Le calvaire d’Arber Xhekaj: cauchemar sur les réseaux sociaux

Le calvaire d’Arber Xhekaj: cauchemar sur les réseaux sociaux

Par Marc-André Dubois le 2025-04-14

Le Québec est en furie. Et cette fois, ce n’est pas contre un arbitre, un joueur adverse ou un journaliste torontois.

C’est contre Martin St-Louis lui-même, l’homme qui a pourtant ramené l’espoir dans le vestiaire du Canadien de Montréal.

Pourquoi? Parce qu’il refuse catégoriquement de sortir Arber Xhekaj des gradins. Soir après soir. Même lors d’un match aux allures de série éliminatoire, comme ce soir contre les Blackhawks de Chicago.

Et là, c’est trop.

Depuis que le CH a rappelé Ivan Demidov, tout le monde sait qu’il sera une cible. C’est le plus gros joyau offensif à débarquer à Montréal depuis des décennies.

Et ce soir, face à une équipe comme Chicago, qui n’a plus rien à perdre, on sait exactement ce qui va se passer : les coups salauds vont pleuvoir. Les bâtons vont monter. Les mises en échec tardives vont se multiplier. Et les regards vicieux vont se braquer sur le Russe dès la mise au jeu initiale.

Mais où est Arber Xhekaj?

Dans les estrades. Encore.

Sur les réseaux sociaux, c’est l’explosion. Des milliers de partisans crient à l’injustice, à la provocation, au sabotage. On accuse Martin St-Louis de mettre Lane Hutson et Ivan Demidov en danger. On le traite d’entraîneur déconnecté, incapable de comprendre l’importance de la robustesse en séries.

« Demidov va se faire casser en deux et St-Louis va rester là, les bras croisés comme si de rien n’était. Le Shérif est dans les gradins et le coach s’en balance. »

« Xhekaj a pris Demidov sous son aile, il s’est rapproché de Hutson... C’était devenu une vraie petite fraternité. Et voilà qu’on le traite comme un déchet. »

« C’est une trahison. Le Québec aimait Xhekaj. Et St-Louis l’enterre vivant. »

Le plus ironique dans tout ça? Xhekaj est probablement le joueur le plus apprécié dans le vestiaire par les jeunes. Il a accueilli Demidov avec bienveillance, il est très proche de Lane Hutson, avec qui il partage des séances d’entraînement et des moments complices depuis le début de la saison.

Ce n’est pas seulement un bagarreur qui cogne pour cogner. C’est un protecteur. Un leader silencieux. Et un bouclier que Martin St-Louis a volontairement rangé au placard.

Le message est clair. St-Louis ne veut plus d’Arber Xhekaj. Et tout le monde le sent. Même si le coach refuse de l’admettre publiquement, chaque décision est un coup de pelle de plus sur le cercueil du « Shérif ». Et à l’heure où le CH a besoin de protection, d’émotion et de muscle, il préfère envoyer au combat des joueurs fatigués ou pas taillés pour ce genre de match.

Ce soir, c’est un affrontement crucial. Les séries sont à portée de main. Et les Blackhawks arrivent avec leur hargne, leur agressivité, leur jeu rugueux.

Et dans les gradins, le seul joueur du Canadien qui fait peur à l’adversaire sera assis... le regard figé.

Il y a de quoi hurler.

Et le Québec hurle.

Le Québec ne comprend pas. Ne digère pas. Ne tolère pas.

Car même si Martin St-Louis veut vendre l’idée d’un hockey de possession, de vitesse et de structure, les séries, ce n’est pas de la poésie. C’est la guerre.

Et dans cette guerre, le Canadien a choisi de laisser son tank stationné dans le stationnement du Centre Bell.

Si ce soir Demidov reçoit un coup salaud, les partisans sauront exactement vers qui pointer du doigt.

Et ce ne sera pas contre l’arbitre cette fois.

Ce sera contre Martin St-Louis.

Parce que quand tu refuses de protéger tes artistes, tu perds plus qu’un match.

Tu perds la confiance du peuple.

Mais à travers tout ce chaos, une question brûlante commence à faire surface, de plus en plus souvent, dans les coulisses et sur les tribunes numériques : et si Martin St-Louis refusait de réintégrer Arber Xhekaj non pas pour des raisons purement hockey… mais par orgueil?

Car si on prend un peu de recul, le pattern est troublant. À chaque fois qu’un joueur attire trop l’attention, qu’il dévie du « plan collectif » ou qu’il prend un peu trop de place dans l’espace médiatique, St-Louis réagit de manière brutale. Il devient fâché publiquement ou le relègue au second plan. Et dans le cas de Xhekaj, c’est devenu personnel.

On se rappelle de la saga du surnom « Shérif », que St-Louis avait nié publiquement, allant jusqu’à affirmer en conférence de presse que « personne ne l’appelait comme ça dans le vestiaire », alors que Cole Caufield lui-même avait utilisé ce terme dans le balado Spittin’ Chiclets.

Le coach avait fait preuve d’une rigidité presque immature, incapable de tolérer qu’un de ses joueurs ait une identité forte, une image, une personnalité qui dépasse celle du collectif.

Et aujourd’hui, c’est le même scénario qui se répète avec Ivan Demidov.

Demidov est partout. Les réseaux sociaux explosent. Les partisans l’adorent. Les jeunes dans les écoles veulent son chandail. Les médias en font une vedette nationale. Et pendant ce temps, Martin St-Louis répète que « c’est un gars comme les autres », qu’il veut « garder le focus sur l’équipe », qu’il ne veut pas « créer de distractions ».

Ce qu’il ne dit pas, c’est que l’attention qu’on porte à Demidov semble profondément l’irriter.

Pas parce qu’il n’aime pas le joueur. Mais parce qu’il ne contrôle pas le narratif.

Et dans ce contexte, refuser d’envoyer Xhekaj dans l’alignement — malgré les appels généralisés du public, des analystes, même de ses propres joueurs — commence à ressembler à une guerre d’ego.

« Je décide. Et je vais vous le rappeler à chaque match. »

Voilà le message que plusieurs croient entendre derrière les décisions de St-Louis. Car Xhekaj, au-delà de son utilité défensive, représente une figure médiatique forte, une figure indépendante.

Il fait vendre des chandails, des casquettes, des burgers. Il a une famille visible, une histoire inspirante, une marque. Et surtout : il ne rentre pas dans le moule.

Ce genre de joueur, Martin St-Louis ne les tolère pas longtemps. Et dans une équipe où l’attention est de plus en plus centrée sur des individualités comme Demidov, Suzuki, Hutson, il semble vouloir rétablir l’équilibre par un geste autoritaire : laisser Xhekaj dans les gradins, même si ça ne fait aucun sens hockey.

C’est la politique du « je vais vous montrer que c’est moi qui décide ».

Peu importe les conséquences.

Peu importe le message envoyé à Demidov, qu’on expose chaque soir sans protection.

Peu importe le découragement d’un joueur comme Xhekaj, qui, même imparfait, mérite mieux que ce traitement humiliant.

Peu importe le public qui commence à se demander si St-Louis est toujours en train de bâtir quelque chose… ou simplement de faire des démonstrations de pouvoir.

Et c’est là que le malaise devient réel.

Parce que lorsqu’un entraîneur agit non pas pour gagner, mais pour prouver qu’il est le seul à avoir raison, on entre dans une zone dangereuse.

Ce soir, le Canadien joue un match crucial contre les Blackhawks. Le match le plus important depuis des lunes.

Et dans les estrades, un géant de 6 pieds 4 pouces, adoré du public, déjà ami de Demidov, regardera le match en silence.

Non pas parce qu’il n’est pas bon.

Mais parce qu’il fait de l’ombre.

Et dans le royaume de Martin St-Louis, l’ombre n’est pas tolérée.