Le père d’Arber Xhekaj ne pardonnera jamais à Martin St-Louis

Le père d’Arber Xhekaj ne pardonnera jamais à Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-04-05

Arber Xhekaj a-t-il déjà disputé son dernier match avec le Canadien de Montréal?

La question n’est plus taboue. Elle est sur toutes les lèvres. Elle résonne dans les gradins du Centre Bell, dans les coulisses du vestiaire, et surtout dans l’esprit d’Arber Xhekaj lui-même.

Parce qu’à ce stade-ci, à voir l’alignement de Martin St-Louis se cimenter à l’approche des séries, il faut être aveugle pour ne pas constater l’évidence. Le cauchemar d’Arber Xhekaj est devenu réalité.

Martin St-Louis ne le dit pas frontalement — il ne le dira jamais. Mais son message est clair. Il n’a plus besoin d’utiliser des mots. Il utilise Pezzetta.

Quatre matchs consécutifs. Quatre fois que Michael Pezzetta, l’attaquant marginal, le treizième attaquant par excellence, est préféré à Arber Xhekaj.

Comme symbole. Comme message. Parce que lorsqu’un entraîneur décide qu’il est plus logique de faire jouer Pezzetta plutôt que de revenir à une formation à sept défenseurs, c’est qu’il considère qu’un joueur comme Xhekaj est devenu un risque inutile. C’est brutal. C’est humiliant. Et c’est intentionnel.

Et si on ne comprend pas encore la profondeur de l’affront, il suffit d’écouter les commentaires publics de St-Louis. Le coach a dit, sans détour :

« Il n’est plus une recrue. Il doit gérer ça comme un professionnel. »

En langage d’entraîneur, c’est une claque en plein visage. Ce n’est pas un conseil. C’est une dénonciation. Cela veut dire que Xhekaj ne gère pas ça comme un professionnel.

Qu’il fait la baboune. Qu’il ne dégage pas une attitude constructive dans le vestiaire. Et ça, pour Martin St-Louis, c’est impardonnable.

Car St-Louis, on le sait, est un obsédé de la culture d’équipe. Du « buy-in ». Il ne tolère pas l’individualisme, les egos mal gérés, les comportements passifs-agressifs qui plombent un groupe en pleine mission.

Le CH est en feu. Le vestiaire est soudé. L’ambiance est bonne. Alors quand un joueur, aussi populaire soit-il auprès du public, décide de bouder, refuse de parler aux journalistes, et traîne son ego comme une valise trop lourde, St-Louis ne pardonne pas.

Et que fait-il pour passer son message? Il encense Michael Pezzetta. Il le met sur un piédestal. Il le décrit comme un exemple de professionnalisme, de constance, de patience. Il vante son attitude.

Il le qualifie de joueur prêt à tout pour l’équipe. Il lui donne une vitrine. Pas parce qu’il croit que Pezzetta est meilleur que Xhekaj. Mais parce que Pezzetta est ce que Xhekaj refuse d’être en ce moment : un bon soldat.

C’est ça, la réalité sans pitié. Arber Xhekaj est devenu, malgré lui, un cas de gestion interne. Un dossier embarrassant que Martin St-Louis gère avec une poigne de fer sous des gants blancs. Officiellement, tout va bien. Officieusement, la fracture est énorme entre les deux hommes.

De plus en plus de journalistes et d’anciens joueurs commencent à suggérer une solution d’urgence pour sortir Arber Xhekaj de son purgatoire : le faire jouer à l’attaque.

Certains avancent qu’il pourrait remplacer Michael Pezzetta sur le quatrième trio, qu’il pourrait apporter une dimension physique semblable, tout en étant plus intimidant.

Mais Martin St-Louis l’a clairement indiqué : il n’utilisera pas Xhekaj à l’attaque. Il ne le voit pas dans ce rôle. Il ne le veut pas dans ce rôle. C’est une impasse totale pour le Shérif, qui voit ses options s’effondrer les unes après les autres.

Pendant que Pezzetta dispute match après match, voilà qu’Oliver Kapanen débarque de Suède. Un centre talentueux, rapide, discipliné, qui a connu une saison phénoménale à Timra. Il s’ajoute à l’alignement comme un élément de profondeur… mais surtout comme une autre barrière pour "Arber Xhekaj l'attaquant".

Car si Pezzetta reste, et que Kapanen entre, il n’y a plus aucun espace pour ramener Xhekaj, ni à la défense, ni à l’attaque.

À ce point-ci, on ne parle plus d’une simple décision d’alignement. On parle d’un message organisationnel clair : Arber Xhekaj n’est plus dans les plans.

Ce n’est pas seulement sportif. C’est politique. C’est symbolique. Le surnom de « Shérif »? St-Louis l’a nié publiquement.

Il a menti en conférence de presse. Il a dit que « personne dans le vestiaire ne l’appelle comme ça », alors que tous ses coéquipiers — même Cole Caufield dans Spittin’ Chiclets — ont confirmé que ce surnom est bien réel. Ce mensonge-là, personne ne l’a oublié. Et Xhekaj encore moins.

Car il faut le dire : cette saga a profondément affecté le lien entre l’entraîneur et son joueur. Le clan Xhekaj, incluant son père, s’est montré ouvertement offensé par le traitement médiatique réservé à Arber.

Il ne pardonnera jamais à Martin St-Louis. Cet homme a fui le Kosovo et a élevé ses fils à la dure dans un contexte d’immigration et de survie. Il a toujours été le moteur derrière le succès de ses enfants.

Fier, passionné et intensément impliqué, il a vu son fils se battre, littéralement et symboliquement, pour se tailler une place dans la LNH sans jamais avoir été repêché.

Il a vu Arber devenir un symbole d’espoir pour les familles issues de milieux modestes, un guerrier respecté, un modèle d’acharnement.

Et aujourd’hui, il assiste, impuissant, au mépris subtil mais constant de Martin St-Louis envers son fils. Pour lui, le mensonge public sur le surnom “Shérif” a été une trahison. Le congédiement déguisé de son fils, une humiliation.

Ce père, qui a tout sacrifié pour offrir un avenir à ses enfants, ne pourra jamais digérer qu’un entraîneur en qui il croyait ait choisi de briser, à petit feu, ce rêve.

La famille Xhekaj a même affiché publiquement des vêtements à l’effigie du « Shérif » pour marquer son désaccord.

Et Arber, loin de vouloir tourner la page, a capitalisé sur son surnom en signant des partenariats publicitaires à l’extérieur de la glace. Une déclaration d’indépendance. Un bras d’honneur au système.

Martin St-Louis, qui prône le collectif avant tout, n’a jamais digéré ce genre d’initiatives. Dans son esprit, ça démontre un manque de concentration.

Une volonté d’être une marque avant d’être un joueur d’équipe. Pour lui, Arber Xhekaj est devenu un problème culturel. Et quand un coach classe un joueur dans cette catégorie, il n’y a qu’une seule issue : la sortie.

Alors oui, la question se pose avec insistance : Arber Xhekaj jouera-t-il un autre match avec le Canadien?

Car même si une blessure survient, même si un défenseur tombe au combat dans les prochains matchs, il est difficile d’imaginer que St-Louis reverra volontairement à Xhekaj.

Il a maintenant Struble qui joue du hockey solide, Guhle qui est de retour fort comme jamais et Lane Hutson qui brille de tous ses feux. Et surtout, il a une équipe qui gagne.

Et quand une équipe gagne, les entraîneurs ne changent pas leur alignement. C’est une règle non écrite du hockey. L’alignement est figé pour les séries. Et Arber Xhekaj est à l’extérieur de cette formation-là.

Un joueur mis de côté à répétition, remplacé par Pezzetta, écarté malgré le jeu robuste des séries… c’est plus qu’une absence. C’est une exécution en douceur.

Et si on ajoute à cela les tensions déjà connues entre Xhekaj et l’état-major, les conflits de personnalité, les divergences de valeurs, les rumeurs de transaction qui circulent depuis des semaines… alors oui, il faut le dire : le match du 28 mars contre les Hurricanes pourrait bien être le dernier d’Arber Xhekaj dans l’uniforme du Canadien de Montréal.

Et ce serait un dénouement triste, amer, mais prévisible. Car dans cette organisation, l’individu n’est jamais plus grand que le groupe.

Et peu importe le talent brut, peu importe la popularité, quand un joueur perd la confiance de son coach… il ne revient jamais vraiment.