Tout s’effondre pour Lane Hutson: la chute d’un prodige

Tout s’effondre pour Lane Hutson: la chute d’un prodige

Par David Garel le 2025-11-15

Personne n’avait vu venir une telle débâcle. Pas à ce point. Pas aussi vite.

Lane Hutson, ce joyau que Kent Hughes avait volé du repêchage comme un prodige, traverse aujourd’hui la pire séquence de sa jeune carrière, et ce, sous les projecteurs les plus cruels que la LNH puisse offrir.

-7 en deux matchs avant cette défaite de 3-2 contre les Bruins de Boston. Une passe en cinq sorties. Un différentiel de -8 en moins de dix jours.

Et ce soir, même s'il ne termine pas dans le négatif, il a perdu sa place... sur le premier avantage numérique au profit de Noah Dobson.

Il suffit de revoir les séquences pour comprendre que Lane Hutson a vécu un véritable cauchemar face aux Bruins. Dans ce match crucial, où l’intensité et la robustesse étaient à leur comble, le jeune défenseur du Canadien a été exposé comme jamais.

Incapable de gérer la pression physique, il s’est fait dominer en un contre un, a raté des relances faciles, a commis deux revirements majeurs et surtout, il a été retiré de la première unité d’avantage numérique au profit de Noah Dobson en troisième période.

Un changement qui en dit long sur la confiance,ou plutôt le manque de confiance, qu’avait Martin St-Louis à son égard en fin de match.

Ce n’est pas tout : le Canadien a bénéficié de sept avantages numériques dans cette rencontre… sans réussir à marquer le moindre but. Zéro en sept.

Et au cœur de cet échec collectif, c’est Hutson qui attirait les critiques. À chaque séquence, le même problème : hésitations, passes molles, tirs mous bloqus.

Il avait littéralement peur de décocher. La foule du Centre Bell, pourtant derrière lui depuis son arrivée, a fini par craquer.

À haute voix, des milliers de partisans ont hurlé “Shoot ! Shoot !”, alors que Hutson était gelé. Un moment brutal, humiliant, qui expose toute la fragilité mentale du joueur en ce moment.

La statistique qui tue? En 7:20 passées en avantage numérique, Lane Hutson avait la peur au ventre de tirer. Et quand il tirait, on aurait dit la force d'un pee-wee.

Il semblait paralysé. Sa posture, son langage corporel, tout transpirait la peur. Ce n’est pas une mauvaise séquence. C’est une mise à nu.

Et pendant ce temps, Dobson, son coéquipier sur le jeu de puissance, a pris le relais. Dès qu’il a remplacé Hutson, on a senti la commotion dans le Centre Bell.

Même s’il n’a pas voulu l’admettre en point de presse, ce changement tactique visait à sauver un match… et éviter une controverse plus large. Trop tard. Sur les réseaux sociaux, les messages s’accumulent :

“Hutson pas prêt pour les séries”.

“Kent Hughes s’est fait avoir”.

“Trop petit, trop soft”.

« C’est un joueur de saison morte », a écrit un partisan sur X. «

Dès que ça devient physique, il disparaît comme un fantôme. »

« On a payé pour de la magie, mais on reçoit un magicien sans ses tours. »

Le ton est dur, sans pitié. Et au-delà des excès, un sentiment d’inquiétude s’installe dans le camp montréalais : Kent Hughes s’est-il trompé?

Ce contrat à 8,85 M$ par année qui faisait l’unanimité il y a deux semaines est maintenant scruté sous un autre angle. Certains se demandent si c’est vraiment Lane Hutson qui s’est fait avoir… ou si c’est plutôt le DG du CH qui a été trop vite, trop fort.

Et si Hutson n’était pas ce que plusieurs imaginaient?

Il faut rappeler que l’entente signée par Hutson n’est pas née d’une négociation fluide. En coulisses, les rumeurs ont longtemps circulé : le père de Hutson était extrêmement exigeant, réclamant un pactole autour des 11 ou 12 M$ par saison.

Une posture qui a compliqué les échanges entre le clan Hutson et le CH, surtout dans un vestiaire où tout le monde, de Caufield à Suzuki, de Slafkovsky à Dobson, avait accepté un rabais. 

C’est Lane Hutson lui-même, sous pression, qui aurait insisté pour accepter moins d’argent, afin de ne pas briser la culture et d’éviter de devenir une cible à l’interne.

Une décision noble, diront certains, mais aujourd’hui, ce geste est interprété comme une fragilité : celle d’un joueur qui n’a pas encore assez prouvé pour s’imposer comme le prochain pilier du club.

Et puis il y a le jeu. Parce que malgré toute la narration autour de son talent offensif, les lacunes défensives de Hutson sont aujourd’hui impossibles à ignorer. 

Il se fait battre dans les coins, il se fait aspirer sur les replis, il se fait manipuler à l’intérieur de sa zone. ll est, de loin, le pire joueur de tout le match en statistique avancée défensive. 

Même Martin St-Louis, d’ordinaire très protecteur, a laissé entendre qu’« il faut que Lane retrouve ses repères rapidement. » Un commentaire sobre, mais lourd de sens. Car oui, le coach commence à perdre patience.

Tout cela survient après une saison exceptionnelle où Hutson a remporté le trophée Calder, galvanisé le Centre Bell et attiré des comparaisons osées avec Makar lui-même.

Mais la LNH est cruelle, surtout à Montréal. Le souvenir de la série de l’an dernier contre les Capitals, où Hutson s’était complètement effacé sous la pression, revient hanter les esprits. Et à un moment où l’équipe regarde vers les séries, chaque erreur prend des proportions gigantesques.

Les partisans sont partagés. Certains demandent carrément qu’il soit retiré du premier duo, ou du powerplay. D’autres plaident pour de la patience, en rappelant que même Nick Suzuki avait connu un passage à vide à sa deuxième saison.

Mais le problème, c’est que le contexte contractuel a changé la perception. À 8,85 M$ par année, le seuil de tolérance est bien plus bas. On ne parle plus d’un jeune qui apprend. On parle d’un leader offensif supposé porter l’équipe.

Ce qui est frappant, c’est que Hutson ne semble pas en crise émotionnelle. Il reste le premier à sauter sur la glace à l’entraînement, le dernier à quitter. Il garde la tête haute, donne tout ce qu’il peut… mais sans les résultats. Et à Montréal, le travail sans résultats, ça ne dure pas. La mémoire des partisans est courte, et l’exigence, impitoyable.

Il ne s’agit pas de dire que Lane Hutson est fini. Ce serait absurde. Son talent est réel. Sa vision du jeu est unique. Mais ce qu’on constate, c’est une faille, une inquiétude profonde sur sa capacité à performer dans des matchs lourds, fermés, physiques.

Exactement le genre de matchs qu’on retrouve en séries. Et dans cette optique, la comparaison avec Makar devient cruelle. L’un est un monstre d’élite. L’autre est encore en train de prouver qu’il mérite de rester sur la glace quand le match est en jeu.

Le plus ironique, c’est que Hutson voulait se sacrifier pour la culture. Il a accepté un rabais pour mieux s’intégrer, pour ne pas déranger l’équilibre du vestiaire. Mais aujourd’hui, ce sacrifice le poursuit. Il n’est plus vu comme une aubaine. Il est vu comme une faiblesse, comme une erreur de calcul.

Et Kent Hughes, dans tout ça? Il est plus que jamais sur la sellette. Parce que si Hutson ne rebondit pas, le DG aura accordé près de 9 M$ par saison à un défenseur incapable de résister à la pression des séries. 

Ce serait catastrophique pour une équipe encore en transition. Et si cela pousse Hutson à douter, à se refermer, alors la spirale pourrait devenir incontrôlable.

La balle est dans son camp. Et la patience des partisans est en train de quitter la patinoire.