Lettre à Jacques Demers: le Québec est avec vous

Lettre à Jacques Demers: le Québec est avec vous

Par David Garel le 2024-12-24

Cher Monsieur Demers,

En ce jour de Noël, nos pensées se tournent vers vous.

Votre parcours, votre résilience et votre humanité continuent d’inspirer bien au-delà des arénas. Mais aujourd’hui, cette lettre veut aller plus loin.

Elle veut vous rappeler que, même face aux épreuves les plus cruelles, vous n’êtes pas seul.

Depuis vos deux AVC, la vie a changé. Vous, cet homme si dynamique, si charismatique, si énergique, vous êtes désormais confiné à un fauteuil roulant.

Votre aphasie vous prive de la parole, cet outil si précieux avec lequel vous aviez l’habitude de galvaniser vos joueurs et de raconter vos souvenirs.

Paralysé du côté droit, chaque geste du quotidien est devenu un défi.

Votre frère Michel l’a raconté avec une émotion palpable :

« Lors de son premier AVC, Jacques était seul à la maison. Nous pensions qu’il ne s’en sortirait pas. »

Il se souvient encore de ce moment où, après de nombreuses tentatives pour joindre quelqu’un, un voisin vous a trouvé, confus, habillé en pyjama, victime d’une attaque qui a changé votre vie.

Le deuxième AVC a été encore plus cruel.

« Cela l’a laissé paralysé du côté droit. Sa main, son bras, sa jambe… tout est immobile. C’est dur de voir mon frère comme ça, lui qui était si actif, si passionné », confie Michel.

Malgré ces coups du sort, votre esprit reste intact. Debbie, votre épouse, veille sur vous avec un amour infini.

Elle raconte vos sourires, ces instants où vous regardez un match du Canadien, où une victoire illumine votre visage et où une défaite vous fait bougonner, comme si rien n’avait changé.

L’aphasie est une bataille silencieuse. Cette condition vous empêche de dire ce que vous pensez, de communiquer librement avec vos proches.

« Parfois, il essaie de parler, mais les mots ne viennent pas. Dans ces moments, il s’énerve, et nous essayons de deviner ce qu’il veut dire », explique Debbie.

Vos proches témoignent que, malgré cette difficulté, vous gardez un lien avec eux.

« Quand on lui parle de hockey, il réagit. Il comprend tout. Ses yeux brillent et il fait un signe de tête », raconte votre frère Michel.

« C’est dur, mais Jacques est encore là, avec nous. »

Aphasie Québec, une organisation dédiée à cette cause, travaille pour briser l’isolement que cette condition peut provoquer.

Leur initiative, « Mon deuxième premier mot », vise à redonner une voix à ceux qui en sont privés. Vous êtes aujourd’hui un symbole de leur combat, un exemple de courage face à l’adversité.

Votre routine est simple mais précieuse. Vous déjeunez dans la cafétéria de votre centre de résidence, vous rentrez parfois chez vous en transport adapté pour des moments avec votre famille.

Ces instants, bien que modestes, sont remplis de la même dignité qui a marqué votre carrière.

Votre frère Michel parle avec émotion des moments où vous semblez triste.

« Il fait un signe de la tête pour dire qu’il est abattu. C’est déchirant de le voir comme ça, lui qui était toujours si vivant, si optimiste. »

Et pourtant, malgré tout, vous trouvez encore de la joie. Votre sourire, votre regard pétillant, vos réactions face au Canadien témoignent d’une passion intacte, d’un amour de la vie qui refuse de s’éteindre.

Jacques, il est inconcevable que le Temple de la renommée du hockey tarde encore à reconnaître votre immense contribution.

Vous avez été bien plus qu’un entraîneur. Vous avez été un bâtisseur. Le Temple de la renommée célèbre les architectes du hockey, ceux qui ont transcendé leur rôle pour transformer le jeu. Vous êtes l’un d’eux, Jacques.

Vous avez pris des équipes à terre, comme les Red Wings de Detroit dans les années 80, et les avez redressées. Vous avez amené une cohésion unique à vos équipes, inspiré des joueurs comme Patrick Roy, Steve Yzerman et Vincent Lecavalier, et laissé une marque au fer rouge sur tous ceux qui ont croisé votre chemin.

Et bien sûr, vous avez mené les Canadiens de Montréal à leur dernière conquête de la Coupe Stanley, un exploit qui brille encore dans les mémoires collectives.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 1000 matchs derrière le banc, deux trophées Jack-Adams consécutifs (un exploit encore inégalé), et une Coupe Stanley.

Mais au-delà des statistiques, c’est votre humanité, votre vision et votre dévouement qui font de vous un bâtisseur.

Le Temple de la renommée ne peut plus attendre. Vous méritez cet honneur de votre vivant, pour que vous puissiez le savourer avec votre famille, vos amis et tous ceux qui vous aiment.

Ce n’est pas qu’un geste symbolique. C’est la reconnaissance de tout ce que vous avez accompli et de tout ce que vous représentez.

Aujourd’hui, nous voulons que vous sachiez à quel point vous êtes important pour nous, pour le Québec, et pour le monde du hockey. V

Votre sourire, votre passion, et votre force nous rappellent que même face aux épreuves les plus dures, il y a toujours une raison de se battre.

Cette passion fait de vous un immortel, un homme que le Temple de la renommée ne pourra jamais ignorer.

Patrick Roy, qui parle encore avec émotion de votre impact sur sa carrière, rappelle que vous êtes une source d’inspiration.

« Jacques mérite d’être honoré. Il est bien plus qu’un coach : c’est un modèle. »

Cher Jacques, votre sourire est une lumière pour nous tous. Vous avez affronté la pauvreté, surmonté l’analphabétisme, et aujourd’hui, vous faites face à l’aphasie et à la paralysie avec une dignité et une force incroyables.

Ce Noël, nous voulons vous envoyer tout notre amour, toute notre admiration, et toute notre force. Parce que vous êtes Jacques Demers, un homme qui incarne le courage et la résilience.

Nous sommes avec vous. Joyeux Noël coach,