Le ciel tombe sur la tête de Samuel Montembeault

Le ciel tombe sur la tête de Samuel Montembeault

Par David Garel le 2025-01-13

Pour Samuel Montembeault, l’avenir qui semblait autrefois prometteur est aujourd’hui parsemé de nuages sombres.

À 28 ans, le gardien québécois fait face à une pression grandissante, amplifiée par l’ascension fulgurante de Jakub Dobeš et les attentes autour de Jacob Fowler, sans oublier les évaluations peu flatteuses de ses pairs et experts de la LNH.

Le ciel s’est mis à lui tomber sur la tête, morceau par morceau, créant un véritable cauchemar pour celui qui aurait dû s’imposer comme le gardien numéro un du Canadien de Montréal.

The Athletic a publié un classement des gardiens partants de la LNH, divisant les 32 titulaires en quatre catégories allant de « Prétendant au Vézina » à « Partant bas de gamme ».

Malheureusement pour Montembeault, il figure dans la quatrième et dernière catégorie, étiqueté comme un faible gardien numéro un.

Classé 26e, derrière MacKenzie Blackwood de l’Avalanche du Colorado et à égalité avec Darcy Kuemper des Kings de Los Angeles, Montembeault ne reçoit que peu d’éloges.

S’il est reconnu pour son intensité et sa capacité à voler des matchs à l’occasion, il est également critiqué pour son incapacité à établir sa place comme un véritable numéro un.

Un entraîneur des gardiens anonyme a d’ailleurs souligné un point cruel :

« Pour moi, ce n'est pas un bon partant. Si tu n’es pas un gardien titulaire établi à 27 ans, alors tu ne le deviendras pas.

À cause de cela, et du fait qu’il n’a joué que 144 matchs à 27 ans, je ne le vois pas devenir un numéro un. »

À 28 ans, Montembeault semble déjà avoir dépassé cette fenêtre d’opportunité.

Avec une fiche de 15-15-3, une moyenne de buts alloués de 2,88 et un pourcentage d’arrêts de .901, Montembeault peine à convaincre.

Ces statistiques le placent parmi les gardiens les moins performants de la ligue (parmi les numéros un), malgré une défense du Canadien qui s’améliore progressivement.

Et même si certains experts vantent sa ténacité et son feu intérieur, d’autres s’inquiètent que cette intensité ne finisse par le brûler, à la fois mentalement et physiquement.

« Le gars est intense. Ça se voit dans ses yeux avant le match."

« Je m’inquiète qu’il finisse par s’épuiser sur une saison complète en étant aussi concentré. »

Le contrat de trois ans signé par Montembeault la saison dernière, d’une valeur de 3,15 millions de dollars par année, semble lui aussi symptomatique de la perception de l’organisation à son égard.

En refusant de lui accorder un salaire reflétant le statut d’un véritable numéro un, et en n'incluant pas une clause de non-échange, le Canadien a clairement laissé entendre qu’il voyait Montembeault comme une solution temporaire.

Ce contrat arrive à échéance à l’été 2027.

D’ici là, Montembeault devra non seulement tenir tête à Jakub Dobeš, qui s’impose déjà comme un prétendant sérieux pour le poste de gardien partant, mais aussi le prodige Jacob Fowler qui va tourner professionnel la saison prochaine.

Le véritable cauchemar de Montembeault réside dans l’émergence de Jakub Dobeš. Avec des débuts fracassants dans la LNH, affichant une moyenne de buts alloués de 0,97 et un pourcentage d’arrêts de .948 en trois matchs (trois victoires), Dobeš a prouvé qu’il avait tout pour devenir un gardien élite.

David Wilkie, l’ancien choix de premier tour des Canadiens et entraîneur de Dobeš dans la USHL, l’a décrit comme un athlète exceptionnel, capable de faire des arrêts impossibles et doté d’un mental d’acier.

La montée en puissance de Dobeš rend la situation de Montembeault encore plus précaire. Alors que le CH tente de ménager les émotions de son gardien québécois en le désignant comme numéro un, le talent brut et les performances spectaculaires de Dobeš rendent cette stratégie difficile à maintenir.

En plus de la compétition interne, Montembeault doit composer avec une pression extérieure croissante. Les critiques de ses pairs, les classements peu flatteurs et les attentes des partisans contribuent à alimenter un environnement où chaque erreur est amplifiée.

Lorsqu’un gardien est perçu comme une solution transitoire plutôt qu’un pilier à long terme, chaque match devient un test pour prouver sa valeur.

Cette pression constante a un coût. Si Montembeault peine à répondre aux attentes "des experts", non seulement sa place au sein du Canadien sera compromise, mais sa valeur sur le marché des échanges ou en tant qu’agent libre pourrait également en souffrir.

Avec Jakub Dobeš déjà sur une trajectoire ascendante et Jacob Fowler en préparation, l’avenir du Canadien semble se dessiner autour de jeunes talents prometteurs.

Montembeault, lui, se retrouve dans une position où il devra non seulement se battre pour conserver sa place, mais aussi prouver qu’il mérite mieux que le titre de solution temporaire.

Pour Montembeault, le ciel qui tombe sur sa tête n’est pas simplement une question de performances sur la glace.

C’est une accumulation de décisions organisationnelles, de critiques extérieures et de compétition interne qui transforme chaque jour en un défi existentiel.

Le temps joue contre lui, et chaque match où Jakub Dobeš brille renforce l’idée que le véritable avenir du filet montréalais ne l’inclut pas.

À moins d’un revirement spectaculaire, il est difficile d’imaginer un scénario où Montembeault parvient à renverser cette dynamique.

La situation de Samuel Montembeault est l’illustration parfaite de la brutalité du monde de la LNH. Peu importe la loyauté ou l’effort, ce sont les résultats et le potentiel à long terme qui dictent les décisions.

Pour Montembeault, le cauchemar n’est peut-être qu’à ses débuts, et l’issue semble de plus en plus inévitable : le ciel ne cesse de s’assombrir.

Un autre point soulevé dans l’analyse de The Athletic est la possibilité pour le Canadien d’échanger Montembeault à une équipe en quête d’un gardien fiable.

Un entraîneur des gardiens a même mentionné qu’il serait curieux de voir un prétendant au titre faire un mouvement pour l’acquérir :

« S’ils veulent l’échanger, je pense qu’une équipe qui a besoin d’un gardien pourrait faire un geste. »

Cependant, cette hypothèse renforce l’idée que Montembeault est perçu davantage comme une option secondaire ou de transition que comme un gardien partant de qualité à long terme.

Samuel Montembeault est à un carrefour de sa carrière. D’un côté, il possède les outils nécessaires pour briller, comme en témoignent certaines de ses performances.

Mais de l’autre, son manque de constance et l’émergence de jeunes talents comme Jakub Dobeš et Jacob Fowler rendent son rôle de plus en plus incertain.

Le Canadien de Montréal semble avoir défini son rôle : une solution temporaire en attendant la relève. Pour Montembeault, ce constat est difficile à accepter, surtout lorsqu’il sait qu’il est jugé non seulement sur ses performances actuelles, mais aussi sur un passé qui ne joue pas en sa faveur.

Dans un environnement aussi compétitif que la LNH, la fenêtre d’opportunité est étroite.

Et pour Montembeault, chaque match pourrait bien être un pas de plus vers une sortie inévitable de Montréal.