Les vedettes visées, le filet non : Martin St-Louis les expose subtilement

Les vedettes visées, le filet non : Martin St-Louis les expose subtilement

Par André Soueidan le 2025-04-12

Martin St-Louis lance un message codé à ses vedettes en panne sèche

Le message n’a pas été livré dans les cris.

Il n’a pas non plus été transporté par une table renversée ou un bâton fracassé dans le vestiaire.

Non, Martin St-Louis, fidèle à son style feutré mais chirurgical, a préféré manier la langue comme un scalpel bien aiguisé, livrant un message codé mais tranchant.

« Nos intentions étaient là ce soir. On a joué du cœur. Mais on n’a pas été capables d’être opportunistes sur nos chances. »

Ce qu’il voulait vraiment dire, sans le dire trop fort, c’est que ses meilleurs joueurs ont encore manqué la cible. Littéralement.

Parce que dans un match où tu tentes 57 tirs, mais qu’à peine 15 se rendent jusqu’au filet, il y a un problème structurel quelque part.

Un problème d’exécution. Un problème de justesse. Un problème de précision. Un problème de constance.

Et surtout, un problème de finition, ce qu’on attend justement de tes meilleurs éléments dans un match crucial comme celui-là.

Des 57 tentatives de tir, on compte 22 tirs ratés, sans déviation, sans blocage, sans contact avec personne.

Juste des tirs qui ont volé dans le vide, comme des idées sans but dans une rédaction de secondaire 1.

Ça te laisse quoi comme statistiques d’équipe?

Ça te laisse une soirée où plus de 38 % de tes tirs n’ont même pas atteint la cible, ce qui équivaut, au hockey, à tirer dans la noirceur en espérant toucher un lampadaire.

« On a manqué le net beaucoup. On a tenté, mais faut trouver des façons de ne pas frapper des shin pads et des bâtons. »

— Martin St-Louis, les sourcils bas, les mots bien choisis.

Et pendant ce temps-là, Jakub Dobeš, lui, était en mission divine.

Un 5 contre 3 en troisième période contre Matthews, Nylander et Tavares?

Pas de problème. Deux déplacements monstrueux. Une glissade comme s’il dansait un tango sur la ligne bleue.

Un arrêt contre Mitch Marner qu’on reverra encore dans les montages de fin d’année à TVA Sports.

« J’ai vu relâcher. J’ai fait deux poussées. J’ai fait un save. Je ne sais pas… ça a l’air bien. »

Même Dobeš lui-même ne réalisait pas l’ampleur de ce qu’il venait d’accomplir.

Et ça, c’est exactement ce qu’un bon gardien fait : il te donne une chance de gagner un match que tu n’as pas d’affaire à gagner.

Mais pour que cette magie fonctionne, faut que l’autre bout du terrain suive.

Et ce soir, Suzuki, Caufield, Slafkovský, Matheson et compagnie ont été muselés par une défensive torontoise qui n’a jamais cédé.

Et pourtant, le capitaine n’a pas fui ses responsabilités.

« On doit encore aller chercher notre place. Toronto, c’est une équipe profonde, mais on avait un bon plan. »

— Nick Suzuki, lucide, direct, efficace.

Même Kaiden Guhle, qui a encore tout frappé sur son passage comme s’il voulait provoquer une émeute dans les bandes, n’a pu cacher la frustration.

« Je pense qu’on a joué un bon match. Les tirs ne racontent pas tout. C’est une base sur laquelle bâtir. »

Mais soyons honnêtes, quand tes défenseurs doivent répondre physiquement ET offensivement parce que tes attaquants jouent au golf en zone offensive, y’a une sonnette d’alarme à tirer.

Et si Guhle joue les shérifs pour protéger ses coéquipiers, qui s’occupe de faire peur à Samsonov de l’autre côté?

Pas Cole Caufield, qui a raté deux occasions de tir franc en tentant des feintes supplémentaires inutiles.

Pas Juraj Slafkovský non plus, qui a encore une fois démontré qu’il est plus efficace le long des bandes que dans les zones de danger.

Et Mike Matheson?

« L’effort était là. Ce n’était pas facile, mais on s’est défendu. On n’a pas réussi à capitaliser. C’est frustrant. »

C’est ça le mot-clé ce soir : frustration.

Parce que dans un match où tu limites Toronto à un seul but en temps régulier, tu mérites mieux que de perdre en prolongation.

Mais quand 22 tirs partent dans le décor, c’est difficile de parler de malchance.

Tu crées du volume, mais t’envoies tout dans la bande. Tu crées de la pression, mais t’enlèves toi-même la chance de marquer. Tu joues avec le feu, et tu finis par te brûler, même si ton gardien est une muraille.

Et Martin St-Louis, dans tout ça?

Il n’a pas pointé Suzuki, ni Caufield, ni Slafkovský, mais il a envoyé un message codé que tout le vestiaire a reçu en pleine poitrine.

« Je sais que les shots ne reflétaient pas… On a manqué le net beaucoup. Je pense qu’on a envoyé 57 en tentatives. C’est une équipe qui bloque beaucoup de shots. Je pense que c’est une manière d’être capable de manquer des shin pads, des bâtons et tout. »

Un message clair : vous avez le cœur, mais il vous manque la touche.

Et dans une fin de saison aussi serrée, ce genre de détail fait la différence entre le golf et les séries.

Il reste deux matchs.

Lundi contre Chicago.

Mercredi contre la Caroline.

Deux matchs. Deux points à aller chercher. Et un message à transformer en réalité.

Parce que si l’équipe continue à tirer dans le vide, même le miracle Dobeš ne pourra pas sauver tout le monde.

Et pendant que Martin St-Louis lançait des flèches enrobées de politesse à ses attaquants en panne de finition, une ombre lumineuse attendait patiemment son heure.

Un nom qui fait frémir les défenseurs, frétiller les recruteurs, trembler les anciens partisans de Matvei Michkov : Ivan. Demidov.

Celui dont l’arrivée a été plus couverte que celle du pape à Québec.

Celui qu’on a vu débarquer en van blindée à Toronto, tout sourire, escorté comme un président en campagne électorale.

Et lundi soir, à Montréal, dans le temple sacré du hockey, le rideau va enfin se lever sur le spectacle que tout le Québec attend depuis des mois.

Ivan Demidov va jouer son premier match au Centre Bell.

Et oublie le match contre les Blackhawks. Oublie Connor Bedard. Oublie le classement.

Ce que tout le monde veut, c’est voir Demidov toucher la rondelle et créer une émeute à lui seul.

Parce qu’on le sait, il ne suffit que d’un shift pour mettre la foule en feu.

Et si c’était lui, le sauveur discret, le joker sorti du veston de Kent Hughes, capable de raviver l’étincelle manquante en attaque?

Le gars qu’on n’a pas vu de la saison, mais qui pourrait voler la vedette dans les deux derniers matchs les plus importants de l’année.

Est-ce trop de pression pour un joueur qui n’a jamais joué un match dans la LNH?

Absolument.

Et c’est exactement pour ça qu’on aime ça. Parce que Demidov n’est pas normal. Il carbure à la pression.

Il aime quand les caméras sont braquées sur lui.

Il aime les estrades pleines et les attentes démesurées.

Il n’est pas venu pour faire tapisserie en 3e trio.

Et Martin St-Louis le sait. Il sait qu’il n’a plus le choix. Les partisans veulent du spectacle. Ils veulent du talent.

Ils veulent une menace réelle à droite de Nick Suzuki.

Et non, ce n’est plus Juraj Slafkovský.

Parce que soyons honnêtes : Slafkovský est un power forward en devenir, mais il ne joue pas à la même vitesse cérébrale que Suzuki et Caufield.

Il n’a pas cette touche magique dans les petits espaces.

Il n’a pas cette capacité à transformer une passe ordinaire en moment SportsCenter.

Mais Demidov, lui, l’a.

Et c’est pour ça que tout le monde tient son souffle à l’approche de lundi.

L’ambiance au Centre Bell risque d’être électrique, comme si c’était un match 7 de première ronde contre Boston.

La foule sera prête à exploser au moindre faux mouvement du prodige russe.

Une feinte.cUne passe à l’aveuglette. Une accélération le long de la bande. Et tout va partir en vrille.

Parce que Montréal n’attendait que ça : un nouveau dieu du hockey à idolâtrer.

« Il ne sait même pas à quel point il est talentueux. On va garder le secret pour lui. »

— Dan Milstein, son agent, à propos de son prodige

Et Milstein sait exactement ce qu’il fait.

C’est lui qui a laissé fuiter l’arrivée de Demidov à Toronto.

C’est lui qui a orchestré l’effet de foule, la vidéo virale, le buzz sur les réseaux sociaux.

Et ça a fonctionné. Parce qu’à Montréal, quand tu touches au sacré — le hockey — il faut le faire avec une caméra HD et un plan média.

Demidov, c’est l’événement. Pas juste un joueur. Un moment. Une révolution. Une prophétie qui se réalise.

Et quand il sautera sur la glace pour son premier tour de patin à la maison, le Centre Bell va rugir comme si c’était un but en prolongation contre les Bruins.

Même Kent Hughes a compris le message : On a attendu. On a été patients. Mais maintenant, on veut voir.

Et s’il est aussi bon qu’on le prétend, il pourrait littéralement voler un match à lui seul contre Chicago, une équipe qui n’a rien à perdre et qui joue en freestyle complet.

Imagine la ligne : Caufield -- Suzuki – Demidov 

Un trio formé d’un capitaine élégant, d’un franc-tireur chirurgical, et d’un artiste fou venu de Russie.

Et si ça clique?

Et si la chimie se crée en une présence?

Et si, par miracle, Demidov marque un but d’anthologie pour envoyer les Canadiens en séries?

C’est exactement ça que la LNH veut. C’est exactement ça que Montréal veut.

Et c’est exactement ça que Demidov veut.

Parce que lundi soir, à 19h, une nouvelle ère pourrait commencer.

Et si le CH gagne ce match-là… le héros de la soirée ne portera pas le numéro 14, ni le 22, ni le 43.

Il portera un numéro qu’on n’oubliera jamais. Et son nom sera chanté dans les rues de Montréal,

comme une renaissance, comme un cri du cœur, comme un ouragan venu de Saint-Pétersbourg.

Ivan Demidov !!!

AMEN