2 millions de dollars par année: Lane Hutson dans le rouge

2 millions de dollars par année: Lane Hutson dans le rouge

Par David Garel le 2025-10-11

C’est l’implosion que personne n’avait anticipée. Le dossier Lane Hutson, que plusieurs disaient en voie de règlement, vient de prendre une tournure orageuse.

Selon nos informations, le jeune défenseur étoile est complètement furieux. Et cette fois, ce n’est pas de la spéculation : c’est la première fois que le clan Hutson perd patience publiquement.

Il est furieux que la presse ait relayé que son nouvel agent, Ryan Barnes de Quartexx, avait eu une rencontre tendue avec Kent Hughes dans les gradins à Detroit.

Il voulait que ces discussions restent dans l’ombre. Or, les projecteurs se sont braqués pile sur lui. Et son jeu sur la glace en a souffert. Lane Hutson n’est plus lui-même. Il a la tête ailleurs.

« Il espérait que ce ne serait plus une discussion publique une fois le match commencé », a révélé Arpon Basu dans un entretien avec TSN. «

Mais ce n’est pas ce qui s’est passé, et ça l’a visiblement affecté. Mon impression est que pas grand-chose n’a changé dans ce dossier. Je ne serais pas choqué, mais quand même surpris, si un contrat était signé pendant la saison. »

Mais ce que Basu ne savait pas encore au moment de ses déclarations, c’est ce qui a réellement mis le feu aux poudres.

Deux millions de dollars de liquidités : l’humiliation totale.

Grâce à un scoop de Nicolas Cloutier de TVA Sports, on sait maintenant ce qui a déclenché la tempête : le clan de Lane Hutson a découvert que le Canadien ne voulait lui verser que 2 millions de dollars en argent liquide par année.

Le reste du contrat serait structuré avec la fameuse convention de retraite, un stratagème fiscal légal mais controversé, qui permet aux joueurs américains de réduire leur fardeau fiscal… en différant une grosse portion de leur salaire à plus tard.

En gros : de l’argent… plus tard. Mais pas maintenant. Et pour un joueur qui n’a pas encore amassé les dizaines de millions d’un Cole Caufield ou d’un Nick Suzuki, c’est tout sauf une bonne nouvelle.

Encore pire : les agents de Hutson ont rapidement compris que leurs commissions seraient elles aussi retardées, puisque prélevées sur l’argent réellement versé.

Conclusion: 2 millions par année, net, pour un défenseur qui doit assumer des dépenses massives nutrition, préparateurs physiques, logement, sécurité, déplacements privés. C’est insuffisant. C’est insultant. C’est inacceptable.

« Deux millions, c’est pas assez pour lui », a lancé un proche du clan Hutson. « Il n’est pas là pour se faire geler 60 % de son contrat dans une fiducie. Il veut jouer, progresser, et avoir les moyens de vivre comme un joueur de premier plan. »

Et c’est là qu’un véritable clash de philosophie a éclaté entre le DG Kent Hughes — ancien agent lui-même — et l’équipe de Quartexx, menée par Ryan Barnes. Ces derniers ont vu rouge lorsqu’ils ont compris que l’organisation voulait essentiellement protéger sa masse salariale et sauver de l’impôt, au détriment de la stabilité financière immédiate de leur joueur.

Le conflit a été si intense que Kent Hughes a littéralement été vu en train de courir partout à Chicago, selon des journalistes sur place.

 Il textait frénétiquement, passait des appels, écrivait à Detroit, à Montréal, aux agents, à ses adjoints. Pour la première fois depuis son entrée en fonction, le DG du Canadien ne contrôlait plus la communication. Il la subissait.

Il faut dire que la sortie d’Arpon Basu, combinée aux révélations de TVA Sports, a clairement ébranlé la stratégie du CH.

D’autant plus que Jonathan Bernier du Journal de Montréal avait affirmé quelques jours plus tôt qu’une entente était « imminente ». Or, Basu vient de contredire cette information, et ses propos ont été amplifiés par la frustration visible du clan Hutson.

Pourquoi ça bloque vraiment : parce qu'on est témoin d'un casse-tête fiscal.

Le cœur du problème, c’est donc cette fameuse convention de retraite, que l’Agence du revenu du Canada permet aux équipes canadiennes d’utiliser pour rendre leurs offres plus compétitives face aux équipes américaines.

Mais depuis le 7 octobre dernier, la LNH a restreint l’usage de ce mécanisme, et plusieurs agents le refusent désormais catégoriquement.

Selon Kyle Stich, directeur chez AFP Tax, une firme de fiscalité sportive américaine, il existe pourtant une solution hybride. Voici ce qu'il a affirmé sur les ondes de TVA Sports:

« Je proposerais un plan mixte : bonis à la signature pour les premières années, puis convention de retraite ensuite. Ça permet de concilier liquidité immédiate et économies fiscales. »

Voici deux propositions concrètes qui illustrent le modèle.

Proposition 1 – Convention dès l’an 2 (modèle “prudent”)

Année 1 : 8M$ en boni + 1M$ salaire = 9M$ total: 5,7M$ net

Années 2 à 8 : 4,5M$ salaire + 4,5M$ placement: 9M$ total: 5,3M$ net/an

Total : 72M$ sur 8 ans: Revenu net estimé : 42,8M$

Proposition 2: Bonis sur 3 ans, retraite ensuite (modèle “agressif”)

Années 1 à 3 : 8M$ bonis + 1M$ salaire = 9M$: 5,7M$ net/an

Années 4 à 8 : 4,5M$ salaire + 4,5M$ placement: 9M$: 5,3M$ net/an

Total : 72M$ sur 8 ans – Revenu net estimé : 43,6M$

Le hic ? Les représentants de Hutson ne veulent rien savoir d’un report. Ils veulent de l’argent maintenant. Du cash. Des bonis à la signature comme Kyle Connor, Noah Dobson, Cole Caufield, Juraj Slafkovský, etc. Ils ne veulent pas que Hutson soit le cobaye fiscal d’un plan expérimental de Kent Hughes.

D’autant plus que le contrat de Luke Hughes, le comparable le plus souvent évoqué, n’incluait que 2M$ de bonis à la signature. Celui de Jackson LaCombe, lui, n’en contenait aucun. Mais ces joueurs évoluent aux États-Unis, sans les mêmes contraintes fiscales.

À Montréal, si le CH veut attirer et retenir un joueur américain, il doit sortir un lapin de son chapeau. Et ce lapin-là, Hutson ne veut pas le manger.

Pris entre les journalistes, les négociations publiques, l’enjeu fiscal, Lane Hutson craque. Il n’a pas aimé voir son nom associé à des discussions dans les estrades.

Il n’a pas aimé être scruté à la loupe pour ses moindres faits et gestes sur la glace.

Il n’a pas aimé être présenté comme un joueur gourmand alors qu’il se bat simplement pour sa sécurité financière à long terme.

Et pendant ce temps, le Canadien pousse, presse, agite les chiffres. Mais plus il pousse, plus le clan Hutson se ferme.À ce rythme, le scénario le plus probable, selon Basu, c’est qu’il n’y ait pas d’entente cette saison.

Une chose est certaine : ce dossier a explosé en plein visage de tout le monde. Et la poussière ne retombera pas de sitôt.