La voix tremblotante, les larmes aux yeux: Arber Xhekaj s'effondre en émotions

La voix tremblotante, les larmes aux yeux: Arber Xhekaj s'effondre en émotions

Par David Garel le 2024-08-22

Arber Xhekaj, connu pour sa robustesse et ses talentx de boxeur, a révélé une autre facette de lui cet été : celle du joueur studieux, prêt à corriger ses lacunes pour plaire à Martin St-Louis.

Jusqu'à présent, Xhekaj s'était surtout démarqué dans la LNH grâce à ses dons naturels : des mains imposantes, une force redoutable et un gabarit effrayant.

Mai cet été, il a décidé de prendre les choses en main d'une manière différente, en se concentrant sur l'étude et l'analyse du jeu.

« J’ai analysé beaucoup de vidéos, » a révélé Xhekaj lors d’une entrevue à la brasserie sportive La Chambre à Blainville, où il participait à un événement promotionnel en compagnie de Chris Nilan.

« Je me suis inspiré des meilleurs défenseurs pour en apprendre plus sur l’aspect défensif du hockey. »

Xhekaj, surnommé le "Shérif" par ses coéquipiers et les fans pour son style de jeu physique, a passé l'été à travailler avec Adam Nicholas, le directeur du développement du Canadien.

Ensemble, ils ont exploré les subtilités du jeu défensif, des angles de poursuite au positionnement du bâton, afin de renforcer la couverture défensive de Xhekaj.

"Il y avait beaucoup de trucs sur le positionnement du bâton, le positionnement du corps," a-t-il expliqué, démontrant son engagement à devenir un défenseur plus complet.

L'an dernier, Xhekaj avait été critiqué pour certaines lacunes défensives, notamment lorsqu'il a été rétrogradé à Laval pour quelques matchs.

Parfois, il avait l'air dépassé sur la patinoire, lui qui finissait toujours par prendre des pénalités stupides car il était pris hors-position.

Mais cette année, il est déterminé à prouver qu'il peut sortir de la niche de son coach.

"Je commençais à prendre mon erre d’aller à ce chapitre à la fin de la dernière saison," a-t-il rappelé.

"Mais, oui, j’ai mis l’accent là-dessus. Avant toute chose, je veux être un solide défenseur. Je commencerai à contribuer à l’attaque une fois que ce sera fait."

Mais Xhekaj ne s'est pas arrêté à sa propre progression. Il a également passé l'été à s'entraîner avec son frère Florian, un moment précieux pour les deux frères qui n'avaient pas partagé la glace depuis longtemps.

"Ça faisait un bail que je n’avais pu partager la glace avec lui," a confié Arber.

"J’en suis ressorti surpris : 'Wow, ça, c’est un joueur de hockey!' Il est fort, il est rapide. Son tir des poignets est incroyable."

Florian Xhekaj, repêché par le Canadien en 2023, a déjà déclaré qu'il se sentait prêt à jouer avec l'équipe dès la saison 2024-2025.

Arber ne doute pas des capacités de son frère :

"Mon petit frère veut suivre mes pas," a-t-il expliqué.

"Toute sa vie, il s’est dit: 'Si Arber peut le faire, pourquoi pas moi?'"

Le lien entre les frères Xhekaj est indéniable, et leur complicité s'est manifestée récemment lorsqu'ils ont surpris leur père avec une voiture de luxe, une Mercedes-Benz AMG C63S.

Pour Arber, ce moment était particulièrement émouvant.

"Toute sa vie, notre père n’a pas pu conduire une belle voiture. Il conduisait des véhicules à haut kilométrage pour épargner des sous et permettre à mon frère et moi de jouer au hockey."

"Ma mère pleurait. De pouvoir lui rendre la pareille, c’était spécial..." s’est confié l’aîné des Xhekaj, la voix tremblante d’émotion, les larmes aux yeux.

Arber Xhekaj est profondément ému par la surprise qu'il a pu offrir à son père, et cette émotion va bien au-delà du simple geste matériel.

Pour lui, cette Mercedes-Benz AMG C63S représente bien plus qu'une voiture de luxe ; elle symbolise un hommage aux sacrifices infinis que ses parents ont faits pour offrir à leurs enfants un avenir meilleur.

Les parents d'Arber ont tous deux traversé des épreuves incroyablement difficiles en immigrantdans un nouveau pays.

Sa mère, originaire de Tchécoslovaquie, a quitté son pays natal après la chute du régime communiste, cherchant à reconstruire sa vie au Canada.

Son père, un réfugié albanais, a fui les Balkans dans les années 1990, un moment où la région était plongée dans l'instabilité et la violence.

Arrivant en Ontario sans parler un mot d'anglais, le père d'Arber a dû surmonter des obstacles majeurs pour s'intégrer dans un pays qui lui était étranger.

Ils ont été confrontés à des regards méfiants, à des remarques discriminatoires, et ont dû se battre chaque jour pour se faire une place dans leur nouvelle société.

Arber Xhekaj a grandi en entendant ces histoires, et il les porte en lui comme un rappel constant des défis que ses parents ont surmontés.

"Je porte en moi l’héritage de ce que mes parents ont amorcé," explique-t-il à La Presse.

"Je leur dois le monde. Ils ont sacrifié des années pour nous. Tout ce que je fais, c’est pour eux. Car sans eux, rien de cela n’aurait été possible."

Cette reconnaissance envers ses parents, combinée à l’opportunité de leur rendre un peu de ce qu’ils lui ont donné, a fait de ce moment un des plus émouvants de la vie d’Arber.

Il se souvient des voitures usées et à haut kilométrage que son père conduisait pour économiser de l'argent, afin de permettre à Arber et à son frère Florian de poursuivre leur passion pour le hockey.

Cette voiture n'est pas seulement un cadeau ; c'est la reconnaissance de tout ce que son père a sacrifié pour lui.

Cette émotion est également renforcée par la compréhension qu'Arber a des défis auxquels ses parents ont été confrontés en tant qu'immigrants.

Bien qu'il n'ait jamais personnellement ressenti de discrimination en raison de ses origines, il sait que ses parents ont dû surmonter de nombreux obstacles pour réussir dans un pays où ils étaient perçus comme des étrangers.

C'est pourquoi il s'investit tant dans des causes qui soutiennent les familles immigrantes, comme Vision Inter-Cultures, et qu'il rêve de lancer sa propre fondation pour aider les enfants moins privilégiés à accéder au sport.

Arber Xhekaj ne se contente pas de réussir sur la glace ; il s'efforce également de rendre hommage à ses racines et de donner en retour à ceux qui, comme ses parents, se battent pour une vie meilleure.

Ce geste envers son père, aussi symbolique qu'il soit, est l'expression la plus pure de sa gratitude et de son désir de continuer à porter l'héritage familial, en contribuant à sa manière à construire un avenir plus juste et plus inclusif pour les générations à venir.

Cette année, Arber Xhekaj ne versera peut-être pas de larmes pour Martin St-Louis, mais il aura certainement le cœur rempli de fierté pour tout le travail accompli et pour sa famille, qui reste au centre de ses motivations.

Espérons seulement que St-Louis ne le renvoie pas dans sa niche à la première occasion.