Le ciel tombe sur la tête de Joe Veleno: Kent Hughes sans pitié

Le ciel tombe sur la tête de Joe Veleno: Kent Hughes sans pitié

Par Marc-André Dubois le 2025-07-07

C’est un rejet silencieux, glacial, mais ô combien brutal. Joe Veleno ne signera pas avec le Canadien de Montréal. Pas même un contrat d’essai. Pas même un deux volets.

Et pourtant, tout, dans les dernières semaines, laissait croire à une ouverture. À une chance. À une once de respect pour un enfant d’ici qui, à 25 ans, lutte désespérément pour ne pas sortir du portrait. Mais le Canadien a observé… a réfléchi… puis a dit non. Froidement. Sans même faire d’offre.

Et ce refus, rapporté par Tony Marinaro, fait d’autant plus mal qu’il arrive après un flirt public. Après que Veleno ait patiné avec Suzuki, Evans, Carrier et Demidov, au centre d’entraînement de Brossard. Après qu’il ait osé croire. Ce n’était pas un détail.

C’était un geste calculé, une manière douce de rappeler à Kent Hughes que le rêve était encore vivant. Que l’ancien joueur exceptionnel de Hockey Canada, le choix de première ronde des Wings en 2018, était libre. Disponible. Affamé.

Mais voilà, Montréal n’a rien mordu. Pas un mot. Pas un signe. Pas une promesse. Le message est clair et net : le CH ne veut pas d’un flop. Il a étudié le dossier, puis l’a refermé.

Racheté par le Kraken de Seattle, quelques jours après avoir été largué par les Blackhawks, Veleno n’est plus qu’un nom en bas de liste dans les livres des DG.

À peine 17 points en 74 matchs l’an dernier. Une saison sombre, marquée par l’invisibilité. Même à Chicago, où les attentes étaient nulles, il n’a pas su s’imposer. Et Seattle n’a pas hésité à le balancer par-dessus bord pour libérer  de l'argent sur sa masse salariale.

Le pire dans tout ça, c’est que Veleno sait qu’il ne vaut plus grand-chose sur le marché. Il l’a accepté. Il l’a admis. Il est prêt à signer un contrat pour des peanuts, à se battre pour une chaise à Laval, à manger ses croûtes. Il veut juste une porte entrouverte.

Et le Canadien lui a fermé au visage.

Ce qui rend l’affaire encore plus cruelle, c’est que le CH a laissé planer le doute. Le laisser patiner à Brossard avec les réguliers du vestiaire? C’est une forme de reconnaissance. Un message.

Dans l’univers de la LNH, c’est une poignée de main sans contrat, mais avec espoir. Même les vétérans, comme Suzuki, l’ont salué. Demidov a ri avec lui. On aurait pu croire à une possible intégration.

Mais ce n’était qu’un mirage. Aucune offre formelle. Aucun contact suivi. Aucun intérêt réel. Juste une étude de cas, comme l’a confirmé Marinaro :

« Les Canadiens l'ont observé, étudié… et l'ont ignoré. »

Le rachat par Seattle, humiliant, même pour un joueur de fond d’alignement. Cela signifie qu’on veut te voir disparaître au plus vite.

Le flirt avorté à Montréal, alors que Veleno espérait un retour à la maison. On lui a donné une scène pour espérer, puis on a coupé le micro.

La fuite dans les médias: maintenant, tout le monde sait qu’il n’a reçu aucune offre du CH. L’humiliation est publique. Partagée. Et irréversible.

Il y a là quelque chose de triste, d’un peu sale. Le club de sa ville natale, celui qu’il représentait dans ses rêves d’enfance, l’a utilisé comme une illusion médiatique.

Un pion, utile à une époque où le manque de joueurs québécois est constamment reproché à l’organisation. Et pourtant, quand le moment d’agir arrive… silence radio.

C’est aussi une claque au visage de ceux qui croient que Montréal peut encore servir de refuge aux Québécois en quête de rédemption. Veleno ne demandait pas la lune. Il n’avait pas l’arrogance d’exiger un top-6. Juste une invitation. Un banc. Une chance.

À travers tout ça, c’est la violence du système qui transparaît. À 25 ans, Veleno n’est pas vieux. Il a encore un bon physique (6’1, 201 lbs). Il a plus de 300 matchs dans la LNH. Il a survécu dans des rôles ingrats, sans se plaindre. Il sait ce que c’est que de lutter pour son pain.

Et pourtant, dans une ligue qui se tourne toujours vers le prochain espoir, Veleno est devenu invisible.

Ce qui rend l’histoire encore plus amère, c’est que le Canadien a besoin d’un centre gaucher. Depuis le départ de Dvorak, il ne reste que Newhook, dont le taux de mises au jeu (42,8 %) est alarmant. 

Joe Veleno, malgré ses défauts, est gaucher. Il est un centre. Bref, les deux choses que Kent Hughes recheche.

Mais le CH préfère chercher ailleurs, quitte à signer des vétérans étrangers ou à espérer que Michael Hage devienne miraculeusement prêt dès 2026-2027.

Joe Veleno, c’est plus qu’un joueur rejeté. C’est le symbole d’un système qui brise ses promesses. Il était la sensation à 15 ans. Le statut d’exceptionnel. Le futur Patrice Bergeron. Et à 25 ans, on le regarde s’entraîner dans l’ombre en attendant qu’un DG lui jette un os.

Il ne deviendra pas une star. Peut-être pas même un joueur régulier. Mais il aurait pu devenir un exemple de résilience. À Montréal. Devant sa famille. Devant son peuple.

Et maintenant?

Peut-être qu’il signera à Nashville. Ou au Colorado. Peut-être qu’il partira en Europe. Peut-être qu’il disparaîtra. Il y aura toujours une part de regret.

Mais à Montréal, l’histoire est déjà terminée. Elle n’aura duré que le temps d’un entraînement.

Joe Veleno n’a pas échoué. On l’a abandonné.

Et ça, c’est le plus cruel.