murmurer la fin du règne de Martin St-Louis approcher. Car à Montréal, la patience est rare… et la mémoire longue.

Mais St-Louis est passé de héros à zéro.

Ce jour-là, dans un studio de radio, Martin St-Louis n’était pas présent. Mais il a tout de même été mis à nu. Son ego, son orgueil, ses méthodes. Et s’il ne changeait pas profondément son approche, cette entrevue risquait de devenir le point de départ… de sa chute.

La question n’est plus seulement de savoir s’il peut amener cette équipe en séries. La vraie question est : Martin St-Louis peut-il apprendre à ne pas être le seul génie dans la pièce ?

Parce qu’aujourd’hui, c’est clair : s’il continuaut à vouloir tout contrôler, il aurait fini par tout perdre.

Il a appris...à travailler en équipe...

Car Si cette fameuse entrevue avec Patrick Lagacé au 98,5 FM a soulevé un malaise en direct, elle a aussi été le point de rupture d’une ère chez le Canadien.

Elle a piqué Martin St-Louis au vif. Depuis, une transformation s’est amorcée. 

Hughes a fait peur à St-Louis...avec l'aide de Lagacé...

« Je pense que ce qu’il a appris davantage, c’est que comme joueur, on gère notre propre carrière. Mais quand on devient entraîneur, on gère divers types d’individus. Lorsque vous vous occupez uniquement de vous-même, vous êtes en contrôle de tout.

Quand vous êtes un instructeur, vous ne pouvez tout maîtriser dans une organisation de hockey avec 23 gars à superviser quotidiennement. »

Le DG du CH est droit au but.

C’était, en quelque sorte, une manière de légitimer le malaise créé par sa déclaration initiale. Le message ? Martin St-Louis a changé. Il a évolué. Il délègue enfin.

Hughes l’a dit clairement :

« C’est là qu’il a progressé beaucoup : il accepte de l'aide au lieu de faire tout seul et, comme c’est le cas pour moi, il comprend son rôle et se concentre sur le hockey. Il doit répartir son temps pour son groupe de la manière la plus efficiente possible. »

Des mots pesés. Des mots réparateurs. Mais aussi une tentative subtile de repositionner St-Louis dans une trajectoire d'un coach qui a encore beaucoup à apprendreé.

Un homme en transition, un entraîneur qui apprend... sur le tas. Un ancien joueur étoile qui devient, match après match, un vrai coach d’élite.

Et pourtant, il faut bien lire entre les lignes. Car tout cela confirme que, oui, l’interne a bel et bien été ébranlé quand Hughes a lancé un signal dans le studio de Lagacé. Pas une attaque directe, mais une flèche directe à l’égo du coach.

Or, la réponse de St-Louis, c’est cette saison du CH qui, contre toute attente, le place en position pour une place en séries.

Le Canadien est là. Résilient. Engagé. Et mené par un entraîneur que personne ne croyait capable de durer.

Mais il faudra se souvenir de ceci : sans la gifle publique de Kent Hughes au 98,5 FM, St-Louis aurait-il accepté de changer ? Aurait-il fini par déléguer ? Aurait-il compris qu’il ne pouvait pas être l’unique cerveau du banc ?

C’est peut-être ça, le vrai génie du DG : avoir su piquer son coach au bon moment. L’avoir fait trébucher pour mieux le pousser à se relever.

Si le Canadien fait les séries, on ne devra pas seulement applaudir le parcours de St-Louis. Il faudra aussi reconnaître que cette saison, c’est Kent Hughes qui a su manipuler l’orgueil de son entraîneur… et que cette manipulation a peut-être tout changé.