Le choc des générations : Marchand flirte avec le Canadien

Le choc des générations : Marchand flirte avec le Canadien

Par André Soueidan le 2025-06-07

Chaque soir où Brad Marchand saute sur la glace pour les Panthers de la Floride, une veine pète dans le front d’un dirigeant des Bruins de Boston.

C’est le genre de douleur sourde, lancinante, qui te rappelle que t’as laissé partir le gars qui, même à 37 ans, te change le cours d’une finale à lui seul.

Deux fois et dont une en prolongation. Dans le chaudron du Rogers Place. Devant Skinner, transformé en spectateur payant.

Pendant ce temps, les Panthers ricanent. Et le Canadien, lui, observe. En silence. Mais pas d’un silence passif.

D’un silence stratégique. Parce que Brad Marchand, faut pas se leurrer, est en train d’envoyer un message à 31 équipes.

Un message clair, simple, efficace : « Je suis encore là, les enfants. Et je peux encore faire mal. »

10 buts en finale de la Coupe Stanley. Désolé, mais on parle pas d’un figurant.

On parle d’un joueur qui a dominé en séries pendant deux décennies. Un joueur que t’aimes détester, mais que tu veux dans ton vestiaire quand le sang se met à geler dans les veines.

Et si ce vestiaire-là était à Montréal?

Parce que oui, Brad Marchand sera agent libre.

Et oui, à 37 ans, il en a encore sous la semelle. 22 minutes de temps de jeu à son âge, dans une finale, après une saison à 6 millions?

Trouve-m’en un autre. Allez. Je t’attends.

C’est simple : ce gars-là, c’est du papier sablé à haute intensité. Et depuis qu’il a rejoint les Panthers, il est redevenu le poison le plus mortel du sud des États-Unis.

Les Panthers savent très bien ce qu’ils ont entre les mains.

Et s’ils veulent le garder, va falloir qu’ils cassent leur tirelire.

Sinon? Kent Hughes va peut-être déboucher un vieux Châteauneuf-du-Pape.

Parce que c’est exactement le genre de pièce que le CH n’a jamais eue dans son alignement depuis Claude Lemieux.

Un agitateur clutch, un léader naturel, un champion, un gars que tu veux pas affronter en mai. Un gars qui fait déborder la pinte. Et on s’en va vers ça.

Montréal a fait les séries. Et pas pour faire acte de présence. Slafkovsky a été une révélation en mode power forward.

Lane Hutson a battu des records pour un défenseur recrue. Guhle a tenu la ligne comme un vétéran de 10 ans.

On a un noyau jeune, électrique. Mais encore un peu trop gentil.

Brad Marchand, c’est pas gentil.

C’est sale, rusé, détesté... mais c’est gagnant.

Et le CH a besoin de cette essence-là dans le moteur. Gallagher est trop usé. Anderson est trop brouillon. Marchand, lui, est encore calibré pour la guerre.

Pis ce serait pas beau ça? Marchand qui revient au Centre Bell, mais cette fois dans l’uniforme tricolore?

Le gars que tout le monde huait pendant une décennie qui décide de mordre la main qui l’a nourri?

C’est déjà arrivé ailleurs. Corey Perry par exemple...

Il ne faut pas être un génie de la LNH pour comprendre que Brad Marchand n’a pas juste un billet aller-retour pour la Floride dans ses poches.

Dès que son nom circule, les lignes chauffent à Pittsburgh et à Denver.

Pourquoi? Parce qu’à force de grandir sur les mêmes patinoires que Sidney Crosby et Nathan MacKinnon, le lien fraternel entre ces trois bêtes de la Nouvelle-Écosse est devenu indissociable du folklore du hockey canadien.

Il y a déjà eu des rumeurs de retour aux sources avec Crosby à Pittsburgh.

Même chose avec MacKinnon au Colorado, une équipe qui pourrait profiter de l’expérience de Marchand pour ajouter du chien à son top six.

Et si Toronto rêve encore de se débarrasser de sa réputation de club mou en séries, bonne chance pour battre une offre émotionnelle faite par les boys des Maritimes à leur frère d’armes.

C’est un gars de la côte est. Il joue pour gagner. Et il sait que sa fenêtre se ferme. Il va pas aller faire du tourisme à Columbus.

Il veut encore la Coupe. Et Montréal est plus proche qu’on pense.

Ce que Marchand vient de faire contre les Oilers, c’est un CV envoyé à toutes les équipes contenders.

Et les Bruins, eux, sont en sueur. Parce qu’ils savent que s’ils le laissent filer pour vrai, et qu’il se retrouve à Montréal... il va se venger.

Avec le sourire.

Les Panthers, eux, pourraient le garder. Mais s’ils hésitent... Kent Hughes, lui, hésitera pas longtemps.

On en reparle en juillet. Et en attendant, regardez bien ce que Marchand fait en finale. Et imaginez-le avec un chandail bleu-blanc-rouge.

Le choc serait brutal. Pour Boston.