Julie Bertrand, épouse de Réjean Tremblay, a récemment accordé une entrevue émouvante à Nathalie Normandeau sur les ondes du 98,5 FM. Au cours de cette conversation, Madame Bertrand a laissé libre cours à ses émotions, fondant en larmes alors qu'elle exprimait son choc face à la vague de moqueries et parfois de haine qu'elle a subie sur les réseaux sociaux après son entrevue avec Denis Lévesque.

Le Québec n'a pas accepté ses propos sur le fait que les Québécois étaient complexés face à la richesse des autres, qu'elle aimait la Floride parce qu'elle pouvait rouler avec sa Audi décapotable à 140 kilomètres heures sans se soucier du jugement des autres ou des tickets de vitesse.

En entendant son entrevue, on réalise à quel point Julie Bertrand est complètement différente de l'image de la femme qui a transparu dans l'entrevue avec Lévesque.

"J'étais sur les réseaux, mais j'étais une inconnue. Je faisais ma petite affaire tranquillement. Je ne m'attendais pas du tout à ça. La journée que ça s'est passé, tous les dimanches, j'avais des super belles journées à la maison. Je me remettais d'une opération, il faisait beau à Saint-Adèle."

"J'admirais les chevreuils. Dans la nature, il y avait un spectacle extraordinaire de chevreuils. C'était une belle journée. On cuisinait, j'avais une amie à la maison. Je ne suis pas sur les réseaux, mais j'ai des réseaux. Je vais m'informer, mais je n'étais pas là-dessus. Des amis qui m'aiment ont commencé à m'appeler pour m'avertir, parce qu'ils m'aiment, parce qu'ils voulaient me protéger. Il m'ont dit: Il faut que tu fasses quelque chose, ça va débouler."

"Ces gens-là ne ne me connaissent pas, ne savent pas qui je suis. C'est épeurant de voir toute cette intimidation-là.  Tu sais Nathalie, je suis allée jouer dans le cours des grands, pas préparée. Je suis entièrement d'accord. C'est ça qui m'a insultée. Parce qu'ils ont raison là-dessus. Je suis allée jouer dans le cours des grands, pas préparée. Je suis tellement habituée de parler avec tout le monde que moi dans ma tête, je parlais avec Denis. Oui, c'est ça, exact. Je parlais avec Denis comme quand on s'est parlé au téléphone. Et c'est là mon erreur. Les gens ne connaissent pas, je ne peux pas avoir ce dialogue-là."

"Je suis aussi une "biker". J'ai fait l'Amérique de bord en bord. J'ai fait la Route 66. Et quand on roule en bike, on a aussi devant nous des tempêtes qui arrivent. Alors tu as deux choix. Soit tu t'arrêtes en dessous d'un viaduc, soit tu t'habilles convivialement et tu passes à travers la tempête. Et moi je passe à travers les tempêtes. Parce que je pense dans la vie, il faut passer à travers les tempêtes."

"Alors tu prends tes deux guidons, tu regardes devant toi, puis tu passes à travers la pluie, à travers le vent. Puis ta moto est à 45 degrés, puis tu la tiens bien, bien, bien, bien solide. Et c'est ça que j'ai fait depuis trois jours. J'ai tenu ma moto bien, bien, bien solide. Parce que je ne fais pas d'accident. Parce que je suis prudente. Parce que je ne mets pas la vie de personne en danger. Et c'est ça qui m'a émue. Parce que je suis consciente pour le moment de tout le monde dans ma vie. Je pense à tout le monde autour de moi, sans moi. C'est ça qui m'a émue. J'ai jamais pensé à moi. Je n'ai jamais pensé à moi dans ma vie. J'ai été aisée pour penser aux autres. Et en fin de semaine, c'était la première fois après 25 opérations que je prenais le temps de me reposer."

Lors de cette entrevue avec Lévesque, le public s'est largement concentré sur des aspects superficiels, notamment le décolleté de Madame Bertrand, déclenchant une série de commentaires désobligeants.

Cependant, derrière cette apparente légèreté se cachait une réalité bien plus poignante. Julie Bertrand a révélé que cette journée était la dernière où elle pouvait se permettre de montrer sa poitrine, car elle devait subir une opération pour retirer une partie de son sein, dans le cadre de son combat contre le cancer du sein, maladie contre laquelle elle se bat depuis de nombreuses années.

"À 36 ans, j'ai reçu un diagnostic de cancer du sein. J'ai été opérée jeudi dernier. Mon médecin a retravaillé un DIEP. C'est une reconstruction d'un sein après une ablation suite à un cancer. Que je sois comparée à Linda dans « Invis Gratton » ou à Michel Richard, c'est un honneur. Parce qu'ils ont fait quelque chose d'extraordinaire dans leur vie. On devrait tous apprendre l'une de l'autre au lieu de se bâcher. Il faut dire que les réseaux sociaux répondent à une dynamique particulière. Sur les réseaux sociaux, ça peut être très violent. Je suis une mère de trois enfants. Je livre un combat depuis 17 ans. À l'époque, j'avais 30 % de chances de vivre. Et puis je m'en suis sortie."

La révélation de la véritable raison derrière le décolleté de Madame Bertrand a suscité une prise de conscience collective, transformant les rires moqueurs en une réflexion profonde sur la compassion et la sensibilité envers autrui.

L'entrevue a profondément touché ceux qui l'ont écoutée, faisant naître un sentiment de regret et de tristesse chez certains, en réalisant l'ampleur des préjudices infligés par les jugements superficiels et cruels. 

Nous nous incluons dans ceux qui ont des regrets. On s'est moqué de Madame Bertrand en affirmant qu'elle avait créé le malaise de l'année, car on sentait qu'elle méprisait le Québec et les Québécois. Mais en écoutant son entrevue, on réalise à quel point elle est une femme authentique, qui a fait l'erreur de porter un jugement, quand dans le fond, elle voulait juste dire son opinion.

"Je vais apprendre de mes erreurs. Ça a été un rendez-vous manqué. Qui n'a pas eu une première "date" qui n'a pas marché? Et si vous l'avez, la fille ou le gars, vous revenez. Mais moi, j'aime la vie. Je l'aime parce que la vie va donner une deuxième chance."

"Tu sais, dans le temps, ce que j'ai réalisé, c'est qu'il y a beaucoup de tristesse sur les réseaux sociaux. Les gens sont seuls. Ils ont besoin de sortir cette peine-là. Et ce qui m'a rendue le plus désolée, c'est que ça va être si triste pour nos jeunes. Parce qu'on leur montre qu'ils passent par l'intimidation constamment.

C'est comme si tu savais choisir deux types de forfaits, soit de la gauche ou de la droite. Mais moi, ça ne m'intéresse pas ces forfaits-là. Je vais prendre un petit peu de l'un et je vais prendre un petit peu de l'autre. On peut-tu se parler? Se parler, oui. Sur les réseaux sociaux, c'est un défi.

Cette histoire nous rappelle la fragilité de l'être humain et l'importance de faire preuve de compassion et de compréhension, même lorsque nous sommes tentés par la superficialité et le jugement hâtif.

Julie Bertrand a courageusement partagé son histoire, brisant le silence sur les véritables défis auxquels elle fait face, et nous rappelant que derrière chaque apparence se cachent des histoires complexes et souvent douloureuses.

"Je vais me préparer la prochaine fois. J'ai sous-estimé le décolleté. Parce que je voulais... parce que c'était la dernière fois que je voyais ma poitrine comme ça. Et je voulais secrètement dire aux femmes qui vivent le cancer au sein que j'étais avec elles. Parce que c'est un combat perpétuel, l'image de la femme. Parce que tous les matins, les femmes, on se regarde dans le miroir. On a besoin de se trouver belle, on a besoin d'être forte. Parce que c'est un poids et c'est quelque chose qu'on porte tous les jours, cette image-là. C'est très dur sur nos épaules. La journée qu'on va être fière et belle, ça va tellement bien aller."

Julie Bertrand a été très courageuse de donner cette entrevue à Nathalie Normandeau. On lui lève notre chapeau. Ce fut un grand moment de radio.

On laisse le mot de la fin à Nathalie Normandeau: Puissions-nous tirer une leçon de cette expérience et cultiver davantage de bienveillance dans nos interactions avec les autres, en reconnaissant la valeur de chaque individu et en offrant notre soutien plutôt que notre jugement.

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