Le ciel tombe sur la tête de Nick Suzuki

Le ciel tombe sur la tête de Nick Suzuki

Par David Garel le 2025-09-24

C’est tombé comme une bombe. Pierre LeBrun, sur les ondes de TSN 690, a mis des mots sur ce que plusieurs craignaient en silence : Nick Suzuki est dans le pétrin pour les Jeux olympiques de 2026.

Et pas parce qu’il manque de talent ou de constance. Non. Parce qu’il a manqué, trois années de suite, les Championnats du monde.

La nouvelle est brutale. Elle change complètement la donne pour le capitaine du Canadien de Montréal. Alors qu’il sort d’une saison de 89 points, un sommet de carrière, Suzuki croyait avoir toutes les cartes en main pour enfin obtenir la reconnaissance ultime, celle de représenter le Canada sur la plus grande scène internationale. Mais LeBrun vient de souffler un vent glacial sur ses ambitions.

Le ciel olympique lui tombe directement sur la tête.

« Ce n’est pas une bonne nouvelle pour Nick Suzuki », a laissé tomber l’insider de TSN.

Et soudain, une vieille rengaine refait surface. Michel Bergeron, conspué et critiqué pendant des mois pour ses attaques contre Suzuki, se retrouve peut-être… à avoir eu raison.

Lui qui répétait à qui voulait l’entendre que Suzuki payait le prix de ses absences aux Mondiaux, qu’il se tirait lui-même dans le pied, voit aujourd’hui Pierre LeBrun, un des journalistes les plus respectés de la LNH, confirmer exactement la même chose.

Nick Suzuki avait ses raisons. Chaque printemps, le capitaine choisissait de se reposer, de soigner ses bobos, ou de consacrer du temps à sa vie personnelle.

Une décision humaine, compréhensible. Mais dans le monde de Hockey Canada, tout geste est scruté à la loupe. Et quand un joueur décline trois invitations de suite, ça laisse des traces.

LeBrun l’a dit clairement : Suzuki n’a pas un poste à perdre, il a un poste à gagner. Et face à lui, la compétition est féroce.

Anthony Cirelli, d’abord. Le centre des Lightning, plombier par excellence, protégé de Jon Cooper, l’entraîneur d’Équipe Canada, et de Julien BriseBois, déjà dans la gestion du programme olympique. L’avantage politique est flagrant.

Robert Thomas, ensuite. Avec 86 points, il a presque égalé Suzuki au classement, et son directeur général à Saint-Louis n’est nul autre que Doug Armstrong, le DG en chef d’Équipe Canada. Quand ton propre patron gère l’équipe nationale, tu pars avec une longueur d’avance.

Et enfin, la menace la plus inquiétante : Macklin Celebrini.

Le prodige de 19 ans, premier choix au total du dernier repêchage, est la nouvelle coqueluche du hockey canadien. Non seulement il a accepté de participer au Championnat du monde, mais il a brillé. Et Sidney Crosby en personne vient de lui donner son vote.

« C’est un joueur incroyable », a déclaré Crosby.

« Son jeu complet à son âge est impressionnant. Il est engagé défensivement, il compétitionne fort. Il a déjà un jeu mature, et sa participation aux Mondiaux lui a donné énormément de confiance. Il a gagné le droit d’être dans la conversation. »

Boom. La phrase qui a tout changé.

Quand Sidney Crosby, la légende vivante, le capitaine de toute une génération, affirme qu’un joueur mérite une place, les dirigeants de Hockey Canada écoutent. Et le plus cruel dans tout ça, c’est que Crosby n’a pas dit un seul mot sur Nick Suzuki. Pas une mention. Pas une allusion.

Ouch.

C’est là que ça fait mal. Parce que Suzuki, depuis deux ans, se bat pour obtenir la reconnaissance nationale. À Montréal, il est vu comme un modèle. Un leader tranquille, constant, discipliné.

Mais à l’échelle canadienne, il n’a jamais eu le rayonnement d’un McDavid, d’un MacKinnon, ou même d’un Barzal. Et maintenant, il se fait voler la vedette par un ado qui n’a qu’une saison professionnelle derrière lui.

Le silence de Crosby devient une exclusion symbolique. Et pour Suzuki, c’est un cauchemar.

Car ce n’est pas seulement une question de mérite. Les chiffres plaident pour lui : 89 points, rôle défensif majeur, capitaine respecté dans le marché le plus difficile de la LNH. Mais aux Jeux olympiques, la politique, la loyauté et les symboles comptent parfois plus que la production.

Et Suzuki se retrouve exactement là où Bergeron le prédisait : dans l’ombre.

Il faut le dire : Michel Bergeron avait été cloué au publiquement pour ses propos. Quand il affirmait que Suzuki n’était pas un vrai capitaine, qu’il n’avait pas de charisme, qu’il n’était pas assez passionné, et surtout qu’il avait commis une erreur monumentale en refusant le Championnat du monde, on l’accusait d’acharnement, de vendetta personnelle.

Mais aujourd’hui, quand Pierre LeBrun explique froidement que ces absences pèsent lourd dans la balance, difficile de ne pas se souvenir des coups de gueule du Tigre.

« Si Suzuki n’a pas été choisi, c’est parce qu’il a snobé le Canada aux Mondiaux », répétait-il.

Hier, cette phrase paraissait exagérée. Aujourd’hui, elle sonne comme une prémonition.

Dans le fond, Suzuki paie pour un système biaisé. À Hockey Canada, on ne pardonne pas les absences, mais on récompense les présences. Samuel Montembeault en est la preuve vivante : en acceptant de jouer au Mondial 2023, il s’est ouvert la porte du 4 Nations, et maintenant celle des JO.

Suzuki, lui, a préféré reposer son corps. Résultat : son dossier est mince en contexte international. Pas de Mondial, pas de preuve tangible qu’il peut performer en tournoi court. Et avec un bassin de talents immense, les décideurs ont le luxe de privilégier ceux qui ont déjà « payé leurs dû ».

Pendant ce temps, Robert Thomas est appuyé par son DG. Anthony Cirelli est soutenu par son coach. Macklin Celebrini est propulsé par Crosby.

Et Suzuki?

Il est seul.

C’est ça, le drame. Nick Suzuki n’a rien fait de mal. Il n’a pas déçu. Il n’a pas flanché. Il a même dépassé les attentes dans une équipe en reconstruction.

Mais dans la bataille olympique, il est invisible. Ni protégé politique, ni enfant prodige, il est coincé dans un rôle ingrat : celui du bon joueur qu’on admire à Montréal, mais qu’on ignore au Canada.

Et c’est cette invisibilité que Pierre LeBrun vient de confirmer. Pas parce qu’il le souhaite. Mais parce qu’il décrit la réalité froide des coulisses de Hockey Canada.

Et si le vrai problème était ailleurs? Suzuki et Crosby sont peut-être trop pareils. Deux leaders silencieux, deux capitaines calmes, deux modèles de constance. Pas flamboyants, pas bruyants. Deux cerveaux du jeu.

Dans un vestiaire, il n’y a qu’une place pour ce rôle-là. Et Crosby l’occupe déjà.

Alors, pourquoi choisir Suzuki quand on peut miser sur un style différent? Pourquoi doubler la recette quand on peut varier les ingrédients?

C’est cruel, mais peut-être que Suzuki paie aussi pour cette ressemblance.

À quelques mois des Jeux de Milan, Nick Suzuki est à la croisée des chemins. Ses 89 points ne suffiront pas. Son statut de capitaine à Montréal ne suffira pas. Pour forcer la main de Hockey Canada, il devra exploser dès le début de saison, prouver qu’il est indispensable, rendre son exclusion impossible.

Et s'il échoue, ce sera la pire défaite symbolique de sa carrière. Pas seulement parce qu’il manquera les Jeux. Mais parce qu’il donnera raison, une fois de plus, aux Michel Bergeron de ce monde.

Et ça, pour Nick Suzuki, c’est peut-être la blessure la plus douloureuse de toutes.