Frissons dans la chambre: Martin St-Louis nous donne les larmes aux yeux

Frissons dans la chambre: Martin St-Louis nous donne les larmes aux yeux

Par David Garel le 2025-10-13

Il patinait, simplement. Comme un kid. Pendant que Lane Hutson glissait sur la glace, insouciant, Martin St-Louis demandait à tous ses joueurs de se rassembler. Il avait un message à leur livrer, un de ceux qui changent la dynamique d’un vestiaire. Un de ceux qui, sans jamais nommer la Coupe Stanley, en posent les fondations.

« Je savais que l’annonce serait faite au début de l’entraînement. On voulait avoir un bon entraînement sans distraction. Après, j’ai envoyé Lane faire un tour afin de pouvoir parler aux autres joueurs sans qu’il soit là, et je leur ai annoncé la nouvelle. Ils étaient pas mal contents, c’était un beau moment non seulement pour Lane, mais pour l’équipe », a raconté St-Louis avec une émotion difficile à camoufler.

À cet instant précis, il ne s’agissait pas d’un contrat de 8 ans pour 8,85 millions par saison. Il s’agissait d’un engagement. D’une promesse. D’un symbole.

Lane Hutson devenait bien plus qu’un espoir de génie : il devenait le visage d’un ADN collectif, celui d’un Canadien bâti sur l’attachement, la loyauté et la passion.

« C’est plus beau qu’une victoire ».

Rarement a-t-on vu un entraîneur rassembler ses joueurs pour leur annoncer une signature. Mais Martin St-Louis n’est pas un entraîneur comme les autres. Il est un homme de cœur, un sensible, un passionné. Et pour lui, ces moments sont précieux.

« Comme joueurs de hockey, la glace c’est notre sanctuaire. À moins que j’organise une réunion dans le vestiaire, c’est rare que j’aie la chance d’avoir tout le monde ensemble. Après une pratique, j’amène toujours les joueurs ensemble et je laisse le moment arriver organiquement. »

Puis, il a vu. Il a vu les visages s’illuminer. Il a vu les cris de joie, les tapes sur l’épaule, les accolades spontanées. Il a vu la culture.

« Je ne suis pas surpris de la façon dont les joueurs ont réagi. Et ça me plaît quasiment plus qu’une victoire », a lancé St-Louis, incapable de masquer sa fierté.

Lorsque Lane Hutson est revenu de son petit tour de patin, les joueurs l’ont accueilli comme on célèbre un héros. « Quand Lane est revenu, les joueurs ont fêté comme s’ils venaient de marquer en prolongation. Ça parle fort. »

Cette réaction n’était pas orchestrée. Elle n’était pas stratégique. Elle était organique, vraie, sincère. La preuve d’un lien, d’un attachement réel entre les gars. Et St-Louis, encore une fois, a su trouver les mots.

« On ne peut pas forcer la culture. On peut seulement la faire grandir. Il faut en prendre soin, semer la graine, l’arroser, lui donner du soleil. »

Lane Hutson, en entrevue, a fondu sous le poids de l’émotion. L’argent, la pression, la tempête médiatique : tout s’effaçait derrière un seul sentiment. La gratitude.

« C’est une grande journée. Chaque jour où je viens à la patinoire est une bonne journée, mais aujourd’hui, c’est encore plus spécial. Je suis juste content que ce soit réglé, et de pouvoir me concentrer sur mon jeu. »

Il ne s’est jamais plaint. Il a encaissé les critiques sur sa défensive. Il a entendu les spéculations. Il a vu passer son nom dans des rumeurs. Mais il est resté fidèle. Fidèle à son groupe. Fidèle à Montréal.

« Depuis le repêchage, j’ai été accepté ici, j’ai pu être moi-même, m’amuser et jouer avec des gars incroyables.C’est vraiment spécial. »

Et lorsqu’on lui a demandé ce que signifiait ce contrat de huit ans, il a souri, les yeux humides :

« Chaque fois que j’enfile ce chandail, c’est spécial. Peu importe si c’est un entraînement, un match ou les séries. C’est un honneur, et je suis heureux de pouvoir le faire pendant longtemps. »

L’impact d’une telle signature va bien au-delà de Hutson. Dans le vestiaire, c’est une onde de confiance qui a traversé les murs. Un rappel que le noyau tient. Que les meilleurs joueurs veulent rester. Que la direction croit en eux.

Nick Suzuki, capitaine sobre mais lucide, l’a résumé ainsi :

« On ne voulait pas que ça devienne une distraction. On savait que ça allait se régler, ce n’était qu’une question de temps. »

Quant à Alexandre Carrier, il a salué l’humilité et le travail de son coéquipier :

« Il travaille tellement fort. On voit la maturité qu’il a en dehors de la glace, son souci du détail. C’est un vrai travaillant. Il le mérite. »

Et même Noah Dobson, fraîchement arrivé, s’est laissé happer par l’émotion collective :

« Ce groupe est spécial. On sent que tout le monde veut rester ici longtemps. C’est ce que Lane a vu aussi. »

Même s’il a tenté de minimiser l’impact potentiel de la saga contractuelle, Martin St-Louis n’a pas caché qu’il était soulagé :

« Le marché ici est difficile. C’est sûr que ça peut stresser l’individu. Ça peut affecter son jeu… et celui des autres. C’est une boule de neige qui aurait pu devenir massive. Je suis content que la boule de neige ne soit plus là. »

Et c’est là que le leadership de St-Louis devient un atout rare. Il comprend la psychologie. Il protège ses jeunes. Il communique. Il unit.

« Je pense que Lane était content de faire un tour de patin. Il aime ça patiner. Et ses coéquipiers étaient contents pour lui. C’est ce genre de moment qui rend notre culture vivante. »

Lane Hutson ne voulait pas seulement un contrat. Il voulait un message. Il voulait exprimer qu’il croit en cette équipe.

« J’ai dit à Kent que je crois qu’on n’est pas loin de devenir une équipe qui peut gagner la Coupe Stanley. Pas juste une fois, mais plusieurs fois. »

Voilà. C’est ça, le vrai impact de cette journée. Ce n’est pas le montant. Ce n’est pas la durée. C’est la conviction profonde qu’un groupe peut atteindre l’excellence, ensemble, et que les sacrifices personnels, les critiques, les attentes, ne sont que des étapes vers quelque chose de plus grand.

Ça sent la Coupe... à Montréal...