Le Canada comme 51e état: les joueurs des États-Unis approuvent

Le Canada comme 51e état: les joueurs des États-Unis approuvent

Par Marc-André Dubois le 2025-02-20

Si la déclaration de Bill Guerin, directeur général de Team USA, en faveur de Donald Trump et de son souhait d’annexer le Canada avait déjà provoqué un tollé, ce qui s’est passé aujourd’hui est encore plus inquiétant. 

Désormais, ce n’est plus seulement un dirigeant isolé qui s’aligne sur le discours du président américain. Ce sont les joueurs, le coach et toute l’équipe des États-Unis qui se rangent derrière lui.

C’est un véritable acte de provocation qui s’est déroulé à quelques heures de la finale entre le Canada et les États-Unis dans le cadre du prestigieux tournoi des 4 Nations.

Donald Trump a ouvertement réitéré son souhait de voir le Canada devenir le 51e État américain, tout en apportant son soutien à l’équipe américaine.

Jusque-là, on pouvait encore espérer que les joueurs de Team USA prennent leurs distances avec des déclarations aussi absurdes. Mais non.

L’équipe américaine, au grand complet, a répondu avec enthousiasme à cet appel.

Quand le hockey devient un instrument politique inquiétant

Dans un message publié sur Truth Social, Trump a déclaré :

« Je téléphonerai à notre excellente équipe américaine de hockey ce matin afin d’encourager ses joueurs à obtenir la victoire contre le Canada qui, un jour, deviendra notre bien-aimé et très important 51e État, avec des taxes nettement plus basses et une sécurité beaucoup plus renforcée. »

D’une arrogance sans précédent, il a même invité Justin Trudeau à regarder son discours avec lui à Washington, le qualifiant encore une fois de « gouverneur ». Une provocation directe.

Mais le pire, c’est que Team USA a pris ces paroles comme une bénédiction.

« Nous sommes super reconnaissants du soutien reçu partout au pays et l’atmosphère est agréable. Nous en sommes reconnaissants, même si nous ne tenons rien pour acquis », a affirmé J.T. Miller en conférence de presse.

L’attaquant américain a poursuivi en qualifiant Trump de « grand partisan de hockey », tout en se réjouissant de son soutien.

Noah Hanifin a même déclaré avec fierté :

« On veut l’emporter pour notre pays et pour Trump. »

L’emporter pour Trump ? Voilà qui en dit long.

L’entraîneur-chef des États-Unis, Mike Sullivan, aurait pu choisir la neutralité. Il aurait pu calmer le jeu. Il ne l’a pas fait.

Au lieu de dénoncer ces propos troublants, il a répondu avec enthousiasme, validant le message de Trump sous couvert de patriotisme.

« C’est un honneur important. Si on laisse la politique de côté, lorsque le président des États-Unis prend le temps de parler aux joueurs, c’est un grand honneur. »

Laisser la politique de côté ? Impossible. Comment ignorer le fait que Trump n’a pas simplement encouragé une équipe de hockey, mais a exprimé son désir d’assimiler un pays entier sous sa gouvernance ?

Quand un dirigeant sportif comme Bill Guerin s’aligne sur un discours aussi extrême, c’est une chose. Mais quand les joueurs et l’entraîneur font de même, c’est effrayant.

Un affront qui enflamme encore plus la finale.

Le match de ce soir entre le Canada et les États-Unis devait déjà être explosif. Avec les tensions politiques, les huées de l’hymne américain au Centre Bell samedi, et la montée des hostilités entre les deux nations, tous les ingrédients étaient réunis pour un duel sans merci.

Mais avec ces déclarations, on atteint un nouveau niveau de provocation.

Ce n’est plus une simple rivalité sportive. C’est une guerre de symboles.

Le fait que les joueurs américains eux-mêmes aient ouvertement soutenu Trump et son projet d’annexion est une déclaration de guerre contre le Canada. Ce match n’a jamais eu autant de poids.

Si le message de Trump a été acclamé par une partie des Américains, il a aussi gêné certains partisans du hockey aux États-Unis.

Sur les réseaux sociaux, certains fans américains trouvent inacceptable que leur équipe nationale soit associée à un discours aussi extrême.

« On peut être fiers de notre équipe sans embarquer dans les délires de Trump. »

« Le hockey n’a rien à voir avec l’annexion d’un pays. Ridicule. »

« Vraiment ? On joue pour Trump maintenant ? Je pensais qu’on jouait pour notre pays. »

Même certains anciens joueurs de la LNH trouvent cette situation déplacée. L’un d’eux, resté anonyme, a confié à un journaliste de The Athletic :

« C’est la première fois de ma vie que je vais encourager le Canada. Parce que ce que Team USA est en train de faire, c’est une honte. »

Ce match, qui devait être une célébration du hockey international, est en train de se transformer en vitrine politique pro-Trump.

Avec l’adhésion de Bill Guerin, Mike Sullivan et des joueurs américains à ce discours, Team USA n’est plus simplement une équipe de hockey.

C’est une extension du projet nationaliste de Trump.

Et ça, c’est une menace réelle pour le sport et pour la diplomatie entre les deux pays.

Ce soir, le Canada joue pour plus qu’un simple trophée.

Il joue pour montrer qu’il n’est pas à vendre.

Il joue pour rappeler à Team USA que le hockey doit rester un sport, et non un outil de propagande politique.

Il joue pour défendre son identité.

Ce soir, la glace ne sera pas seulement un champ de bataille sportive.

Ce sera le front d’une bataille politique d’une ampleur inattendue.