Patrick Roy nous a donné la chair de poule.
Le Roi n’a rien laissé sous-entendre. Ce soir, alors qu’il s’apprête à affronter l’Avalanche du Colorado avec les Islanders, Roy a mis son cœur sur la table, livrant des aveux qui donnent des frissons dans le dos.
Cet homme a su dévoiler ses failles avec humilité. C’est une belle leçon d’humanité qu’il nous offre en revenant sur un passé en montagnes russes, en avouant ses erreurs et en parlant de son amour intact pour le hockey.
« J’ai dû apprendre à attendre »
Patrick Roy a dû regarder profondément en lui après son départ brusque de l’Avalanche en 2016, à un moment où sa chimie avec avec le directeur général et l'un de ses meilleurs amis, Joe Sakic s’était effondré.
« Je savais qu’en démissionnant, il était possible que je ne retrouve plus jamais de poste d’entraîneur dans la LNH. Mais jamais je n’aurais pensé que cela prendrait aussi longtemps », confie-t-il.
Après des années sans coacher, Roy a pris la décision de retourner dans le junior avec les Remparts de Québec. Ce choix lui a permis de renouer avec la victoire, menant son équipe à la conquête de la Coupe Memorial en 2023.
Mais une fois ce défi relevé, le silence a repris.
« J’ai eu quelques entrevues avec des équipes de la LNH, mais rien n’a fonctionné. Je savais que la seule certitude à ce moment-là était que je pouvais finir ma carrière sur un parcours de golf », avoue-t-il.
Le retour de Roy à Denver ce soir marque plus qu’un simple match. Ce sont des retrouvailles avec une franchise où il a soulevé deux de ses quatre Coupes Stanley et où il a quitté en 2016 sur une note amère.
« J’ai quitté (à trois semaines du camp d'entraînement) en sachant que je ne respectais pas assez le poste que j’occupais », confie Roy avec franchise.
« J’ai pris beaucoup de choses pour acquises, et j’ai honte d’avoir agi ainsi. Mais ces sept années m’ont permis de réaliser tellement de choses sur moi-même et sur ma passion pour le jeu. »
Ces mots ont eu un effet inattendu. Lorsque Matt Duchene, ancien attaquant vedette de l’Avalanche sous Roy, en a entendu parler, il a été surpris.
« On est toujours des débutants dans quelque chose dans la vie », dit Duchene.
« J’admire qu’il dise cela. C’est un compétiteur, il veut toujours apprendre et devenir meilleur. Cela ne me surprendrait pas du tout qu’il ait continué à évoluer. »
Les années ont permis à Roy d’apprendre à mieux gérer son intensité et à canaliser sa passion.
« Ce fut une situation d'humilité pour moi », explique-t-il.
« Parfois, il faut mettre son ego de côté, se regarder dans le miroir et accepter que certaines choses doivent changer si l’on veut revenir dans le jeu. »
Malgré cette introspection, rien ne garantissait qu’une autre équipe de la LNH lui donnerait une chance.
« Je savais que si une opportunité se présentait, je sauterais dessus. »
Et c’est exactement ce qu’il a fait lorsque Lou Lamoriello, directeur général des Islanders, a appelé.
À la veille de ce grand moment de retrouvailles, Patrick Roy ne cache pas sa gratitude :
« Cela signifie beaucoup pour moi, car je le fais par passion. Je le fais parce que j’aime le jeu. Et je le fais parce que je veux gagner la Coupe Stanley. »
Roy se projette dans l’avenir avec la même détermination qui l’a porté tout au long de sa carrière :
« Si j’aime autant entraîner, c’est parce que cela me permet de travailler chaque jour avec les joueurs et de les aider à s’améliorer. Pouvoir le faire avec une équipe de coachs motivée, c’est une situation idéale. »
Voilà une leçon d’humilité pour tous
Patrick Roy revient ce soir à Denver, la ville qui a marqué sa carrière de joueur et d’entraîneur, mais surtout celle où il a appris à devenir un homme différent.
« Ce qui s’est passé était une bénédiction déguisée », dit-il.
« Je ne serais pas le coach que je suis aujourd’hui sans ce parcours difficile. »
Ses aveux résonnent comme une leçon universelle : accepter ses erreurs, apprendre de ses échecs et persévérer avec passion.
En revenant à Denver, Roy montre que la grandeur ne réside pas seulement dans les victoires, mais aussi dans la capacité à se réinventer et à évoluer.
Ce soir, les projecteurs seront braqués sur Patrick Roy. Mais au-delà du match contre son ancienne équipe, c’est une histoire de résilience et de rédemption qui se joue sous nos yeux.
Patrick est un grand homme. Il le prouve encore aujourd'hui.
Le départ de Patrick Roy de l’Avalanche du Colorado en août 2016 peut arrêter de hanter les esprits sept ans plus tard.
La fracture entre Roy et son ancien coéquipier et désormais président du Colorado, Joe Sakic, était profonde malgré les tentatives de ce dernier de minimiser les tensions.
Le conflit, marqué par une lutte de pouvoir et des malentendus, laissait encore planer des doutes sur les véritables raisons qui ont poussé Roy à démissionner et sur l’impact durable de cette séparation brutale.
Joe Sakic en a « marre » de l’image qui lui est attribuée au Québec.
Il est exaspéré d’être perçu comme celui qui aurait organisé une « vendetta » contre Patrick Roy en influençant d’autres directeurs généraux de la LNH pour l’empêcher de retrouver un poste.
Sakic nie fermement cette version des faits et tente de calmer la controverse :
« J’entends les gens dire que nous sommes en conflit. Il n’en est rien. Je continue de jouer au golf avec Patrick en Floride durant l’été. Il est un ami à vie. »
Sakic n'a jamais accepté que l'on dise qu'il était l’homme derrière les coulisses, celui qui a fait en sorte que Roy ne retrouve jamais de poste dans la LNH.
Le 12 août 2016, Patrick Roy a surpris tout le monde en annonçant subitement sa démission, à un mois du début des camps d’entraînement.
Le communiqué, publié par l’agence de relations publiques National, a pris de court l’organisation de l’Avalanche, qui a mis plus d’une heure à réagir avec une déclaration qui faisait du sens.
Ce départ en plein été a laissé un goût amer à l'organisation entière, sans oublier les journalistes et les fans.
« Oui, je lui avais parlé avant [la publication du communiqué]. Je suis content pour lui qu’il n’ait plus à vivre ce stress. Il y pensait depuis quelque temps. Je l’ai remercié pour ses trois années, et je l’ai remercié de me l’avoir dit maintenant. »
Pourtant, les propos de Roy dans le communiqué suggèrent une relation professionnelle rompue par une lutte de pouvoir :
« La vision de l’entraîneur et vice-président aux opérations hockey doit être parfaitement alignée avec celle de l’organisation. Actuellement, ces conditions ne sont pas réunies. »
Les tensions étaient palpables bien avant la démission de Roy. Martin Laperrière, ancien adjoint de Roy chez les Remparts, a senti une lassitude croissante chez lui dès leur dernière rencontre au repêchage à Buffalo.
« Ce n’était plus le même gars. Il semblait tracassé par quelque chose. Quand on parlait de hockey, c’était flou. Mais hors hockey, ça allait mieux. »
Le problème principal semble avoir été une lutte pour le contrôle décisionnel. Roy voulait davantage d’influence sur les décisions concernant l’équipe, mais il s’est heurté aux contraintes de la LNH, notamment le plafond salarial et les négociations avec les agents. Sakic a tenté de clarifier la situation :
« Patrick était consulté sur tout. Mais au fur et à mesure que je m’établissais dans mon rôle, je me fiais davantage à moi-même. Nous avons fini par bâtir une bonne équipe, donc il pouvait se concentrer davantage sur le coaching. »
Cette répartition des rôles a créé des frustrations chez Roy, qui avait l’habitude de prendre rapidement des décisions lorsqu’il dirigeait les Remparts.
Sakic a tenté de minimiser l’importance de ces événements :
« On s’entendait sur tout. Ce n’était pas une question de contrôle, mais plutôt de contribution à la prise de décision. »
Pourtant, l’histoire officielle peine à convaincre, et la rumeur d’une vendetta orchestrée par Sakic persiste. Beaucoup croient encore que Sakic a œuvré dans l’ombre pour bloquer toute tentative de retour de Roy dans la LNH. Le fait que Roy n’ait retrouvé un poste qu’en 2024, sept ans après son départ, alimente cette théorie.
Sept ans après son départ explosif, Patrick Roy revient en LNH avec les Islanders de New York, avec les blessures du passé qui se sont complètement refermées.
Sakic peut nier autant qu’il le souhaite toute hostilité avec Roy, mais les faits parlent d’eux-mêmes : l’un des entraîneurs les plus charismatiques du hockey a été tenu à l’écart du circuit pendant des années.
Roy, quant à lui, se contente aujourd’hui de dire que cette expérience l’a aidé à évoluer. Cependant, une question demeure : le divorce entre Roy et Sakic a-t-il été vraiment pacifique, ou s’agit-il d’une guerre silencieuse qui a laissé des traces à vie?
Ce soir, à Denver, Roy revient sur les lieux de son ancienne gloire avec une équipe différente et un état d’esprit transformé.
Mais le passé ne disparaît jamais complètement, et les regards seront braqués sur ces retrouvailles avec son ancienne équipe.
Les tensions refoulées et les non-dits flottent encore dans l’air, rendant ce retour aussi fascinant que troublant.
Quoi qu’il arrive, une chose est sûre : ce conflit entre deux légendes du hockey aura marqué la LNH à vie.
Patrick Roy a été marqué à vie...et est devenue une bonne personne.