À seulement quelques heures d’un affrontement émotif entre le Canadien de Montréal et les Blues de Saint‑Louis, une séquence inhabituelle s’est produite : Logan Mailloux parle, et pour la première fois depuis longtemps, ce n’est pas pour projeter l’assurance débordante qu’il affichait lorsqu’il a quitté la métropole québécoise.
Aujourd’hui, Mailloux cherche la compassion.
En entrevue avec Radio-Canada, Il veut faire pitié.
Et l’ironie du timing est presque trop parfaite pour être vraie.
On se souvient tous de la version qu’il présentait de lui-même en juillet dernier, lorsqu’il avait été échangé.
Un jeune homme convaincu qu’il s’en allait jouer dans une meilleure organisation, qu’il allait percer rapidement, qu’il valait plus que ce que Montréal lui avait permis de démontrer.
Il se comparait implicitement à des défenseurs établis, citait Alex Pietrangelo comme modèle direct, se voyait dans un rôle de top‑4 dès son arrivée, et affichait une confiance frôlant la condescendance envers l’organisation qui l’avait repêché et développée pendant trois ans.
Aujourd’hui, tout a changé.
Aujourd’hui, Logan Mailloux cherche à faire oublier ce personnage arrogant que plusieurs avaient perçu.
Et surtout, il veut passer un message clair : Montréal ne lui aurait jamais donné une réelle chance.
Les mots exacts, prononcés quelques heures avant que les Blues affrontent le Canadien, sont révélateurs :
« Je veux juste avoir ma chance. Je ne pense pas que dans l’avenir j’aurais eu une chance honnête (à Montréal) avec tous les joueurs qu’ils ont en défense. Je pense donc que ça aurait été difficile. »
Cette phrase-là ne vient pas d’un jeune qui tourne la page. Elle vient d’un jeune qui réécrit l’histoire.
Parce que la réalité, tout le monde la connaît :
Montréal lui a donné plus de chances que ce que ses performances justifiaient.
Malgré un passé lourd, malgré une gestion délicate de son image, malgré des lacunes défensives persistantes et des décisionnelles très préoccupantes, l’organisation a tout fait pour lui donner du temps, un encadrement structuré et une voie vers la LNH.
Le problème n’a jamais été les « joueurs devant lui ». Le problème, c’était lui. Son jeu dans sa propre zone. Ses erreurs coûteuses. Son incapacité à corriger les mêmes failles saison après saison.
Sans oublier sa vie nocturne dans les partys de Laval où il amenait même un garde de sécurité à ses soirées tellement il pensait être une vedette.
Mais aujourd’hui, juste avant un duel qui s’annonce hautement émotif, Mailloux sort ne nouvelle narration où il est la victime d’un système qui l’aurait écrasé.
Et ce n’est pas tout. Il poursuit :
« Je suis vraiment chanceux d’être ici et d’avoir une opportunité. »
Cette phrase-là aurait résonné autrement si elle avait été prononcée en juillet. À l’époque, il ne parlait pas de chance. Il parlait de droit.
Le droit d’être perçu comme un défenseur d’impact et d’avoir immédiatement un poste à Saint‑Louis.
S’il y a un mot que personne n’aurait associé à Mailloux à ce moment-là, c’est bien gratitude. Son discours actuel ressemble à une tentative de "damge control".
C’est le ton d’un jeune qui sent le sol trembler sous ses patins. Parce que les chiffres donnent mal au coeur :
15 matchs dans la LNH cette saison, un seul point, un différentiel de -15, le pire ratio de buts accordés / arrêts des gardiens lorsqu’il est sur la glace, une rétrogradation dans la AHL quelques jours seulement après avoir été présenté comme un joyau du top‑4 potentiel des Blues.
Ce sont des statistiques avancées comme le PDO qui illustrent à quel point Logan Mailloux est mauvais.
Le PDO combine deux données lorsque le joueur est sur la glace à 5 contre 5: le pourcentage de tirs convertis en buts par son équipe et le taux d’efficacité du gardien derrière lui.
Un joueur qui performe dans un contexte normal tourne autour de 1,000. Logan Mailloux? Il affiche un PDO de 0,820, le plus bas de toute la LNH parmi les 658 joueurs ayant disputé au moins 100 minutes.
Les Blues ont un taux de conversion horrible de 4,41 % lorsqu’il est sur la glace… mais surtout, leurs gardiens affichent un taux d’efficacité de .776 avec lui sur la patinoire, du jamais vu depuis que cette statistique est compilée (2007).
Et il le sait.
« Personne n’aime avoir un bilan négatif dans les deux chiffres et n’avoir qu’un seul point à ce moment-ci de l’année. Ce n’est certainement pas un point positif de ma saison. »
Jamais Mailloux n’avait autant reconnu la réalité. Jamais il n’avait sonné aussi en détresse. Le renversement brutal : de “future pièce maîtresse” à jeune en reconstruction
Saint‑Louis n’est pas Montréal.
Ce n’est pas un marché où l’on brûle des joueurs vivants dès la première erreur. Mais malgré cela, le DG Doug Armstrong et son staff ont été obligés de faire ce que Montréal n’avait jamais osé :
Le renvoyer dans la Ligue américaine pour le protéger de lui-même.
Mailloux, tout juste de retour dans la LNH, jure qu'il est un joueur différent :
« Je joue davantage mon style, je suis plus confiant dans mes actions et j’ai plus d’impact. Avant, j’étais un peu trop tendu. Je me sens davantage dans le rythme du jeu depuis mon retour. »
Cette phrase trahit quelque chose : à Montréal, il jouait crispé. À Saint-Louis, il joue crispé. Ce n’est pas une question d’environnement : c’est une question de maturité.
Mais c’est surtout la prochaine citation qui redéfinit complètement son état d’esprit :
« Continuer de grandir et de m’améliorer, c’est le principal message. Les choses n’ont pas vraiment tourné en ma faveur, mais c’est de persister et d’avoir confiance qu’il y a une lumière au bout du tunnel. »
Des mots lourds venant d’un joueur qui, il y a trois mois, parlait comme si le tunnel était déjà derrière lui.
Pendant ce temps, Zachary Bolduc fait comme s'il ne s'ennuyait pas des Blues et de St-Louis.
« Moi je suis bien ici, l’énergie est bonne et je n’ai pas eu de misère à me détacher… »
Mais tout le monde sait qu'il reviendrait chez les Blues demain matin.
La pression est sur l'épaule des deux joueurs ce soir.
Deux jeunes homme qui tentent désespérément de sauver un début de carrière qui leur glisse entre les doigts.
