Logan Mailloux n’ira pas sur la glace samedi soir. Il devra regarder ses coéquipiers jouer… depuis la galerie de presse.
Une décision tragique a été prise par l’entraîneur Jim Montgomery, après la débâcle 8‑3 infligée par les Blackhawks à Saint‑Louis : Mailloux est retiré de l’alignement. C’est un signal brutal : le jeune défenseur est maintenant spectateur de son propre naufrage.
Dans ce revers, il s’est retrouvé coupable de plusieurs erreurs. Quart des buts adverses ont été marqués quand il était sur la glace.
Il affiche un différentiel de ‑4 pour cette seule partie. Et depuis le début de la saison, son bilan est catastrophique : ‑7 en quatre matchs. On ne l’accuse plus de boulettes isolées, on le qualifie de point de rupture.
Mais derrière les statistiques, il y a un drame humain. Le soir de l’entraînement précédent le match, Mailloux est resté seul sur la glace longtemps après ses coéquipiers.
Ce jour‑là, il a été le dernier à quitter la glace, s’efforçant de travailler, de se rattraper, en silence. Il semblait porter un poids que personne d’autre ne voulait endosser.
Montgomery a justifié la décision ainsi :
« Nous prônons une approche à long terme avec lui. Parfois, vous requérez une remise à zéro. Vous atterrissez sur la passerelle, vous assistez au match, vous voyez combien de temps vous avez et comment en gagner.
Nous travaillerons avec lui. Nous avons un plan et lorsqu’il retournera dans la formation, je ne m’attends pas à le retrancher une seule autre fois. »
Cette phrase respire la pitié mêlée au pragmatisme. Le coach parle de “remise à zéro”, de “plan”, mais pour beaucoup, c’est déjà trop tard.
Quand l’erreur devient condamnation.
Le contexte alourdit l’issue. Saint‑Louis a déjà perdu Zachary Bolduc dans cette transaction, et beaucoup voyaient en lui le favori des partisans, le joueur auquel on donnait une place de vedette locale.
Que voit-on maintenant ? Le jeune que l’on vénère à Montréal explose, pendant que celui à qui on a donné une chance se débat dans l’ombre.
Doug Armstrong, le directeur général, avait pourtant posé la barre haute dès l’arrivée de Mailloux :
« Son poste est assuré. C'est sa "job". Il faudrait vraiment une catastrophe pour qu'il la perde » . Cette vérité sur la table souligne la tension colossale. Armstrong le savait : Mailloux devait “mériter” sa place qui était assurée les yeux fermés... ou la perdre catastrophiquement...
Alors quand Mailloux est envoyé au banc, c’est une confirmation: quelque chose a cliqué du côté de l’organisation. Et pour le jeune joueur, c’est un passager forcé d’un navire qu’il ne contrôle plus.
Ce que les mots ne disent pas, c’est le malaise dans le vestiaire. On murmure que certains joueurs ont sorti des regards, tenté des encouragements, mais sans trop insister. Lorsqu’il a été relégué en gradins, le silence était assourdissant. Son absence sur la glace était un aveu : il n’avait plus sa place, du moins pour l’instant.
On dit que même les plus jeunes joueurs n’osaient pas s’approcher. L’image de Mailloux, casque en main, regard sur ses bottes, regardant ses coéquipiers sans pouvoir intervenir, restera longtemps gravée. Un jeune homme que le hockey a rattrapé et écrasé.
Pour Saint‑Louis, c’est un effondrement symbolique. La ville a perdu Bolduc, son nouveau favori, pour accueillir Mailloux comme un espoir. Or ce soir, celui que l’on attendait comme pilier est humilié en public. Le mot “vol” revient souvent dans les veillées de fans.
Le DG Armstrong paraît aussi pris à contre‑emploi. Il devait être le stratège qui gagnait des paris audacieux ; maintenant, il fait face à une population mécontente, qui réclame des résultats. Si sa crédibilité s'effondre, ce sera lourd à réparer.
La ville de St-Louis regarde. Et ce qu’elle voit, ce n’est pas un jeune défenseur en développement : c’est un naufrage signalé, un symbole d’un échec ayant des conséquences réelles pour toute l’organisation.
Ce que les partisans des Blues voientt, ce n’est pas un jeune défenseur en développement, mais bien un naufrage qui pourrait hanter leur équipe pour des années.
Ce n’est pas qu’une erreur de parcours. C’est un virage raté en direct, diffusé sur les écrans, moqué sur les réseaux, et vécu douloureusement dans les gradins du Enterprise Center.
L’image de Logan Mailloux, isolé, dernier à quitter la glace, suant en solitaire après l’entraînement, pendant que ses coéquipiers retrouvaient la routine, est le reflet brutal d’un joueur qui réalise, trop tard, l’ampleur du gouffre qu’il est en train de creuser.
Ce gouffre, il l’a lui-même contribué à l’ouvrir. Il y a quelques mois à peine, Mailloux osait se comparer à Alex Pietrangelo, s’identifiant au style du grand défenseur droitier des années dorées des Blues.
Il regardait Evan Bouchard de haut, ridiculisant les comparaisons avec le défenseur offensif des Oilers, clamant qu'il était beaucoup plus fiable défensivement.
Il refusait toute humilité quand on lui parlait de développement ou d’années d’apprentissage. Il croyait déjà avoir gagné sa place dans la LNH.
Il répétait à qui voulait l’entendre que tout ce qu’il lui manquait, c’était l’opportunité. Mais l’opportunité, on lui a donnée. Et il est en train de la détruire à coups de revirements et de bourdes honteuses.
Tout le monde se souvient du moment où Mailloux est arrivé à St-Louis avec un ton arrogant. Sa chute n'est que plus brutale.
Pendant ce temps, les vétérans comme Brayden Schenn et Colton Parayko s’efforcent de calmer la tempête dans les médias en affirmant que Mailloux a besoin de temps.
Mais personne n’est naïf. Quand un joueur est relégué aux gradins après seulement quatre matchs, qu’il est le pire différentiel de toute l’équipe, et que son nom est conspué en ligne, on ne parle plus de développement. On parle de dommages de réputation, de perte de valeur, de trajectoire brisée.
Ce qui rend ce fiasco encore plus violent, c’est ce qui se passe à Montréal. Zachary Bolduc, discret, effacé, humble, n’avait pas cassé la baraque au camp.
Il s’était contenté de bien faire les petites choses, sans éclat. Pendant que les projecteurs étaient rivés sur Mailloux, que les partisans des Blues criaient au vol, Bolduc, lui, travaillait en silence.
Quatre matchs plus tard, il a trois buts, une passe, un rôle sur l’avantage numérique, et une chanson personnalisée à la gloire du Québec (Mon pays de Sir Pathétik) qui a fait trembler le Centre Bell. Les fans l’adorent. Le vestiaire l’a adopté. Et Kent Hughes passe pour un génie.
À Saint-Louis, on commence à parler de retour à Springfield dans la ligue américaine. Le DG Doug Armstrong, pourtant ferme dans sa gestion, semble dépassé.
Il avait promis à Mailloux qu’il allait faire l’équipe, qu’il était dans les plans. Aujourd’hui, les fans réclament sa tête, les proches du joueur suppriment leurs réseaux sociaux pour fuir la haine, et même les coéquipiers marchent sur des œufs quand on les interroge.
Il y a eu un moment de gêne, mardi soir, quand Mailloux est revenu au banc après un autre but accordé par sa faute.
Personne n’a osé croiser son regard. Un entraîneur adjoint a tenté de lui glisser un mot d’encouragement, mais le jeune défenseur a tourné la tête. La commotion n’est pas physique. Elle est mentale, émotionnelle, existentielle.
Et c’est là qu’on en revient à Martin St-Louis. Il y a un an à peine, c’est exactement ce qu’il vivait à Montréal. Il avait tenté, à maintes reprises, de faire de Mailloux un défenseur responsable, impliqué, prêt à jouer un hockey de série.
Mais chaque fois, les mêmes problèmes revenaient. Le positionnement déficient, les erreurs de lecture, les réactions trop lentes.Et à chaque occasion, l’équipe de direction décidait de l’envoyer « en haut », dans les gradins, ou en-bas... à Laval.
Aujourd’hui, à Saint-Louis, l’histoire se répète. Et elle le fait plus vite, plus violemment. Parce qu’il n’y a plus d’abri. Il n’y a plus d’excuses.
Il y a la LNH, et un pacte de performance que Mailloux est incapable d’honorer. Même Jim Montgomery, pourtant bienveillant, a glissé des mots qui ressemblent à des adieux voilés :
« Nous avons un plan, mais quand il reviendra dans la formation, je ne m’attends pas à le retrancher une autre fois. » En langage codé : la prochaine fois, ce sera définitif et tu iras dans les mineures.
Cruel destin...