Ce devait être un nouveau départ. Un retour en douceur. Une chance de prouver qu’il avait appris de ses erreurs. Au lieu de ça, Logan Mailloux s’est effondré devant toute une ville. Et le feu de l’enfer médiatique s’est abattu sur lui.
Après huit jours passés dans les gradins, deux matchs observés depuis la galerie de presse à la demande de l’entraîneur-chef Jim Montgomery, et une avalanche de critiques suite à son -4 contre Chicago et son différentiel de -7 (le pire de la LNH) depuis le début de la saison, Mailloux avait une occasion unique de se racheter. Il n’avait pas joué depuis le 15 octobre. Le message du coach était clair : « observe, apprends, et sois prêt ». Ce soir, il était prêt. Enfin, croyait-il.
Le résultat? Une première période cauchemardesque, ponctuée de trois buts de Logan Cooley, dont deux directement causés par Mailloux lui-même. Après seulement 20 minutes de jeu, les Blues tiraient de l’arrière 4-0 contre le Mammoth de l'Utah, et Mailloux venait de sceller son sort, encore une fois.
Cette vidéo nous donne des sueurs froides dans le dos tellement Mailloux semble perdu sur la glace:
Il a terminé la rencontre avec seulement 10 minutes de temps de jeu, sans aucune contribution offensive, visiblement perdu sur la glace, incapable d’imposer sa présence, ni physiquement, ni tactiquement.
Et quand la sirène finale a retenti dans un Centre Enterprise désabusé, les Blues venaient de subir une autre dégelée, 7-4 contre une équipe supposément prenable. Les huées ne visaient pas seulement l’équipe. Elles visaient un joueur en particulier... qui a maintenant un différentiel de -9 depuis le début de la saison.
Logan Mailloux est devenu la tête de Turc d’une frustration collective.
La ville de Saint-Louis, attachée à ses Blues, n’a jamais totalement digéré le départ de Zachary Bolduc, échangé à Montréal dans une transaction qui a été mal reçue dès le jour un.
Et voilà que le joueur reçu en retour, Logan Mailloux, incarne aujourd’hui à lui seul tout ce qui ne va pas avec cette équipe : l’inexpérience, les bourdes défensives, le manque de constance, l’absence de leadership.
Pire encore : le traitement que Mailloux subit sur les réseaux sociaux dépasse l’entendement. Menaces, insultes, moqueries, montages, commentaires violents… C’est une tempête numérique, cruelle, brutale, qui ne finit plus.
Des partisans ont publié des images de son nom barré sur leur chandail des Blues. D’autres l’ont traité de « honte de la franchise », d’« imposteur », de « fraude ». Une vidéo circulait même où l’on entend des spectateurs dans l’aréna crier « retourne à Montréal, loser ! » après son deuxième but accordé.
Imaginez à quel point sa famille a le coeur brisé au moment où l'on se parle.
La situation a tellement dégénéré que l’organisation des Blues a dû renforcer la sécurité autour du joueur. Plusieurs sources internes confirment que des menaces crédibles ont été signalées à l’équipe, notamment sur X et Instagram.
Des captures d’écran circulent, où des partisans évoquent même la possibilité de l’« attendre à l’aéroport » la prochaine fois que les Blues vont voyager.
Nous ne sommes plus dans l’analyse sportive. Nous sommes dans l’effondrement émotionnel d’un jeune homme de 21 ans.
À Saint-Louis, le directeur général Doug Armstrong commence à ressentir la pression. Il a pris un pari risqué en allant chercher Logan Mailloux, alors que tout le monde savait que Martin St-Louis ne voulait plus le garder à Montréal.
Le passé du joueur, ses lacunes défensives, sa réputation, tout cela était connu. Armstrong a décidé de miser sur le potentiel. Mais voilà que le projet déraille à une vitesse inquiétante.
Et que dire de l'arrogance de Mailloux en début de saison, lorsqu’il se comparait ouvertement à Alex Pietrangelo et affirmait qu’il allait rapidement « dépasser Evan Bouchard » dans les classements des jeunes défenseurs canadiens? Cette arrogance, aujourd’hui, se retourne contre lui avec une force destructrice.
L’entraîneur Jim Montgomery, connu pour sa patience et son approche pédagogique, a tenté de calmer le jeu après le match. En conférence de presse, il a réitéré son engagement envers le développement de Mailloux :
« Il va apprendre. On va travailler avec lui. Ce n’est pas une décision finale, ce n’est pas une exclusion. Mais on doit gérer les minutes, on doit gérer les situations. Et ce soir, c’était trop. »
Mais Montgomery sait que la situation lui échappe. Il voulait que Mailloux observe pour apprendre, mais après trois matchs passés en haut, le retour n’a rien réglé. Il a même empiré les choses. Et maintenant, l’état-major des Blues s’interroge sérieusement sur le futur du joueur dans la LNH.
Il faut le dire clairement : Logan Mailloux ne mérite pas le traitement qu’il subit actuellement. Il est en difficulté? Oui. Il multiplie les erreurs? C’est vrai.
Mais c’est aussi un jeune homme qui vient tout juste de percer la LNH, qui n’a joué que cinq matchs cette saison, et qui est catapulté dans un marché en feu où la colère gronde.
Son statut de prospect controversé a toujours été un fardeau. À Montréal, il a été encadré, surprotégé, même « caché » à certains moments. À Saint-Louis, il est exposé sans filet, et la machine médiatique locale, alimentée par les partisans frustrés, le broie sans relâche.
La direction des Blues a-t-elle agi trop rapidement en l’envoyant dans le feu de l’action? Aurait-on dû le garder à Springfield plus longtemps, dans la AHL, plus longtemps ? La question est légitime.
À ce stade-ci, tout est envisageable. Un nouveau renvoi dans la AHL? Une pause? Une intervention de l’agent du joueur?
Plusieurs observateurs suggèrent qu’une relance dans la ligue américaine pourrait s’imposer, tant pour des raisons de développement que de santé mentale. Car il faut cesser de faire semblant : le mal est fait.
La sortie virulente de Chris Pronger récemment pour défendre le jeune défenseur prend ici tout son sens. Pronger, légende des Blues, a dénoncé avec passion la cruauté des partisans sur les réseaux sociaux. Il a rappelé que ces jeunes hommes sont souvent seuls, vulnérables, et soumis à une pression immense. Il a même dit être « dégoûté » par ce qu’il voyait passer en ligne.
« Certains oublient que ce sont des êtres humains, pas des robots. Logan ne mérite pas ça. Sa famille ne mérite pas ça. Personne ne mérite ça. »
Il a raison. Et il faut l’écouter. Car ce que vit Logan Mailloux aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le sport. C’est une affaire humaine, tragiquement humaine.
