Chasse aux sorcières: Luc Poirier et les Nordiques s'effondrent

Chasse aux sorcières: Luc Poirier et les Nordiques s'effondrent

Par David Garel le 2025-12-06

Pauvre Luc Poirier.

Tout s’écroule en même temps pour lui cette semaine.

Chaque jour apporte son nouveau lot d’ennuis, de contradictions, de poursuites, de reculs et de mauvaises perceptions publiques.

Pour Luc Poirier, cette dernière semaine n’a pas seulement été difficile : elle a été catastrophique. Le genre de semaine où un homme d’affaires habitué aux projecteurs tente désespérément de contrôler le récit, d’imposer une nouvelle image, de déplacer l’attention ailleurs, mais où tout ce qu’il touche finit par lui revenir au visage.

Ce qui devait être un geste noble et discret, rebaptiser la fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais au nom du couple Isabelle et Luc Poirier, s’est transformé en écran de fumée qui n’a trompé personne.

Alors que la fondation change de nom dans ce qui semble être une tentative de s’éloigner de la controverse gravitant autour de Jasmin Roy, le public voit plutôt un homme d’affaires qui cherche à s’approprier un organisme afin d’offrir un masque philanthropique à une semaine où sa réputation s’enfonce un peu plus chaque jour.

Poirier espérait probablement ouvrir un nouveau chapitre, tourner la page en douceur, laisser croire que tout ceci n’était qu’une évolution naturelle. Au lieu de ça, l’effet a été inverse : le changement de nom a surtout mis en lumière tout ce dont il aurait préféré qu’on ne parle plus.

D’abord, il y a l’affaire Bota Bota. Une poursuite de 800 000 $, déposée par Daniel et Geneviève Émond, l’accusant essentiellement d’avoir exagéré ou usurpé son rôle dans la création du célèbre spa flottant.

Une histoire qui traîne depuis longtemps, mais qui a ressurgi précisément au pire moment, juste au moment où Poirier tentait de se repositionner publiquement comme figure philanthropique et partenaire crédible.

Les médias n’ont pas manqué de rappeler les faits, les dates, les versions contradictoires, et soudain la nouvelle fondation n’était plus un geste de générosité, mais une diversion transparente.

Et comme si cela ne suffisait pas, la poursuite de 1,875 million de dollars déposée par Louis Morissette et Véronique Cloutier est revenue elle aussi hanter l’actualité.

On parle ici d’un litige explosif, profondément personnel, où Poirier est accusé d’avoir porté atteinte à la réputation du couple, d’avoir insinué des choses fausses sur la Fondation Véro & Louis (comme le fait que Morissette se payait 5000 dollars par évènement), et d’avoir ensuite présenté des excuses jugées insuffisantes.

Rien dans ce dossier ne favorise l’image d’un homme posé, prudent, réfléchi. Au contraire : tout démontre une impulsivité qui coûte cher, une tendance à parler trop vite, un manque de jugement.

Mais le pire, pour un homme qui rêve encore que son nom circule dans les discussions entourant le retour éventuel des Nordiques, c’est ce qui s’est passé sur la scène politique et sportive cette semaine.

Pendant que Luc Poirier essayait de s’imposer comme une figure crédible, qui aurait pu être un acteur alternatif dans le dossier du hockey professionnel à Québec, le ministre des Finances Éric Girard est sorti publiquement pour casser toutes les illusions.

Girard a été très clair : pour ramener une équipe, il faut un propriétaire valant personnellement 10 milliards de dollars, prêt à s’investir pendant 25 ans, à payer deux milliards pour l’équipe et à accepter que le club fasse peu de profits.

Deux personnes au Québec répondent à ces critères, a dit Girard. Deux. Et Poirier n’en fait évidemment pas partie.

C’est un désaveu silencieux, mais brutal. Un effacement sec. Girard a nommé personne, mais tout le monde a compris : les Alain Bouchard, les André Desmarais, les Pierre-Karl Péladeau d’une autre époque.

Pas Luc Poirier. Pas même proche. Tous ceux qui avaient commencé à s’emballer, à espérer qu’un entrepreneur coloré pourrait torpiller le statu quo, ont compris en une seule déclaration que Poirier n’existe pas dans cette conversation-là.

Pour Québec, pour la LNH, pour Bettman, pour les investisseurs sérieux, Poirier n’est même pas sur la carte.

Et ce rejet symbolique arrive précisément la semaine où ses démêlés judiciaires reviennent en pleine face. Il cherchait à s’accrocher au dossier des Nordiques pour renforcer sa stature?

Cette porte vient de se refermer brutalement. Girard l’a ramené à sa réalité : il ne fait pas partie du cercle des grands. Il n’est pas dans les deux personnes à 10 milliards. Il ne sera pas celui qui ouvrira la voie au grand retour. Il est, pour le ministre, un non-sujet.

Pendant ce temps, Alain Bouchard, lui, demeure calme, riche, discret, respecté par tous les décideurs. Poirier aurait rêvé qu’on prononce son nom dans la même phrase que celui du fondateur de Couche-Tard.

Mais Girard n’a cité aucun nom et c’était ça, la claque. On savait que Bouchard était dans la catégorie. On savait que Poirier n’y était pas.

Et au milieu de tout ça, pendant que Poirier s’enfonce dans ses ennuis, Québec revit une forme de nostalgie violente liée au hockey.

àSakic parle du match potentiel au Centre Vidéotron. L’Avalanche ressort le chandail des Nordiques. Les médias se remettent à discuter du rêve brisé de 1995.

Chaque fois que l’histoire des Nordiques refait surface, Poirier tente de s’y accrocher pour obtenir un peu de lumière. Mais plus son nom circule, plus les fissures apparaissent.

Ce n’est pas un propriétaire crédible pour la LNH. Ce n’est pas quelqu’un que Bettman écouterait. Ce n’est pas quelqu’un que Girard appelle. C’est un homme d’affaires qui traverse la pire semaine de relations publiques de sa carrière, incapable de contenir les feux allumés sur tous les fronts.

Pourtant, on oublie que Luc Poirier a réellement tenté d’acheter les Coyotes de l’Arizona dans l’objectif clair et assumé de les déménager à Québec.

En 2017, il s’était même rendu jusqu’à déposer une offre formelle avoisinant les 800 millions de dollars, un montage financier qu’il avait négocié avec un groupe d’investisseurs afin de racheter la concession et l’installer au Centre Vidéotron.

Le plan était précis : prendre possession de l’équipe, déménager immédiatement après l’approbation de la LNH et relancer les Nordiques.

Mais Gary Bettman avait refermé la porte sèchement ne voulant rien savoir de Québec et ordonnant que les Coyotes demeurent en Arizona.

Finalement... ils ont déménagé en Utah...

Les gens l'oublient aujourd'hui, alors que Poirier ne peut plus faire diversion face à l'oeil public.

Il voulait une semaine de renaissance. Il a vécu une semaine d’effondrement. Un homme qui rêve encore de jouer dans la cour des géants, mais qui, en sept jours à peine, a été rappelé à la réalité de façon cinglante : au Québec, dans le monde des affaires comme dans celui du hockey, il y a des ligues. Et Luc Poirier n’est pas dans la bonne.

Est-il victime d'une chasse aux sorcières parce que les "nobles" du Québec sont jaloux de lui?

Anciens riches vs nouveaux riches... il y a toujours un clash...