L’affaire fait le tour des réseaux sociaux depuis quelques jours.
Nick Tarnasky, ancien joueur de la Ligue nationale de hockey, a complètement perdu les pédales sur un terrain de golf.
Et ce n’est pas une image. Une vidéo, qui circule abondamment sur X, Instagram et TikTok, montre clairement l’ancien dur à cuire projeter un golfeur dans un plan d’eau, avant de le rouer de coups au sol, tout en criant « BANG! » à répétition, comme s’il était encore en train de dropper les gants sur une patinoire de la LNH.
La scène est surréaliste. Digne d’un combat UFC… en polo.
Mais ce qui choque encore plus, c’est que Nick Tarnasky a déjà porté les couleurs des Bulldogs de Hamilton, club-école du Canadien de Montréal.
Il a donc fait partie de l’organisation du CH, en 2013-2014, sous les ordres de Sylvain Lefebvre, à l’époque où Marc Bergevin venait tout juste d’être nommé directeur général.
Et qui était déjà propriétaire de l’équipe à ce moment-là? Geoff Molson.
L’homme d’affaires doit se passer la main dans le visage aujourd’hui en voyant les images.
Il s’agit d’un acte criminel filmé, d’une honte publique qui rejaillit inévitablement sur les organisations qui ont un jour fait confiance à ce joueur.
Le CH n’a peut-être pas à en répondre officiellement, mais dans l’opinion publique, l’association est faite : cet homme-là a porté l’uniforme du Canadien.
Nick Tarnasky n’est pas le premier ancien joueur du Canadien à se retrouver dans l’eau chaude pour des comportements douteux hors glace.
Depuis des décennies, plusieurs anciens du CH ont traîné leur lot de controverses, au grand dam de l'organisation.
On pense à Guy Carbonneau, capitaine respecté et triple champion de la Coupe Stanley, qui avait fait les manchettes pour avoir lancé un "doigt d'honneur" bien senti, un geste capté en gros plan par les caméras.
Un moment devenu légendaire, mais qui a fait grincer des dents dans les bureaux de la haute direction.
Et que dire de José Théodore, ancien gagnant du trophée Hart, qui avait été vu sur des photos posant en compagnie de membres des Hells Angels.
Une association explosive qui avait mis les relations publiques du Canadien en alerte rouge pendant des semaines. Théodore avait beau nier toute implication criminelle, le mal était fait : l’image du CH, soigneusement bâtie autour de ses légendes et de ses valeurs, venait de prendre une claque.
Tarnasky s’inscrit dans cette lignée d’héritiers involontaires de la honte.
Des gars qui, par leurs gestes, traînent dans la boue l’uniforme qu’ils ont porté, même brièvement.
Et Geoff Molson, malgré tous ses efforts pour redorer le blason du club, se retrouve encore une fois à devoir composer avec l’ombre d’un passé embarrassant.
Il faut se rappeler que Tarnasky n’a jamais été un joueur au style fin et élégant.
Il représentait à lui seul une époque révolue où la rudesse était valorisée, où les poings servaient autant que les patins, et où l'intimidation faisait partie du manuel non écrit du hockey professionnel.
Il a cumulé 297 minutes de pénalité en seulement 245 matchs dans la LNH, une statistique qui parle d'elle-même.
On l’a vu cogner fort à Tampa Bay, jeter les gants à Nashville, bousculer en Floride et tenter de faire sa place à Buffalo.
Il a poursuivi son chemin dans la Ligue américaine, toujours fidèle à sa réputation de dur à cuire.
Sa carrière, qui s'est conclue en 2016-2017, était une succession de confrontations physiques, de combats spectaculaires et de rôles de protecteur attitré.
Il ne marquait pas de buts mémorables, mais ses mises en échec et ses combats faisaient partie de l'ADN de son jeu. Il servait de policier sur la glace, un rôle qu’il a visiblement eu du mal à décrocher.
Le problème, c’est que 13 ans après avoir joué à Hamilton, il agit encore comme un goon… mais dans un champ de golf.
Et c’est là toute la tragédie : incapable de tourner la page, Tarnasky continue d’agir comme s’il portait encore un chandail d’équipe, comme si chaque accrochage social nécessitait une réponse brutale.
Comme si les réflexes de la bagarre n’avaient jamais quitté ses veines.
Qu’est-ce qui a mené à cette altercation? Impossible de le savoir précisément, mais la vidéo montre clairement que Tarnasky n’a pas reculé.
Dès que l’autre golfeur s’approche de lui, il le projette violemment dans l’eau, et lorsque le type revient pour en découdre, l’ancien du CH l’agrippe par le collet comme s’il portait un chandail de hockey, avant de l’envoyer au tapis, coup après coup.
Un spectacle pathétique. Une démonstration de violence pure.
Et le tout filmé par un ami de Tarnasky, qui au lieu d’intervenir, semble trouver la scène divertissante.
L’organisation du Canadien, bien sûr, n’a aucun lien actuel avec Tarnasky. Mais dans une époque où l’image publique est une arme à double tranchant, voir un ancien Bulldog de Hamilton éclabousser le nom du CH de cette manière, ça vient tout de même salir le logo.
Geoff Molson a toujours défendu l’idée que le Canadien, ce n’est pas seulement une équipe. C’est une institution. Une fierté. Une culture.
Mais quand un ancien porte-couleurs se comporte comme un animal en liberté devant des caméras, ça laisse des traces.
À une époque où les jeunes sont scrutés à la loupe, où les comportements sont analysés dès les rangs juniors, il est troublant de constater qu’un ancien pro, père de famille, âgé de 40 ans, puisse perdre les pédales de la sorte.
Et c’est là que le débat s’ouvre : l’héritage de la culture bagarreuse dans le hockey peut-il mener à ce genre de débordements?
Tarnasky est un produit pur de l’époque où on glorifiait les poings, où les bagarres faisaient partie intégrante du spectacle, où les hommes forts étaient des héros sur patins.
C'était l'ère des bras roulés, des combats prémédités, des face-à-face télégraphiés qui excitaient les foules.
Dans ce contexte, Tarnasky a grandi et s’est bâti une identité. Une identité façonnée par la brutalité, par la mission de défendre, d’intimider, de punir.
Mais cette époque est révolue. Aujourd’hui, il reste l’ombre de lui-même, coincé entre les souvenirs de son rôle d’homme fort et une réalité civile qui n’a plus besoin de ses services.
Un monde où les coups de poing ne règlent rien, où les conflits se règlent par la parole ou devant les tribunaux, pas à coups de poing sur un green de golf. Et privé de ce rôle, de cette utilité, Tarnasky dérive.
Il n’a plus de glace pour frapper, plus d’adversaires désignés à remettre à leur place. Il n’a que son quotidien, ordinaire, tranquille… et probablement frustrant.
Et il explose. Une mèche trop courte, une altercation de trop, un terrain de golf transformé en arène.
L’image est désolante, mais terriblement révélatrice d’un mal-être plus profond.
C’est triste. Et c’est inquiétant.
Misère ...
