Le Centre Bell vibrait encore ce matin. Pas un frisson timide. Pas un murmure. Une onde de choc.
Le Canadien de Montréal a détruit les Maple Leafs de Toronto, et ça, devant tout le pays, devant une Ligue nationale au complet, et devant des millions de partisans convaincus qu’ils verraient une autre soirée typique Toronto–Montréal où tout se joue à un but près.
Pas hier. Hier, ça a été une domination embarrassante.
Et même les Leafs Nation l’a reconnu. Pas à demi-mot. Pas dans un contexte analytique ou poli.
Non : dans le style cru et paniqué qui fait la réputation de Steve Dangle. Le partisan le plus viral de la planète Leafs n’a pas été capable de se retenir, lançant en direct :
« Seigneur. C’est un message. Le CH envoie un message. C’est fou. Ils sont en train de les dominer solide. Dans toutes mes années à regarder des matchs Canadiens–Leafs, y compris cette maudite série éliminatoire, je n’ai jamais vu le CH démolir les Leafs comme ça. Ils sont en train de les tuer. »
Et pourtant, malgré cette humiliation nationale, malgré le score, malgré les séquences où le CH semblait jouer à l’élastique avec Toronto, les partisans des Leafs ont quand même réussi à trouver LA manière d’éteindre l’euphorie de Montréal en cinq mots :
« Matthews et Knies n’étaient pas là. »
Un rappel cruel. Le genre de phrase qui tombe comme un glaçon dans le cou.
Parce que oui, Toronto était privé de son centre numéro un et de son ailier le plus lourd physiquement.
Oui, c’est l’équivalent, pour Montréal, d’affronter les Leafs sans Nick Suzuki et Juraj Slafkovsky.
Oui, ça change un match. Oui, ça change un momentum.
Et honnêtement? Ce n’est pas totalement faux : cette saison, le Canadien peine dès que le noyau adverse est composé de vétérans établis.
Dallas les a étouffés. Los Angeles les a enfermés.
Edmonton les a transpercés. Les Rangers, les Capitals… même scénario.
La seule fois où Montréal avait affronté Toronto avec Matthews et Knies dans l’alignement, c’est le match d’ouverture, et le CH l’a échappé.
Hier, deux top dogs des Leafs manquaient, et soudainement tout s’ouvre.
C’est encourageant ... mais il faut rester lucides : la domination d’hier ne règle pas le problème récurrent du Canadien contre les équipes complètes, profondes, vétéranes.
Disons simplement que Montréal a fait ce qu’il devait faire… contre l’équipe qui était devant lui.
Mais ce que les partisans des Leafs oublient soudainement, c’est que le Canadien, lui, avance depuis des semaines avec un alignement tenu par du duct tape.
Kirby Dach? Blessé.
Kaiden Guhle? Blessé.
Alex Newhook? Blessé.
Patrik Laine? Blessé.
Et ça, c’est sans parler de tous les rappels des joueurs du Rocket qui débarquent dans le cirque et doivent s'ajuster dans un nouveau système.
Alors oui, Toronto était diminué. Mais Montréal aussi. Et pourtant… un seul des deux clubs s’est comporté hier comme une vraie équipe de la LNH.
Sur la glace, Martin St-Louis avait l’air d’un coach qui avait enfin une machine cohérente entre les mains.
Pas une Ferrari comme les Leafs se pensent être. Une équipe structurée, disciplinée, assumée. Dans ses propos d’après-match, il l’a répété plus d’une fois :
« On a joué avec du pace… on a exécuté… on a rendu la soirée difficile pour eux. »
Pas compliqué.
Quand Montréal joue avec ce rythme-là, ce volume-là, cette confiance-là, Toronto a l’air d’une équipe qui cherche ses patins dans le noir.
Mais les partisans des Leafs ont insisté. Ils ont martelé. Et en un sens… ils ont raison.
Ce que Montréal a fait hier, ce n’est pas un verdict final. Ce n’est pas une preuve béton. C’est une démonstration circonstancielle. Un échantillon où un club complet a marché sur un club diminué.
C’est ça, le rappel cruel.
Le rappel qu’une vraie validation… ce sera au prochain affrontement, quand Matthews sera au centre, quand Knies sera sur son aile, quand Toronto aura repris son identité, et quand le CH devra prouver que sa domination d’hier n’était pas juste un accident.
Mais ce que les Leafs Nation refuse d’admettre, c’est que même hier, même diminué, même fragile, Toronto ne s’attendait pas à se faire humilier à ce point.
Dangle l’a crié, la planète l’a entendu, et Martin St-Louis l’a senti lui aussi : Montréal a envoyé un message.
Un message clair.
Le prochain duel sera une autre histoire. Une revanche annoncée. Une soirée où Toronto n’aura plus d’excuses.
Mais en attendant, dans les faits, dans l’émotion, dans les chiffres, dans les images…
C’est Montréal qui a gagné la guerre psychologique.
Toronto peut bien rappeler à Martin St-Louis qu’il manquait des soldats hier.
Le CH, lui, a passé la soirée à leur rappeler qu’un vrai club gagne même quand il manque une armée.
AMEN
