Quand Alicia Lessard et Alexandre Carrier se sont installés dans le studio de Kevin Raphaël, ils ne s’attendaient peut-être pas à ce que leur entrevue devienne l’un des moments les plus touchants de l’été. Pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit.
Loin du format traditionnel d’une entrevue sportive, le couple a pris le temps de raconter son histoire, de revenir sur la dernière année mouvementée à Montréal, de partager les hauts, les bas, les sacrifices… et les larmes...
L'extrait vidéo qui se retrouve plus loin dans l'article chavire le coeur.
Le podcast débute sur un ton léger. Kevin Raphaël, visiblement proche du couple, les met rapidement à l’aise. Alicia, un peu nerveuse (c’était sa première participation à un balado), se fait aussitôt rassurer :
« Vous êtes deux des meilleurs êtres humains que je connais. »
La table est mise.
Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est l’équilibre du couple. Ils sont ensemble depuis plus de dix ans. Ils ont tout traversé : les longues saisons à Nashville, les allers-retours Montréal-Tennessee, les compromis professionnels, les horaires impossibles. Et pourtant, ils ont bâti une vie à deux qui respire la complicité et la résilience.
Alicia Lessard est bien plus que la conjointe d’un joueur du Canadien. Elle est médecin de famille, et surtout, cofondatrice de la Clinique médicale Step, une clinique pédiatrique publique située à Côte-Saint-Luc.
Un projet qu’elle a lancé avec une collègue après deux années de préparation intensive.
« C’est mon petit bébé », dit-elle avec fierté.
La clinique offre une panoplie de services : médecine familiale, spécialités pédiatriques, physiothérapie, ergothérapie, nutrition, psychologie…
Le tout dans un cadre pensé par des médecins, pour des familles, sans hiérarchie inutile. Et pendant qu’Alex traversait le continent en saison, Alicia organisait ses horaires pour travailler à temps plein… à Montréal.
« Il n’y avait pas de vol direct, donc à chaque deux semaines, je faisais l’aller-retour », explique-t-elle.
Des efforts logistiques énormes, réalisés dans l’ombre. Pendant que les projecteurs suivaient Carrier sur la glace, Alicia assurait la continuité des soins pour ses patients… tout en maintenant sa vie de couple à distance.
Puis est arrivé le 18 décembre 2024. Le moment-charnière. L’appel. Le choc. L’échange.
Carrier est à Nashville. Alicia est à souper avec les conjointes de l’équipe. Il reçoit l’appel de son agent : il est échangé à Montréal. Elle ne répond pas tout de suite, elle est à table.
Il lui écrit : « Appelle-moi tout de suite. C’est urgent. »
Elle finit par lui parler… et le verdict tombe : Alexandre Carrier devient membre des Canadiens de Montréal.
Le reste est une tempête : les appels, les textos, les messages, l’apparition spontanée à La Poche Bleue, l’annonce publique, les réactions en ligne. Mais derrière le chaos, un rêve venait de se réaliser. Pour les deux.
« C’était sur notre bucket list », explique Alicia.
Jouer à Montréal. Revenir à la maison. Pouvoir vivre leur relation dans la ville où elle travaille, avec leurs familles. Après tant d’années de sacrifices, c’était comme un cadeau.
Et puis, arrive le moment-clé du podcast. Celui que personne n’oubliera. Celui qui résume tout ce que ce couple représente : la tendresse, la patience, la famille, et les retrouvailles.
Alicia raconte le premier Noël passé avec leurs familles réunies depuis neuf ans. Son père, sa mère (qui sont séparés), la famille d’Alex. Tout le monde ensemble. Dans les gradins du Centre Bell. Et puis, la fameuse chanson : Fix You de Coldplay. Cette pièce musicale légendaire, jouée avant les matchs du Canadien.
Et là, Alicia fond en larmes.
« Ça faisait des années qu’on parlait de cette chanson-là », dit-elle. Et quand elle s’est mise à jouer ce soir-là, « on a tous braillé ».
Cet extrait vidéo nous a donné des frissons dans le dos:
Voilà une belle image. Ce n’était pas juste une chanson. C’était une libération. Une reconnaissance. Une boucle qui se bouclait. C’était l’aboutissement de dix ans et demi d’amour, de concessions, de rêves communs.
Ce moment restera gravé dans la mémoire.
Ce qui rend ce couple si attachant, c’est leur ancrage dans le réel. Ils ne se donnent pas en spectacle. Ils sont simples, lucides, généreux.
Alexandre Carrier, par exemple, parle avec émotion de sa première ovation au Centre Bell… pour une bonne défensive. Pas pour un but. Pas pour une feinte. Pour un “stick on the puck”. Il sourit :
« Ils ont crié là, là! »
Et Alicia, elle, parle avec admiration de la façon dont l’organisation du Canadien les a accueillis. Les petites attentions. Les lettres manuscrites. Les invitations pour les familles.
« Ce sont des détails que les gens ne voient pas, mais ça fait toute la différence », dit-elle.
Leur reconnaissance est sincère. Pas calculée. Ils sont conscients du privilège qu’ils vivent.
Ils ont aussi parlé de leur vie quotidienne. De leur chiot. De leurs voyages. De leur passion pour le sport, qu’ils partagent ensemble.
Alicia adore le tennis, le pickleball, le golf. Alex parle d’une pièce de la maison qu’il veut transformer en "man cave" avec des chandails de hockey encadrés. Elle le taquine sur ses goûts en immobilier. Il parle de son rêve de jouer pour le Canadien depuis qu’il est petit.
Ils ont même partagé leurs projets post-carrière, leur amour pour les voyages, leur admiration pour d’autres couples du vestiaire comme Valérie et David Savard, qu’ils décrivent comme des humains exceptionnels.
Alicia a aussi eu un mot pour son partenaire à la clinique, Dr David Roth, qu’elle admire profondément.
« Il a toujours des idées, il réfléchit tout le temps, il est brillant. » Une preuve de plus que sa vie professionnelle est tout aussi complète que sa vie de couple.
Même leur vision de la pression médiatique à Montréal est nuancée. Oui, il y a plus de regards. Oui, les gens les reconnaissent. Mais jamais de manière envahissante.
« Les gens sont fins. »
Et Alex ajoute :
« J’aime ça quand les gens viennent me parler avec leur enfant. »
Ils veulent cette interaction humaine. Ils l’accueillent. Ils l’apprécient. C’est ce qui les distingue.
Et si vous vous demandiez encore ce qui fait la force d’Alexandre Carrier et d’Alicia Lessard… c’est peut-être ce dernier détail : après tout ce qu’ils ont traversé, ils continuent à s’amuser ensemble.
Même quand ils jouent au pickleball et qu’ils perdent. Même quand l’un est trop compétitif et l’autre trop mauvais joueur. Ils finissent toujours par se regarder et se rappeler qu’ils s’aiment. Et qu’ils ont gagné beaucoup plus que des parties de sport : ils ont gagné la vie qu’ils rêvaient.
Un couple exemplaire. Sans flafla. Sans artifices.
Ils sont jeunes, accomplis, engagés. Lui, joueur du Canadien. Elle, médecin en pédiatrie publique. Et ensemble, ils incarnent ce que beaucoup de gens recherchent : un amour solide, une passion commune, une vie en équilibre.
Le podcast de Kevin Raphaël ne sera peut-être pas repris dans les bulletins de nouvelles. Mais pour ceux et celles qui ont écouté cet échange, il restera un témoignage précieux. Un moment rare, vrai, authentique.
Et cette image restera : Alicia, au Centre Bell, entourée de leurs familles réunies, pendant que Fix You résonne… et qu’elle pleure. Pas de tristesse. De gratitude. D’émotion pure.
Voilà ce que signifie, pour eux, de jouer à Montréal.
Voilà ce que signifie… d’y être enfin, ensemble.