Les propos de Vladimir Malakhov ont refait surface comme un vieux rappel brutal de ce qu’est réellement jouer à Montréal.
Pas les lumières. Pas la passion. Pas les éloges faciles.
Non!
Le choc frontal avec l’environnement médiatique le plus exigeant de la LNH.
Et si ses mots frappent aussi fort aujourd’hui, c’est parce qu’ils pointent directement vers un jeune prodige qui, lui, n’a encore rien vécu de ça : Ivan Demidov.
Dans une entrevue publiée sur RG.org, l’ancien défenseur du Canadien n’a pas mâché ses mots.
Il s’est ouvert comme rarement auparavant, revenant sur une période où Montréal l’a littéralement broyé, où les critiques l’ont poussé à la frontière du burn-out, et où il a failli tout laisser tomber.
« Ils étaient en train d’écrire des choses négatives, je tentais de réparer mon jeu et je me suis enterré moi-même », explique-t-il.
C’est là qu’on comprend que, pour lui, la pression médiatique de Montréal n’est pas une figure de style.
C’est un test psychologique constant, un terrain glissant où chaque mot, chaque erreur, chaque silence peut se retourner contre toi.
Puis vient la phrase qui, aujourd’hui, sonne comme un avertissement destiné à Demidov :
« Je suis allé voir ma femme en lui disant : Je devrais prendre ma retraite. Elle m’a dit : Es-tu stupide? Arrête de lire ces idiots. »
Voilà. Le mot est dit. Idiots.
Et oui, Malakhov parle bien de certains membres des médias montréalais.
Dans son histoire, cette guerre froide avec le marché l’a complètement étouffé.
Refus d’entrevues, isolement, spirale négative… jusqu’à ce qu’il soit échangé au New Jersey et qu’il réalise, presque choqué : « Attends, je suis capable de jouer. »
Montréal peut te faire oublier qui tu es.
Cette confession résonne aujourd’hui directement dans l’univers d’Ivan Demidov.
Le jeune russe est adoré, célébré, traité comme un joyau rare. Mais ce marché ne laisse aucun répit. La lune de miel finit toujours par finir.
Les attentes explosent dès que tu montres que tu es spécial. Et Demidov est très, très spécial.
Malakhov, qui suit tous les joueurs russes de la LNH, le dit clairement :
« Ce marché est difficile. »
Montréal peut te hisser au sommet, mais peut aussi t’aspirer dans une tempête médiatique qui dépasse ton talent, ton âge et ta patience.
Demidov devra donc apprendre à naviguer là-dedans.
À choisir ce qu’il lit.
À filtrer ce qu’il écoute.
À comprendre que, même si Montréal peut t’aimer, elle peut aussi s’impatienter violemment avec tes erreurs de jeunesse.
À saisir qu’ici, chaque mauvaise période devient une affaire d’État.
Et c’est là que le message de Malakhov prend toute sa force :
« J’ai commencé à refuser les entrevues. Je me suis mis dans un coin. »
C’est exactement le piège que Demidov devra éviter.
Montréal n’aime pas le silence. Montréal interprète. Montréal invente. Montréal décortique.
Le défi, pour Demidov, sera de faire ce que Malakhov n’a pas réussi : survivre au marché sans se couper du marché.
Rester ouvert sans se laisser dévorer.
Protéger sa confiance sans paraître fragile. C’est une ligne mince que seuls les grands traversent indemnes.
Et pour le Canadien, pour l’organisation, pour Martin St-Louis, ce témoignage de Malakhov devrait servir d’alerte : le développement d’un talent comme Demidov ne se fera pas seulement sur la glace.
Il se fera dans les micros, les scrums, les réseaux sociaux, et dans la capacité de l’entourer pour éviter qu’il vive le même naufrage mental que tant d’autres avant lui.
Montréal peut transformer un joueur en superstar.
Montréal peut aussi l’essouffler à en perdre son souffle.
Malakhov l’a appris à la dure. Demidov, lui, arrive juste au début de l’histoire.
À suivre ...
