La ville de Québec, longtemps perçue comme une forteresse de passion pour le hockey, semble cette fois-ci prête à faire entendre sa voix de manière cinglante
Les citoyens de la capitale ne sont pas dupes : ils savent que Pierre-Karl Péladeau a abandonné le projet de ramener les Nordiques, une trahison qu'ils ne sont pas prêts à pardonner.
Sa récente amitié avec Geoff Molson, le propriétaire des Canadiens de Montréal, en est la preuve. Et le message des Québécois est clair : ils ne seront pas les jouets de ses ambitions fluctuantes.
À un mois de la venue des Kings de Los Angeles au Centre Vidéotron, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les quelque 36 000 billets disponibles pour les deux matchs hors concours contre les Panthers de la Floride et les Bruins de Boston, seulement 24 000 ont trouvé preneurs.
Si le match contre les Bruins attire légèrement plus, avec environ 14 000 billets vendus, celui contre les Panthers, champions en titre de la LNH, peine à susciter l’engouement avec seulement 10 000 à 11 000 sièges occupés.
Le contraste est saisissant : les Bruins, une équipe que les Québécois aiment détester, attirent plus de spectateurs que les récents champions de la Coupe Stanley.
Mais ce n’est pas tant un désintérêt pour les Panthers qu’un acte de protestation silencieuse contre Péladeau.
Les amateurs de hockey à Québec envoient un message fort : ils refusent de payer pour des événements qu’ils considèrent comme une mascarade, une tentative désespérée de remplir un amphithéâtre construit pour accueillir une équipe qui ne viendra jamais.
Cette situation illustre bien le malaise qui règne dans la capitale provinciale.
Le Centre Vidéotron, fleuron de la capitale, devait être le temple de la renaissance des Nordiques. Mais aujourd'hui, il n'est que le théâtre de matchs sans saveur, dénués de toute véritable signification pour une population qui attend autre chose qu’un simple spectacle de passage.
La subvention de 5 à 7 millions de dollars offerte par le gouvernement Legault pour organiser ces matchs n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu, provoquant une vague de critiques qui ne s’estompe pas, alors que les contribuables continuent de payer pour le Centre Vidéotron, sans équipe de la LNH à se mettre sous la dent.
Il est évident que les amateurs de hockey de Québec se sentent trahis. L’idée que Péladeau, autrefois le porte-étendard du retour des Nordiques, puisse maintenant jouer la carte de l’amitié avec Geoff Molson, perçu comme l’un des principaux opposants à ce retour, est une pilule amère à avaler.
Inutile de rappeler que Péladeau et Molson sont maintenant les deux meilleurs amis du monde, alors que PKP a invité son ancien rival dans sa loge des Alouettes pour discuter des droits du CH et de la LNH, alors que le contrat de TVA Sports se termine en 2026.
Si les Kings et les Panthers se retrouvent à jouer devant des gradins à moitié vides, ce ne sera pas faute d’intérêt pour le hockey, mais bien une manifestation du ras-le-bol des fans.
Ce mécontentement est d'autant plus palpable lorsqu'on observe les prix des billets. Les sièges restent désespérément invendus, malgré des offres incluant des séances d'autographes et des entraînements publics gratuits.
Au-delà du boycott des matchs, c’est la politique de tarification qui alimente la grogne des partisans. Des billets pour ces matchs préparatoires sont vendus à des prix exorbitants, avec certains sièges atteignant 170 $.
Ces tarifs, jugés scandaleux par de nombreux amateurs, sont difficiles à justifier, surtout pour des matchs qui n’ont aucune réelle signification compétitive.
Le contraste est d'autant plus frappant lorsqu'on considère que des sièges bien situés dans la partie inférieure de l’amphithéâtre restent invendus, à 140 $ ou 110 $, tandis que les sections supérieures, proposées à 75 $ ou 85 $, peinent à trouver preneur.
Ce désaveu populaire résonne comme un avertissement pour Péladeau et Quebecor. La patience des Québécois a ses limites, et elle semble avoir atteint un point de non-retour.
Loin de se laisser berner par des annonces spectaculaires, les citoyens de Québec réclament du concret. Et si Péladeau croit pouvoir acheter leur soutien en leur offrant quelques matchs hors concours, il se trompe lourdement.
Cette situation laisse entrevoir un malaise plus profond. Le Centre Vidéotron, géré par Quebecor, se retrouve désormais dans une impasse.
Péladeau, en essayant de maintenir l’illusion d’un retour possible des Nordiques tout en tissant des liens avec Molson, a peut-être sous-estimé l’intelligence et la détermination des amateurs de hockey de Québec.
La vente de billets pour ces deux matchs en est la preuve : les Québécois ne se laisseront plus manipuler. S’il n’y a pas de Nordiques, il n’y aura pas de soutien aveugle à ces événements temporaires et dénués de véritable passion.
La ville de Québec, autrefois prête à tout pour ramener son équipe bien-aimée, semble aujourd’hui prête à tourner la page, mais pas avant d’avoir fait comprendre à Pierre-Karl Péladeau qu’elle ne tolérera plus les mensonges.
Québec ne se contentera pas de miettes.
Le mécontentement des Québécois est amplifié par l’état actuel du Centre Vidéotron, autrefois un symbole d'espoir et d'attente fébrile pour les partisans de hockey de Québec, mais qui est devenu aujourd'hui un monument à la déception.
Alors qu'il s'apprête à célébrer ses dix ans, il est déjà passé date.
La récente révélation selon laquelle le système de contrôle d'accès du centre est en fin de vie n'est qu'une goutte de plus dans un océan de déceptions.
"Le Centre Vidéotron va fêter ses 10 ans l’année prochaine. Il prend de l’âge. Un audit récent d’une firme d’ingénierie a conclu que le système de contrôle d’accès des portes et des ascenseurs était « en fin de vie utile ». (crédit: La Presse)
"L’agglomération de Québec vient de débloquer 350 000 $ pour le mettre à jour."
Cette dépense encore payée par les contribuables met en lumière le vieillissement prématuré d'une infrastructure qui devait être le joyau de la ville, mais qui, en l'absence d'une équipe de la LNH, est déjà en train de s'effondrer.
Pierre-Karl Péladeau a menti à la population de Québec.
Normal que les habitants de la ville aient pris une décision collective sans pitié: ils ne se laisseront plus berner par des promesses non tenues et des événements de bas-étage.
Le Centre Vidéotron est désormais un monument de désillusion, et les prix exorbitants des billets pour regarder une équipe ennuyeuse comme les Kings ne font qu’accentuer ce sentiment d’injustice.
Pierre-Karl Péladeau était perçu comme le sauveur du hockey à Québec.
Mais son mensonge ne tient plus dans le coeur des Québécois.