Une patinoire de la LNH transformée en ring de boxe mal éclairé, deux hommes debout, aucune garde, aucun calcul, seulement l’orgueil et l’instinct.
Voilà exactement ce que ce combat entre Arber Xhekaj et Scott Sabourin a été.
Pas un duel technique. Pas une démonstration de courage héroïque. Un lancer de dé humain.
Gaucher contre droitier. Poing après poing. Aucune tentative d’esquive. Personne ne se protège. Personne ne lit l’autre.
Le premier qui pogne le nez tombe. C’est tout.
Ce n’est pas du hockey, ce n’est même pas du “bon vieux hockey tough”. C’est de la vulnérabilité pure exposée en direct.
Cette fois-ci, c’est Scott Sabourin qui est tombé.
Et pas juste tombé sur la glace.
Aujourd’hui, Sabourin est sur la liste des blessés. Officiellement.
Fin du film. Voilà la conséquence réelle de ce genre de scène qu’on romantise encore trop souvent.
Le plus troublant dans toute cette histoire, ce n’est même pas le KO.
C’est ce qui s’est passé juste après.
Arber Xhekaj, encore sur l’adrénaline, comprend immédiatement que quelque chose ne va pas.
Les images le montrent en train d’appeler le personnel médical avec urgence. Pas de célébration. Pas de chest bump.
Pas de regard de victoire. Juste un gars qui vient de réaliser que le jeu a dépassé la ligne.
Parce que cette ligne-là, elle est mince. Ridiculement mince.
On donne le crédit à Xhekaj pour avoir “gagné” le combat. Fine.
Mais soyons honnêtes deux secondes : ce combat-là, tu le refais dix fois, le résultat change cinq fois.
Ce n’est pas une question de domination. C’est une question de hasard.
Un 50 sous lancé dans les airs. Cette fois, il est tombé du mauvais côté pour Sabourin.
Et le prix à payer est lourd.
Sabourin n’est pas un marqueur. Pas un fabricant de jeu.
Son rôle existe uniquement dans ce genre de moment.
Et ce rôle-là, justement, est en train de disparaître… mais pas sans laisser des corps derrière lui.
63 minutes de punition en 9 matchs cette saison.
Voilà le portrait.
Une carrière bâtie sur l’absorption de coups, sur la provocation, sur l’acceptation tacite que le corps va encaisser pour le reste de l’alignement. “Le prix à payer”, qu’ils disent.
Mais à quel point faut-il être archaïque pour encore accepter ça comme normal ?
Deux hommes qui se frappent sans défense, sans technique, sans filet de sécurité, dans une ligue qui parle de santé mentale, de protection des joueurs et de responsabilité sociale.
C’est incohérent. C’est hypocrite. Et surtout, c’est dangereux.
Le pire, c’est que ça aurait pu être Xhekaj.
Même scénario.
Même absence de garde.
Même chute violente.
Cette fois, le hasard a choisi Sabourin. La prochaine fois, qui ?
Le combat n’a rien réglé.
Il n’a pas protégé le jeu.
Il n’a pas rendu la ligue plus sécuritaire. Il a juste ajouté un nom de plus sur une liste de blessés.
Une autre preuve que ce modèle-là ne tient plus.
Et pendant que certains applaudissent encore ce genre de scène comme si c’était une relique glorieuse du passé, la réalité frappe plus fort que n’importe quel poing.
Scott Sabourin est blessé. Officiellement. Concrètement.
Et ce n’est pas une victoire pour personne.
Misère...
