Le monde du hockey est rempli d’injustices et d’absurdités.
Mais s’il y a bien une absurdité qui dépasse l’entendement, c’est celle du salaire de Kent Hughes. Oui, vous avez bien lu.
L’homme qui est en train de rebâtir une des franchises les plus légendaires du sport nord-américain gagne un salaire risible.
Selon les données de FrontOfficeSports.com, Hughes ne figure même pas parmi les 15 directeurs généraux les mieux rémunérés de la LNH.
Son salaire exact n’a jamais été dévoilé, mais il est estimé à moins de 1,7 million de dollars par saison. Pendant ce temps, Mitsou et son ex-conjoint viennent de vendre leur chalet de Mont-Tremblant pour 2,32 millions de dollars.
C’est donc dire qu’une maison jumelée (même pas détachée) avec vue sur les pistes de ski vaut plus cher qu’un an de travail d’un des meilleurs stratèges du hockey professionnel.
Si l’on compare ce chiffre au salaire de Kent Hughes, on se rend compte à quel point le DG du CH est sous-payé.
Avant de devenir DG, Kent Hughes était un agent de joueurs redouté. Son expertise lui a permis de négocier des contrats d’une valeur totale dépassant les 290 millions de dollars, un chiffre vertigineux lorsqu’on le met en perspective avec son propre salaire actuel.
Parmi ses plus grands coups, on retrouve :
• Kris Letang : 58 M$ (7,25 M$ par an)
• Patrice Bergeron : 55 M$ (6,875 M$ par an)
• Darnell Nurse : 74 M$ (9,5 M$ par an sur 8 ans, un contrat décrié à Edmonton)
• Drake Batherson : 29,85 M$ (4,975 M$ par an)
• Mike Matheson : 39 M$ (4,875 M$ par an)
• Colin White : 28,5 M$ (4,75 M$ par an)
• Anthony Beauvillier : 12,45 M$ (4,15 M$ par an)
• Marco Scandella : 13,1 M$ (3,275 M$ par an)
• Vincent Lecavalier : 135 M$ en carrière
Ce qui est fascinant dans cette liste, c’est que plusieurs de ces contrats sont aujourd’hui considérés comme des fardeaux pour les équipes qui les ont signés.
Hughes savait vendre le potentiel de ses clients mieux que quiconque, leur décrochant des ententes extrêmement lucratives, même lorsque leur rendement ne le justifiait pas totalement.
Et aujourd’hui, cet homme qui a manipulé le marché des contrats de la LNH comme un chef d’orchestre se retrouve à gagner moins de 1,7 million de dollars par an, alors qu’il dirige l’une des équipes les plus prestigieuses du circuit.
Comment peut-on justifier que Kent Hughes soit exclu du top 15 des DG les mieux payés de la LNH, alors qu’il est en train de reconstruire une équipe avec brio? Voici le classement des DG les mieux rémunérés du circuit :
1. Julien BriseBois (Tampa Bay Lightning) – 3,5 M$
2. Jim Nill (Dallas Stars) – 3,2 M$
3. Lou Lamoriello (New York Islanders) – 3,0 M$
4. Doug Armstrong (St. Louis Blues) – 3,0 M$
5. Don Sweeney (Boston Bruins) – 2,9 M$
6. Kyle Dubas (Pittsburgh Penguins) – 2,8 M$
7. Don Waddell (Columbus Blue Jackets) – 2,7 M$
8. Kelly McCrimmon (Vegas Golden Knights) – 2,4 M$
9. Rob Blake (Los Angeles Kings) – 2,3 M$
10. Bill Guerin (Minnesota Wild) – 2,2 M$
11. Bill Zito (Florida Panthers) – 2,1 M$
12. Danny Brière (Philadelphia Flyers) – 2,0 M$
13. Tom Fitzgerald (New Jersey Devils) – 1,9 M$
14. Steve Yzerman (Detroit Red Wings) – 1,8 M$
15. Barry Trotz (Nashville Predators) – 1,7 M$
Comment peut-on justifier qu’un Danny Brière, tout juste arrivé dans le rôle de DG, gagne plus que lui? Comment expliquer que Barry Trotz, qui n’a encore rien prouvé à ce poste, ait un salaire égal ou supérieur?
Ce genre de classement ne fait qu’accentuer l’impression que Hughes est sous-estimé et maltraité financièrement, un comble pour un homme qui a été l’un des négociateurs les plus redoutables de la LNH avant de prendre les rênes du Canadien.
Alors, comment expliquer cette aberration?
Quand Geoff Molson a confié les rênes du Canadien à un ancien agent de joueurs, il savait qu’il embauchait un expert en négociations et en gestion d’actifs.
Hughes n’était pas un ancien joueur recyclé dans un poste administratif, ni un dirigeant sans vision. Il était celui qui, depuis des décennies, extirpait le maximum d’argent aux DG de la LNH pour ses clients.
Ce n’est pas un hasard s’il a réussi à obtenir des contrats mirobolants pour Patrice Bergeron, Kris Letang et, surtout, Darnell Nurse.
Ce dernier est aujourd’hui considéré comme l’un des joueurs les plus surpayés de toute la ligue. Grâce aux talents de négociateur de Hughes, les Oilers d’Edmonton ont accepté d’offrir 9,5 millions de dollars par année pendant huit ans à un défenseur dont les performances sont plus proches d’un défenseur de troisième paire qu’un véritable quart-arrière défensif.
Aujourd’hui, Edmonton ne décolère pas. Et qui blâment-ils? Non pas Ken Holland, le DG qui a accepté ce contrat insensé, mais Kent Hughes, celui qui l’a négocié à la perfection.
Ironique, n’est-ce pas?
Il existe une théorie qui pourrait expliquer ce salaire ridiculement bas. Geoff Molson aurait décidé d’investir massivement dans une structure à trois têtes : Jeff Gorton comme vice-président des opérations hockey (5 M$ par année), Martin St-Louis comme entraîneur-chef (2,9 M$ cette saison, puis près de 5 M$ jusqu’en 2027) et Kent Hughes comme directeur général.
En clair, Hughes serait sous-payé parce que Molson met tout l’argent ailleurs. Mais cette explication a ses limites. Comment justifier qu’un DG aussi efficace soit payé moins que Tom Fitzgerald (1,9 M$), Barry Trotz (1,7 M$) ou même Danny Brière (2,0 M$)?
Le problème, c’est que cette disparité salariale nourrit un autre argument, plus pernicieux : Kent Hughes n’est-il qu’une marionnette de Jeff Gorton?
Car oui, en voyant un DG aussi mal rémunéré, certains y voient la preuve que le véritable maître d’œuvre à Montréal, c’est Gorton.
Cette perception nuit non seulement à Hughes, mais aussi à l’image du Canadien, qui semble avoir un DG de façade pendant que les décisions importantes sont prises ailleurs.
Malgré cela, Hughes reste fidèle à son approche méthodique. Il n’a pas succombé aux sirènes des transactions impulsives, et ne se laissera pas tenter par la folie du marché des joueurs autonomes.
Son œuvre est déjà visible : il a accumulé 35 transactions, récupéré 23 choix au repêchage, dont six de première ronde, et a permis à Montréal de conserver un coussin financier enviable en vue de la montée du plafond salarial la saison prochaine.
Contrairement à Marc Bergevin, Hughes ne s’est pas précipité pour offrir des contrats handicapants. Certains critiquent son pari sur Juraj Slafkovský, mais le contrat de Brendan Gallagher (signé sous Bergevin) est encore là pour rappeler qu’une mauvaise gestion des actifs peut étouffer une équipe pendant des années.
Ce qui est fascinant dans le cas de Hughes, c’est qu’il applique la même rigueur financière en tant que DG qu’il exploitait autrefois en tant qu’agent.
À Montréal, aucun joueur ne gagne plus que Nick Suzuki (7,875 M$ par année), à part Patrik Laine qui a été obteni par la suite.
Pendant ce temps, ailleurs dans la LNH, des contrats absurdes continuent de pleuvoir, et les Oilers d’Edmonton rêvent d’une manière de se débarrasser du contrat de Nurse.
Si le Canadien poursuit sa progression, il est impensable que Hughes continue d’être sous-payé. Geoff Molson devra tôt ou tard réévaluer la situation et lui offrir un salaire à la hauteur de son travail.
Car s’il y a une chose que Hughes a prouvée au fil des ans, c’est qu’il ne se laissera pas exploiter éternellement.
Si un agent aussi redoutable a su convaincre des DG de signer des contrats insensés pour ses clients, il saura aussi défendre sa propre cause lorsqu’il jugera le moment venu.
Et si Molson hésite encore, peut-être qu’il devrait se rappeler ceci : même la maison de Mitsou à Mont-Tremblant vient d’être vendue plus cher que le salaire annuel de son directeur général.
Il est parfois fascinant de comparer les valeurs de certaines transactions.
Située au 506, chemin des Skieurs, cette résidence de type ski-in/ski-out est un petit bijou niché aux abords de la piste Nansen de la station de ski Tremblant.
Construite en 2006, elle bénéficie d’un plein ensoleillement sud, offrant un cadre idyllique aux amateurs de glisse et de nature.
Cette propriété comprend quatre chambres, un boudoir, trois salles de bain, plusieurs balcons, un garage intégré, un spa extérieur privé et une véranda avec moustiquaire. Bref, un confort absolu dans l’une des destinations les plus prisées du Québec.
En mars 2011, Mitsou et Iohann Martin avaient acquis cette résidence pour 925 000 dollars auprès d’Investissements Thornhill, une société appartenant à François Gaudreau.
Ce n’était pas un achat personnel, mais bien un investissement effectué via leur société de portefeuille (9119-2724 Québec Inc.), dont le siège social est situé à Montréal, à la même adresse que Grandé Studios, une entreprise qu’ils ont cofondée en 2016.
L’histoire de cette maison illustre à merveille la flambée immobilière à Tremblant. Mise en vente début janvier pour 2,29 millions de dollars, la propriété a finalement trouvé preneur à un prix supérieur de 30 000 dollars, atteignant ainsi 2,32 millions de dollars, soit 2,5 fois le prix d’acquisition d’origine.
Une maison surpayée...pour un DG sous-payé...
Misère...






