L'histoire sombre entre Marc Bergevin et Jeff Gorton: le vice-président sort de son silence

L'histoire sombre entre Marc Bergevin et Jeff Gorton: le vice-président sort de son silence

Par David Garel le 2025-06-02

C’est un coup sur la tête. Une claque en plein visage. Une commotion émotionnelle et cruelle que vient de vivre Marc Bergevin.

Pour l'ancien DG du CH, cette semaine pourrait bien entrer dans l’histoire comme l’un des moments les plus gênants de sa carrière dans la LNH.

Alors que le poste de directeur général des Islanders de New York était considéré comme l’un des plus convoités de la ligue, l’ancien patron du Canadien n’a même pas fait partie du trio final des favoris. Et ce n’est pas une rumeur sans fondement : c’est Elliotte Friedman, l’un des journalistes les mieux informés du circuit, qui l’a révélé dans une entrevue au balado Real Kyper & Bourne. Le pire? Bergevin était loin derrière. Très loin.

Le processus de sélection des Islanders a confirmé une vérité brutale : Marc Bergevin n’était même pas un plan de secours. Il était un oubli. Un figurant dans un scénario écrit sans lui.

Au sommet de la liste des propriétaires? Ken Holland, l’ancien grand manitou des Red Wings de Détroit et des Oilers d’Edmonton qui est devenu DG des Kings de Los Angeles.

On lui a offert le poste en premier. Il a poliment refusé. Ensuite, Jeff Gorton, le bras droit actuel de Kent Hughes chez le Canadien de Montréal, était l’homme ciblé. Mais les Islanders n’ont jamais pu obtenir le feu vert de Geoff Molson pour lui parler. Gorton était trop important à Montréal. Et c’est là, dans cette valse de refus et d’obstacles contractuels, que Mathieu Darche a surgi.

Et c’est là que cette saga prend une tournure encore plus sombre, presque cruelle, tant elle semble orchestrée pour achever un homme déjà à terre.

Car le vice-président du Canadien de Montréal, Jeff Gorton, celui-là même qui a été engagé pour remplacer Marc Bergevin en 2021, a décidé de sortir de son silence… mais pas de manière anodine. En confirmant publiquement qu’il aurait bel et bien accepté le poste de directeur général des Islanders si on lui avait donné l’autorisation, Gorton a, sans jamais nommer Bergevin, enfoncé encore plus profondément le couteau dans la plaie.

Il savait exactement ce qu’il faisait : il savait que cette déclaration allait humilier son prédécesseur aux yeux de la ligue. Il savait que cela allait faire la une, raviver la mémoire de leur rupture houleuse à Montréal, et placer Bergevin dans une position encore plus intenable.

C’est comme si Gorton avait senti que le moment était parfait pour rappeler à tout le monde que, dans cette industrie impitoyable, certains gagnent toujours — et d’autres, comme Marc Bergevin, ne sont même plus invités à se battre.

Cette sortie publique a eu des allures de règlement de compte, une manière froide et chirurgicale de rappeler à tous qui a le vent dans les voiles… et qui est oublié à jamais. 

Reste qu'il faut quand même féliciter Mathieu Darche.

Un nom discret, sans expérience directe comme DG, mais qui a épaté les dirigeants avec sa rigueur, son approche analytique, et sa vision rafraîchissante.

Il a battu des vétérans comme Jarmo Kekäläinen, ex-DG des Blue Jackets de Columbus. Il a même écarté Marc Bergevin, dont le passé glorieux à Montréal au début ne suffit plus à camoufler l’image brouillée qu’il traîne avec lui depuis sa sortie catastrophique du CH.

Quand Friedman affirme que Darche “est sorti de nulle part pour gagner ce poste”, cela veut tout dire. Même les plus sceptiques dans le monde du hockey savaient que les Islanders voulaient de l’expérience.

Darche n’en avait pas. Mais il a renversé toutes les attentes, non seulement en surpassant Bergevin, mais en renversant toute la logique du processus. Ce n’est pas qu’on a hésité entre Bergevin et Darche. C’est qu’on ne voulait pas Bergevin. Pire : il ne faisait même pas partie des plans concrets.

Et quand on y pense, la nouvelle est d’autant plus catastrophique pour Marc Bergevin que sa candidature avait été présentée, voire médiatisée, dès les premières rumeurs autour du départ de Lou Lamoriello.

Tout indiquait qu’il était dans la course. Qu’il aurait même une longueur d’avance en raison de son expérience et de son réseau. Mais à l’intérieur du processus, c’est tout le contraire qui s’est produit. Il a été dépassé, ignoré, relégué.

Ce n’est pas la première fois que Bergevin vit ce genre d’humiliation silencieuse. Depuis son départ de Montréal, il a multiplié les rôles de conseiller à distance, notamment chez les Kings de Los Angeles, sans jamais retrouver un poste de premier plan.

Il a tenté sa chance ici et là, rencontré quelques proprios, mais aucun club n’a mordu. Et cette fois, c’est clair : même quand il était finaliste, il n’a jamais été réellement désiré.

C’est là que réside le cœur de son effondrement. Ce n’est pas qu’il a été battu. C’est qu’il n’a jamais été considéré comme une vraie option. On l’a écouté, on l’a salué… puis on l’a évacué du processus.

Pire encore : selon certaines rumeurs internes, son entrevue aurait été jugée tiède, désorganisée, et sans vision claire.

 Pendant que Darche proposait des scénarios de repêchage, des projections de masse salariale et un plan détaillé de réinitialisation en deux ans, Bergevin, lui, semblait nostalgique de ses années 2014, accroché à son image de “gars de hockey” avec du flair, sans préparation.

L’arrivée de Mathieu Darche marque aussi un point de non-retour dans la LNH. La ligue se modernise. Les anciens joueurs qui s’appuyaient uniquement sur leur instinct, leur réseau d’amis et leurs coups de téléphone ne sont plus dans la course.

Aujourd’hui, il faut savoir jongler avec les projections statistiques, la gestion d’optimisation des actifs, la psychologie des jeunes joueurs, le cap salarial et les tendances émergentes. Darche incarne cette nouvelle vague. Bergevin représente l’ancienne.

Darche n’a jamais dirigé une équipe, mais il a prouvé qu’il pouvait la construire. Son passage à Tampa Bay sous Julien BriseBois lui a donné une école parfaite.

Il a aussi démontré qu’il comprenait les enjeux modernes du repêchage, de la négociation, du développement. Bref, il est le dirigeant d’aujourd’hui. Bergevin, lui, est resté coincé dans le passé.

Un avenir bouché?

Marc Bergevin aura 60 ans cet été (11 août). Il semble de plus en plus isolé. Même dans les coulisses, son nom circule de moins en moins. 

Et maintenant que les Islanders l’ont ignoré au profit d’un “novice” comme Darche, on peut réellement se demander s’il aura une autre chance.

Les postes de DG se font rares. Et les équipes qui reconstruisent veulent des bâtisseurs modernes. Celles qui visent la Coupe veulent de l’expertise numérique, analytique, collaborative. Bergevin n’a plus de niche.

Ce qui devait être une chance de rebond pour Marc Bergevin s’est transformé en enterrement de première classe. Et ce n’est pas Mathieu Darche qui l’a humilié. Ce sont les faits. Les priorités d’aujourd’hui. Les dirigeants de la LNH veulent des têtes agiles, des gestionnaires de projet, des stratèges. Pas des slogans vides et des flairs “à l’ancienne”.

Dans cette course aux Islanders, Marc Bergevin n’était même pas un joueur de banc. Il était dans les gradins.

La question qui reste : quelqu’un, quelque part, ose-t-il encore croire en lui? Ou est-ce déjà la fin silencieuse d’un ancien DG qui a eu sa chance… mais n’a jamais su évoluer?