C’est l’histoire de deux joueurs qu’il ne faut surtout pas inviter au même party. Caleb Desnoyers et Justin Carbonneau.
Tous deux rêvent de connaître leurs plus beaux jours avec le Canadien de Montréal. Tous deux s’attendent à entendre leur nom prononcé par Kent Hughes au repéchage. Et tous deux risquent d’être cruellement déçus si l’autre lui vole sa place.
Car l’équation est simple : si le CH ne s’avance pas dans le top 5, il ne repêchera pas Caleb Desnoyers. Et si le CH garde ses choix 16 et 17, il est presque certain que Justin Carbonneau deviendra un joueur du Canadien. L’un évince l’autre. C’est le choc de deux rêves. Deux volontés. Deux orgueils.
Desnoyers a lancé un appel sans ambigüité :
« Si vous me voulez, vous allez devoir monter. »
C’est une déclaration qui a déjà fait grincer les dents de plusieurs équipes. Parce qu’elle traduit une confiance absolue, voire une certitude arrogante : Desnoyers veut aller à Montréal.
Et pas ailleurs. Dans les coulisses du Combine, il a confié :
« Je veux être dans un gros marché. Je veux sentir la pression. Je veux porter ça sur mes épaules. »
Il a ensuite ajouté :
« J’ai toujours rêvé de jouer au Centre Bell. Si le Canadien pense que je peux l’aider à gagner, ils doivent bouger. »
Puis, en regardant du coin de lœil les dirigeants montréalais :
« Je suis un gagnant. Et je suis fait pour cette ville. »
Cette assurance s’appuie sur des chiffres spectaculaires. Desnoyers a empilé 84 points en 56 matchs avec les Wildcats de Moncton, puis a mené son équipe au titre de la LHJMQ avec 30 points en 19 matchs éliminatoires.
Et voilà qu'il est au centre d'un revirement de situation. Il est maintenant classé par plusieurs comme le deuxième meilleur espoir du repéchage, derrière Matthew Schaefer, et devant des noms comme Michael Misa, Porter Martone ou James Hagens.
Mais le Canadien, lui, ne repêche pas dans le top 5. Pas encore. Le Mammoth de l'Utah, avec son quatrième choix au total, fait trembler les lignes téléphoniques. L'équipe exige un joueur établi. Un vrai. Et le CH n'en a pas sous la main, du moins pas sans sacrifier un pilier de son avenir.
Offrir les choix 16 et 17? Logan Mailloux? C’est bien. Mais ce n’est pas ce que cherche Utah. Ils veulent du réel. Pas du potentiel.
Et à l’inverse, si Kent Hughes garde ses choix, il pourrait s’offrir Carbonneau. Un ailier droit au style franc, direct, physique, intense. L’opposé parfait de Desnoyers.
Justin Carbonneau, selon un dépisteur :
« Il fait beaucoup de choses que les équipes de la LNH vont adorer. Il est difficile à contenir, il frappe, il patine bien, et il a une vraie offense. »
Carbonneau, ce n’est pas autant glamour que Desnoyers. Il travaille comme un fou sur la glace, et il est perçu comme un véritable atout pour les séries.
On parle d'un joueur complet, intense et redoutable dans les séries. À 6 pieds 1 pouces et 191 livres, il est imposant, avec son énergie constante, sa robustesse et une bonne vision du jeu. Il a récolté 64 points en 62 matchs cette saison, en plus de se distinguer en séries.
Plusieurs recruteurs le décrivent comme un joueur fait pour les séries éliminatoires, et un ailier qui ne lâche jamais le morceau. Son entrevue avec le Canadien a marqué l’organisation.
Mais la véritable question est la suivante : comment le Canadien peut-il, en 2025, prétendre à un avenir compétitif sans sécuriser un centre du top 6? Le repêche-t-on dans le top 3 avec Desnoyers? Ou s’en remet-on encore à Suzuki et Dach?
Tout indique que le CH n’aura pas le luxe d’attendre. Et c’est là que les destins de Desnoyers et Carbonneau deviennent tragiquement incompatibles.
L'expert des espoirs, Scott Wheeler, dans son "mock draft", voit le CH s’intéresser à Cameron Reid au 16e rang. Puis, au 17e, à un trio d’ailliers : Lakovic, Bear et Carbonneau. Pas un seul centre. Pas un.
Reid, le défenseur projeté au 16e rang par Wheeler, est un arrière gaucher de 6 pieds et 183 livres qui a joué dans la OHL cette saison.
Il a récolté 54 points en 67 matchs en saison régulière, et 5 points supplémentaires en 14 matchs éliminatoires. C’est un défenseur mobile, extrêmement intelligent dans ses lectures de jeu, qui joue avec calme et assurance dans sa zone.
Plusieurs recruteurs voient en lui un Jake Sanderson "léger", avec un potentiel de top 4 s’il développe un peu plus son physique.
Reid n’a pas un jeu flamboyant, mais son sens du hockey impressionne par sa constance. Il a visiblement tapé dans l’œil de la direction du Canadien de Montréal, qui aimerait ajouter un défenseur plus fiable et moderne dans son système.
Lynden Lakovic est un ailier gauche de 6 pieds 1 pouce et 190 livres. Il possède un bon coup de patin, mais ses efforts défensifs et son engagement physique sont souvent remis en question. Dans plusieurs rapports, on note qu’il a tendance à éviter les zones congestionnées et à rester en périphérie.
Il a néanmoins produit offensivement dans sa ligue junior, récoltant 72 points en 66 matchs. Certains analystes comme Scott Wheeler le voient encore comme un espoir de premier tour, mais des recruteurs de la LNH le classent plutôt comme un choix de fin de première ronde, voire début de deuxième ronde. Son nom ressort au 17e rang, mais plusieurs équipes doutent de sa compétitivité.
Carter Bear, l’ailier gauche au profil puissant, mesure 6 pieds 2 pouces et pèse 205 livres. Il s’est fait remarquer par son intensité physique, sa capacité à finir ses mises en échec, et son flair offensif. Il a inscrit 28 buts et 33 passes pour 61 points en 60 matchs cette saison.
Bear a été l’un des joueurs les plus redoutés dans les coins de patinoire, et son style de jeu rappelle Josh Anderson à son meilleur. Ce n’est pas un joueur spectaculaire, mais il est efficace, dévoué et extrêmement compétitif. Le Canadien s’intéresse vivement à lui pour renforcer son identité physique à l’aile. Il fait partie du trio hésité par Wheeler au 17e rang.
Scott Wheeler a été clair : « Même s’ils ont besoin d’un centre, je ne crois pas qu’ils doivent sélectionner Braeden Cootes ou Cole Reschny. »
Braeden Cootes est un joueur de centre de 5 pieds 11 pouce, reconnu pour son flair offensif, mais son jeu sans la rondelle laisse à désirer selon certains recruteurs.
Il a connu une saison productive avec 77 points, mais son style est plus individualiste, et certains le comparent à Dylan Holloway, en version moins complète. Wheeler le place au 18e rang, mais le CH semble l’éviter.
Cole Reschny, un autre centre classé au 19e rang, est plus petit (5 pieds 11 pouces) mais très dynamique. Il a amassé 82 points cette saison et est perçu comme un joueur cérébral. Son principal handicap reste son gabarit. Le Canadien pourrait chercher à éviter un autre pari du genre. Reschny a pourtant bien performé dans les entrevues, mais il ne semble pas être une priorité.
Le fait que le CH rejette ces deux joueurs est une gifle pour tous ceux qui croient qu’on repêche selon les besoins. Ça sent la même erreur qu’en 2018. Quand le CH a laissé filer Brady Tkachuk ey Quinn Hughes pour prendre Kotkaniemi, simplement parce qu’il était un centre.
Mais cette fois, c’est l’inverse : on risque de passer à côté d’un centre élite, Desnoyers, pour aller chercher un défenseur (Reid) ou un ailier (Carbonneau).
Et n’oublions pas que Kent Hughes continue de flirter avec l’idée d’ajouter Nicolas Hague, un défenseur gaucher de 6'6, à sa brigade. Pourtant, le CH est déjà bourré à gauche : Guhle, Hutson, Matheson, Xhekaj, Struble, Engstrom...
Ce qui fait dire à plusieurs que Xhekaj pourrait partir. Peut-être contre un choix plus haut. Peut-être dans un paquet pour Desnoyers.
Le CH est dans un coin. S’il reste passif, il aura Carbonneau. Et Desnoyers ira ailleurs. S’il bouge, il pourrait frapper un coup de circuit.
Mais les deux joueurs le savent. Et ils se regardent du coin de lœil.
Parce que le jour du repêchage, c’est l’un ou l’autre.
Jamais les deux.