Effondrement de Logan Mailloux: Chris Pronger tombe dans une colère noire

Effondrement de Logan Mailloux: Chris Pronger tombe dans une colère noire

Par David Garel le 2025-10-20

Rien ne va plus pour Logan Mailloux.

La ville de St-Louis ne voit pas seulement un jeune en difficulté. Elle voit un naufrage qui fait peur. Le genre de désastre sportif, humain et organisationnel qui laisse des cicatrices profondes.

Logan Mailloux, envoyé sur la passerelle samedi dernier par l’entraîneur-chef Jim Montgomery après un début de saison catastrophique, est devenu malgré lui le visage d’une transaction qui tourne au vinaigre, d’un pari raté par Doug Armstrong et d’un désaveu douloureux pour une organisation qui croyait avoir mis la main sur une future étoile.

Le pire, c'est que les Blues ont joué leur meilleur match défensif de la saison dans une victoire de 3-1.

Depuis quelques jours, les critiques ont franchi un seuil inquiétant. Elles ne se limitent plus à son différentiel de -7 en quatre matchs, ni à ses erreurs coûteuses dans un revers humiliant de 8 à 3 contre les Blackhawks.

Elles s’attaquent à son caractère, à son passé, à sa famille. Les réseaux sociaux, surtout ceux de Saint-Louis, sont devenus un déversoir de haine.

Des partisanes du club se filment en train de rire de lui. D’autres interpellent sa famille directement. Les moqueries sont virales, méchantes, cruelles. Et devant cette tempête, un nom est sorti de l’ombre pour briser le silence : Chris Pronger.

L’ancien capitaine des Blues, membre du Temple de la renommée, a été cinglant.

Dans une déclaration transmise à The Hockey News, puis reprise sur ses réseaux, Pronger a condamné sans détour les attaques contre Mailloux.

« J’en ai assez, a-t-il écrit. Je peux comprendre les critiques sur la performance d’un joueur. Ça fait partie du sport professionnel. Mais s’en prendre à sa famille ? À sa vie personnelle ? Le rabaisser comme humain ? C’est inacceptable. »

Puis, il a enfoncé le clou :

« Il y a des partisans qui oublient que ces gars-là sont des jeunes hommes, souvent seuls dans une ville, qui apprennent leur métier sous les projecteurs. Logan Mailloux ne mérite pas ce que je vois passer en ligne. C’est honteux. »

Chris Pronger est un géant à Saint-Louis. Quand il parle, on écoute. Et cette sortie en dit long sur la gravité de la situation. Ce n’est plus une simple controverse. Humainement, c'est allé trop loin. 

Et Pronger ne s'est pas arrêté là. 

« Tout d’abord, je ne le connais pas, je ne l’ai jamais rencontré, et comme vous le savez, je me fous de ce que les gens pensent, donc je vais regarder un joueur, je vais regarder… le problème c’est que les gens comparent des pommes et des oranges. »  

« Ils comparent Bolduc à Mailloux. Vous ne trouverez jamais une comparaison là‑dessous. Ce n’est pas la raison pour laquelle l’échange a été fait.

Vous regardez un effectif, et je ne vais pas parler à l’équipe de gestion non plus. Ils ont vu quelque chose, que ce soit dans le dépistage, que ce soit… ils regardent des trous dans leur alignement, des trous dans leur profondeur à long terme et ils regardent Bolduc comme un joueur pour lequel vous avez déjà un nombre d’attaquants top six.

Qui va-t-il repousser de l’alignement dans le top six (dans l’alignement actuel) ? Ensuite vous devez regarder le fait que vous devez le payer. Il y a plusieurs pièces à la conversation qui, franchement, ne sont pas du niveau des partisans et alors ils regardent ça purement d’un point de vue hockey et disent : « Woah, pourquoi auraient-ils fait ça ? Ils n’avaient pas besoin du gars. »

Eh bien peut‑être pas pour le moment. Ils ont une blessure, qui vont-ils appeler ? Où vont-ils aller chercher de la profondeur ? Quelqu’un a observé ce jeune et se dit : « Wow, on pense qu’on peut le développer. » »  

« Si vous regardez ses statistiques, il a joué 100 matchs en junior, ce qui n’est pas beaucoup en trois ans et demi. »  

« Ensuite il a joué moins de 100 matchs professionnels ; maintenant il a joué 12 matchs dans la LNH. La défense, c’est incroyablement difficile à jouer, et comme nous le savons, à apprendre.

Vous pouvez aller à l’entraînement et donner l’impression d’être génial et travailler votre patinage, travailler votre maniement de rondelle… rien ne remplace le jeu de matchs, l’action en match. Il faut jouer. Il faut faire des erreurs. Il faut faire toutes ces choses. »  

« Le plus gros problème que j’aurais pour lui, c’est qu’il commence à écouter les détracteurs, à écouter tout le retour de flamme, bon ou mauvais, et qu’il se fasse engloutir par tout ça et qu’il n’ait pas juste à se concentrer à jouer au jeu, à se développer, apprendre, comprendre et trouver sa niche. »  

« Comment va‑t‑il jouer ? Va‑t‑il être ce défenseur deux‑sens, dur à jouer, qui défend fort, fait une bonne première passe, soutient le jeu ? D’après ce que je vois, ce n’est pas un gars de power‑play offensif. Il peut compléter et être sur la deuxième unité peut‑être plus tard. Peut‑être qu’il ne le fait pas. Peut‑être qu’il est un défenseur défensif, il tue des pénalités, il joue dur et il joue fort.

Tout cela est inconnu. On regarde une marchandise inconnue parce qu’il n’a pas assez joué. Il a joué 12 fichus matchs dans la LNH ! Et une saison dans la AHL. Tout est vraiment nouveau. On peint sur une toile blanche parce qu’il n’a pas joué dans aucune ligue très longtemps, alors on ne sait vraiment pas ce qu’il peut ou ne peut pas être parce que c’est tout juste là.

Alors vraiment c’est juste une question de bloquer le bruit et de mettre les pompes de travail et de commencer à essayer de déterminer ce que tu veux, à quel point tu veux être bon et ce que tu vas faire pour y arriver. »  

« Ce n’est pas fichu‑fichu facile. Oh, et au fait, Dieu merci il n’y avait pas de médias sociaux quand je jouais parce que ça aurait été beaucoup plus pire. C’était déjà pire et ça aurait été beaucoup plus pire que ce que c’était. Donc je pense que pour moi, c’est plutôt : sors des médias sociaux, concentre‑toi sur ce que tu peux contrôler : ton éthique de travail, comment tu peux te préparer, comment discipliné tu es, tes habitudes, toutes ces choses qui sont sous ton contrôle, ta dédication, ce que tu es prêt à sacrifier et à quel point tu veux être bon, puis comment tu vas y arriver.

C’est une progression lente. Rien dans cette ligue n’arrive du jour au lendemain, et quiconque pense ça est fou. Donc c’est juste une progression lente d’apprendre, devenir meilleur, se développer et à mesure que tu gagnes un peu plus de confiance, tu dois simplifier le jeu. Arrête d’essayer de passer par quatre bâtons. Lance la rondelle dans le fons, lance-la par les bandes. Simplement garde les choses simples et fais des gros jeux, gros. Tout doit être dur. »  

« Pourquoi ? Comment savent‑ils ? Il a seulement joué quatre foutus matchs cette année. Comment peuvent‑ils dire ça déjà ? Comment peuvent‑ils faire cette affirmation ? Au fait, si on se base sur les quatre premiers matchs, on a pas mal de joueurs non‑LNH dans la ligue maintenant. Encore une fois, tout ce bruit, c’est juste ça, c’est du foutu bruit. »  

Face à la tempête, ses coéquipiers sont aussi sortis publiquement. Le capitaine Brayden Schenn a livré un plaidoyer sincère :

« Il y a beaucoup de pression sur lui venant de l’extérieur. Je crois en Logan Mailloux. Nous croyons en lui. L’organisation aussi. Ce n’est pas un échange à un contre un. C’est un plan à long terme. Il a joué seulement quatre matchs. C’est une nouvelle organisation, un nouvel entraîneur, un nouveau système. Il apprend, et il va devenir un très bon joueur. »

Même son de cloche de la part de Colton Parayko :

« Quand tu le regardes patiner, lancer… il est constant, solide. Aucun doute là-dessus. J’ai hâte de le voir grandir et devenir dominant. On le pense tous. Au bout du compte, c’est un effort collectif. On porte tous ce chandail ensemble. »

Décidément, sortie publique de Pronger a vraiment créé un bloc protecteur autour de Mailloux.

Mais au fond, ce que la légende des Blues vient de faire dépasse le simple geste de solidarité. Il a donné un coup de frein à une culture toxique qui, sous couvert de passion sportive, déshumanise des jeunes hommes à peine sortis de l’adolescence.

Il a levé le drapeau rouge là où personne n’osait parler. Et ce faisant, il a rappelé à toute la communauté du hockey, que ce soit les partisans, dirigeants, journalistes, que les conséquences de la haine en ligne sont bien réelles.

Logan Mailloux est peut-être en difficulté sur la glace, mais rien ne justifie l’acharnement dont il est victime. En choisissant de prendre la parole, Pronger ne s’est pas seulement porté à la défense d’un jeune joueur. Il s’est dressé contre une meute.

Il a ramené de l’humanité là où elle avait disparu. Et dans une ligue qui prétend vouloir protéger ses athlètes, ce geste-là, aujourd’hui, vaut de l'or.

En espérant que Mailloux puisse se relever... et garder la tête haute...