Le cauchemar d'Yvan Cournoyer avec Marc Bergevin est enfin terminé.

Après des années de traitement négligent envers les anciennes gloires du Canadien de Montréal pendant le règne de Bergevin en tant que directeur général, la nouvelle administration, incarnée par Jeff Gorton et Kent Hughes, a radicalement changé la donne. Et Cournoyer en est le témoin privilégié.

À 80 ans, Yvan Cournoyer, le légendaire no 12 du Tricolore et plus vieux capitaine toujours parmi nous, rayonne de santé et d'enthousiasme.

« La santé est bonne », plaisante-t-il.

« J’essaie de rester en forme. À mon âge, on sait à quelle heure on va se coucher, mais on ne sait pas à quelle heure on se lève. » (crédit: TVA Sports)

Surnommé le « Roadrunner », Cournoyer reste un observateur attentif des performances de son équipe de cœur. Son constat est clair : malgré un caractère affirmé et un premier trio de qualité, les Canadiens ont souffert de plusieurs saisons en dehors des séries éliminatoires, une réalité difficile à accepter pour ce compétiteur hors pair.

Mais si le présent n'est pas à la hauteur des standards habituels du Canadien, Cournoyer voit néanmoins des raisons d'espérer dans l'avenir, notamment grâce à la bienveillance et au respect que témoigne la nouvelle direction envers les anciens.

Jeff Gorton, Kent Hughes, et surtout l'entraîneur-chef Martin St-Louis, suscitent l'admiration et le respect de l'ancienne garde, à commencer par Cournoyer lui-même.

 «Ils sont très accessibles, on peut leur parler et ils sont très respectueux des anciens.»

Le "Roadrunner" ne tarit pas d'éloges envers St-Louis, regrettant presque de ne pas avoir eu l'opportunité de jouer sous ses ordres.

«J’aurais aimé jouer pour Martin St-Louis. Quand il parle, il ne parle pas pour rien. Il respecte ses joueurs et ses joueurs le respectent. Parfois, il vient nous voir dans le salon des anciens. C’est vraiment un gars exceptionnel.»

Son approche sincère et respectueuse envers les joueurs, combinée à son autorité naturelle, fait de lui un entraîneur d'exception, capable d'insuffler une nouvelle dynamique à l'équipe.

En tant qu'ancien capitaine emblématique, Cournoyer suit de près l'évolution de l'actuel capitaine, Nick Suzuki, qu'il vante pour ses qualités de meneur et son jeu exemplaire sur la glace.

Mais l'attention de Cournoyer ne se limite pas aux grands de l'équipe. Il voit en Cole Caufield un héritier de son propre style de jeu et lui donne des conseils avisés pour continuer à progresser et devenir un joueur d'exception.

«Je trouvais qu’il restait souvent sur le bord de la bande en zone offensive et je lui ai conseillé de s’impliquer plus souvent devant le filet.»

«Caufield est plaisant à regarder jouer. Il s’améliore défensivement, son jeu est plus complet et il va s’améliorer encore. Il va devenir tout un joueur.»

Pourtant, le tableau n'a pas toujours été aussi rose pour les anciens du Canadien. Sous l'ère de Marc Bergevin, l'ambiance était bien différente.

Les témoignages de Gilbert Delorme et Serge Savard mettent en lumière un climat où les anciens étaient relégués à la périphérie, voire indésirables dans l'enceinte même de l'équipe.

«M. Béliveau avait l’habitude de passer par le vestiaire des joueurs pour rejoindre le Salon des Anciens. Lui, ça le dérangeait. Il a dit au monsieur de la sécurité : "M. Béliveau, je ne veux plus qu’il passe ici parce que ça dérange les joueurs." Flower, lui, utilisait le stationnement des joueurs. Et ça dérangeait monsieur Bergevin.» affirmait Delorme, qui a vraiment envoyé l'ancien DG sous l'autobus.

«Les anciens, nous avons passé une période difficile avec Marc Bergevin, avait affirmé Serge Savard. Il ne voulait pas voir personne autour de la chambre des joueurs. Même pour aller au Salon des Anciens, il fallait faire un détour par la salle de presse.»

Mais aujourd'hui, avec une nouvelle direction à la barre, les anciens retrouvent leur place légitime au sein de l'organisation. Et pour Cournoyer, c'est un soulagement bienvenu, un cauchemar enfin dissipé dans l'ombre d'un passé révolu.

Le fantôme de Marc Bergevin peut disparaître à jamais des couloirs du Centre Bell.

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