Le ciel tombe sur la tête de Patrick Lalime: cauchemar à TVA Sports

Le ciel tombe sur la tête de Patrick Lalime: cauchemar à TVA Sports

Par Marc-André Dubois le 2025-04-22

Patrick Lalime vient peut-être de vivre le moment le plus humiliant de sa carrière de commentateur. Et ironiquement, il le doit à celui qu'il venait de traiter de « paresseux » en ondes, quelques minutes avant qu'il fasse taire tout le Québec.

On parle bien sûr d'Alex Ovechkin. Le même Ovechkin que Lalime a décortiqué, ralenti, répété en boucle pour souligner son manque d'engagement dans les coins, sa démarche molle, sa « paresse », ses replis tardifs.

C'était presque une vendetta personnelle. Et pourtant, quelques minutes plus tard, le Tsar russe marquait le but gagnant en prolongation, avec une telle conviction qu'on aurait cru qu'il voulait régler ses comptes avec Lalime lui-même.

Ce moment, diffusé en direct sur TVA Sports, a clôturé une soirée où la chaîne espérait redorer son blason. Mais ce fut l'inverse.

Un rappel brutal que même quand TVA Sports fait les choses correctement — et soyons honnêtes, la production était très bonne ce soir-là — le sort semble s'acharner contre elle.

Et l'image d'un Patrick Lalime qui se fait humilier en direct par un joueur qu'il venait d'enterrer, c'est devenu l'écho symbolique de toute la descente aux enfers de TVA Sports.

Car il faut se le dire : cette chaîne vit un véritable cauchemar. Elle est en chute libre depuis plusieurs années. Et aujourd'hui, l'échec n'est plus seulement comptable, il est aussi symbolique.

Comment une chaîne sportive qui a investi plus de 720 millions de dollars dans les droits de la LNH en 2014 a-t-elle pu se retrouver écartée de la relance du hockey en français au Québec, à quelques mois de la renégociation majeure avec Rogers ?

La réponse est simple : une succession de mauvaises décisions, de dépenses mal orientées, d'erreurs de casting à l'antenne, et surtout, une incapacité à créer un lien fort avec le public.

Quand on compare avec la relation fusionnelle qu'entretiennent les partisans avec Pierre Houde et Marc Denis à RDS, il est clair que TVA Sports n'a jamais réussi à imposer une véritable identité.

Et dans tout ce naufrage, le duo de télédiffusion des matchs du Canadien, composé de Félix Séguin et Patrick Lalime, est devenu le symbole d'un mariage forcé entre une production impeccable et une absence de magie.

Séguin est compétent, oui. Lalime a du bagage. Mais ensemble, ils n'ont jamais réussi à faire vibrer les cœurs. Leurs voix n'évoquent rien. Aucun frisson. Aucune nostalgie. Aucune phrase mythique.

Pire : dans un moment où TVA Sports tente de survivre, c'est justement Patrick Lalime qui devient le point de bascule d'une soirée qui aurait pu être gagnante.

Sa sortie contre Ovechkin a eu l'effet inverse. Un commentaire de trop. Une attaque qui tombe à plat. Un tir à blanc.

Et c'est là qu'on comprend toute la fragilité de TVA Sports.

Pendant que RDS fracasse ses records de cotes d'écoute pour un match de saison régulière (1,3 million de téléspectateurs en moyenne, le plus haut depuis dix ans), TVA Sports se bat pour exister, rêve d'une sous-licence de Rogers qui n'arrivera peut-être jamais, et vit sur la corde raide, chaque soir.

Et c'est dans ce contexte que l'on voit un Patrick Lalime traiter Ovechkin de paresseux. Un mot qui, dans les circonstances, fait mal. Parce que si on veut être honnête, ce n'est pas Ovechkin qui a été paresseux ce soir-là. C'est TVA Sports qui a été paresseuse pendant douze ans.

Paresseuse dans son refus d'écouter les critiques. Paresseuse dans son entêtement à imposer des analystes qui n'ont jamais connecté avec la foule.

Paresseuse dans sa gestion de talents. Paresseuse dans son refus d'innover. Paresseuse dans sa manière d'aborder le public comme des clients captifs.

Et maintenant, à l'aube d'une mort annoncée, tout le monde semble vouloir blâmer les conditions extérieures : le prix du contrat avec la LNH, la domination de Rogers, l'injustice du marché publicitaire.

Mais la vérité est ailleurs. Elle est dans les choix à l'antenne. Dans les visages qu'on a décidé d'exposer. Dans les silences trop longs. Les opinions trop tièdes. Les segments sans impact.

Le public québécois est un public passionné, intelligent, réactif. Il ne demande pas qu'on lui dise quoi penser. Il veut qu'on pense avec lui. Qu'on vibre avec lui. Qu'on vive l'émotion du hockey. Et Patrick Lalime, malheureusement, n'a jamais réussi à être cette voix.

En ce sens, le but d'Ovechkin en prolongation n'était pas qu'une claque dans la face à Lalime. C'était un rappel que le hockey est un sport où l'humilité est reine. Où il ne faut jamais enterrer un guerrier avant la fin. Et surtout, où les commentateurs ne peuvent plus se permettre d'être déconnectés de la réalité.

Et pendant ce temps, chez Québécor, les finances saignent. Des pertes de 300 millions de dollars. Une chaîne YouTube lancée à la dernière minute. Des contrats de commentateurs dispendieux. Des stratégies qui arrivent toujours avec deux ou trois ans de retard.

Et maintenant, un public qui se tourne massivement vers Sportsnet pendant les séries. Vers le confort. Vers la passion. Vers des voix qu'on reconnaît. Qu'on aime. Qu'on défend. Même en anglais.

Il est peut-être déjà trop tard pour sauver TVA Sports. Mais si une fenêtre existe encore, elle passe par des choix éditoriaux radicaux.

Il faut couper dans le gras. Briser les habitudes. Ramener des visages qui parlent au public. Donner de la voix à ceux qui comprennent le hockey. Qui vivent le hockey. Qui aiment le hockey.

Et surtout, arrêter de faire comme si le micro était une chaire. Le micro, c'est un lien. Un pacte de confiance. Et Patrick Lalime a brisé ce pacte depuis longtemps.

Il est temps de tourner la page. Pour vrai. Avant qu'Ovechkin ne marque un deuxième but, en direct cette fois, dans le filet vide qu'est devenue TVA Sports.