Malaise à Calgary: le DG des Flames s'effondre face à Kent Hughes

Malaise à Calgary: le DG des Flames s'effondre face à Kent Hughes

Par David Garel le 2025-04-20

Il y a des saisons qu'on oublie. Et il y en a qu'on n'oubliera jamais. Celle que viennent de vivre les Flames de Calgary entre dans cette deuxième catégorie, à la fois pour ses rebondissements cruels, ses déceptions successives, et sa conclusion absolument cauchemardesque.

Car non seulement les Flames ont manqué les séries à un souffle, mais ils ont aussi vu leur choix de première ronde — projeté au 16e rang — être cédé au Canadien de Montréal. Gratuitement.

Comme si la souffrance ne suffisait pas, leur directeur général Craig Conroy a enfoncé le clou en livrant une conférence de presse post-mortem qui a fait grincer des dents dans tout l'Ouest canadien.

« Oui, on veut tous des choix dans le top 5, honnêtement. Mais sacrifier toute une équipe juste pour un top 5, ça n’a aucun sens. Comme je l’ai toujours dit : tu ne peux pas dire à des joueurs que c’est correct de perdre, puis ensuite leur demander de gagner.

Alors tant que nos gars ne croient jamais que c’est acceptable de perdre, on va vouloir gagner chaque soir. C’est ça le message.

On veut gagner. On veut gagner. Et c’est le message qu’il faut envoyer, on ne peut pas leur envoyer des signaux contradictoires. Oui, on aimerait tous avoir un choix top 5. Mais on fera un bon choix où qu’on repêche, comme on l’a toujours dit. »

« Je dis à nos recruteurs : hé, on sera peut-être entre le 16e et le 32e rang, mais on doit faire un bon choix dans ces positions-là, c’est comme ça que ça va se passer.

À partir de là, chaque choix compte. Wolfie a été un choix de 7e ronde, vous avez vu ce qu’il a fait cette année, c’est spécial. On n’en a pas beaucoup, alors on doit faire en sorte que chaque choix compte. »

Ces paroles, prononcées par Craig Conroy dans une conférence de presse de bilan de fin de saison ont provoqué une onde de choc à Calgary.

Au lieu de calmer la tempête, elles ont enflammé une base partisane déjà exaspérée par une saison de souffrance. Car il faut comprendre le contexte : les Flames viennent de tout perdre.

Pas de séries éliminatoires. Pas de choix top 10. Et surtout : pas de choix de première ronde. Ce choix, projeté au 16e rang, appartient maintenant au Canadien de Montréal, grâce à la fameuse transaction de Sean Monahan conclue à l'été 2022.

Et pour les partisans des Flames, entendre leur directeur général dire avec un je-m'en-foutisme déconcertant que « ce n’est pas grave, on va faire un bon choix pareil » — alors qu’ils n’ont même pas ce choix entre leurs mains — a été le coup de trop.

Ces paroles auraient pu être vues comme un message positif, une marque de respect pour les joueurs. Mais les fans des Flames n’ont tout simplement pas accepté les propos de Conroy. 

Répétés en boucle à la télévision, dans les podcasts, sur les réseaux sociaux, ses mots sont devenus le symbole du manque de vision et d’ambition de cette organisation.

Car au final, Calgary n’a ni les séries, ni son choix, ni même la confiance de sa base partisane. Et c’est ça, le plus triste. Ce n’est pas seulement une saison perdue : c’est une fracture entre les gradins et la direction.

Depuis les propos de Conroy, les médias locaux sont en feu. Les émissions de radio reçoivent des appels furieux. Les partisans parlent de “flou organisationnel”, de direction sans boussole. Ils exigent du courage. Une reconstruction. Une vraie direction.

Mais Calgary est coincé dans le pire endroit possible : le milieu du classement. Le no man’s land. Et pendant ce temps, le CH se prépare à repêcher deux fois au premier tour, dont une fois au 16e rang… grâce à leur erreur.

Cruel. Et historique.

Au fond, le plus tragique dans cette histoire, c’est que tout cela était évitable. Si Calgary avait assumé une reconstruction dès l’été 2023, ils auraient pu garder leur choix. Ils auraient pu maximiser leurs actifs. Ils auraient pu décider de leur propre destin.

Mais au lieu de ça, ils ont flotté.

Il n’y a pas de débat : le DG du Canadien vient de gagner cette bataille à plate couture. Et même si les séries échappent au Tricolore, le simple fait d’avoir obtenu un choix de 1er tour dans le top 20, gratuitement, est un triomphe.

Il a obtenu Monahan sans rien donner, l’a relancé, puis l’a échangé aux Jets contre un autre choix de premier tour. Et maintenant, il hérite de celui des Flames. À ce niveau, ce n’est plus une transaction, c’est un chef-d’œuvre.

À Calgary, Huberdeau avait les larmes aux yeux. Il a livré une fin de saison admirable. Mais ses efforts n’ont pas suffi. Kadri a tenté de tirer l’équipe vers le haut. Dustin Wolf a tout donné. Mais à la fin, c’est une saison vide. Un effort noble… mais stérile.

Et pendant que le vestiaire de Calgary s’éteint dans le silence, à Montréal, les lumières s’allument.

Parce qu’avec des choix comme celui de Calgary, Kent Hughes construit un futur.

Et les Flames, eux? Ils viennent de perdre le leur.

Et pour ajouter l’insulte à l’humiliation, une vérité que plusieurs partisans des Flames ont ressortie depuis la conférence de presse de Craig Conroy : ce n’est peut-être pas lui qui a signé la transaction catastrophique avec Kent Hughes, mais il était là. 

Il n’était pas encore DG, non. Mais il était directeur général adjoint de Brad Treliving quand cette décision a été prise à l’été 2022. Il a vu passer le dossier. Il a laissé faire. Et aujourd’hui, c’est lui qui porte l’héritage de cette erreur monumentale.

Car il était dans la pièce. Il a vu passer le dossier Sean Monahan. Il a approuvé, ou à tout le moins laissé passer, cette décision désespérée de céder un choix de première ronde juste pour libérer de l’espace sous le plafond salarial. Et cet espace, rappelons-le, servait à signer Jonathan Huberdeau à un contrat de 84 millions sur huit ans.

Parce que c’est aussi Craig Conroy qui était dans l’ombre lors de l’échange le plus polarisant de la décennie pour les Flames : Tkachuk contre Huberdeau et MacKenzie Weegar. 

C’est cet échange, négocié dans la panique, qui a précipité l’organisation au fond du trou.

Deux décisions majeures. Deux échecs retentissants. Et dans les deux cas : Craig Conroy était là.

Alors aujourd’hui, quand il monte au micro pour expliquer que « ce n’est pas si grave » et que « les recruteurs feront un bon travail avec ce qui reste », la base partisane n’écoute plus. Elle bouillonne. Elle n’oublie pas. Et elle ne pardonnera jamais.

Parce que ce qui fait le plus mal, ce n’est pas seulement de rater les séries. Ce n’est pas seulement de perdre son choix de première ronde. C’est de réaliser que ceux qui vous ont mis dans cette position sont encore en place… et qu’ils osent encore faire la morale.

Les fans ne sont pas naïfs. Ils se rappellent. Ils savent que Conroy n’était pas un spectateur passif. Et ils ne lui pardonneront jamais.

Car ce qui fait le plus mal, ce n’est pas seulement de perdre : c’est de perdre en sachant qu’on a tendu soi-même les clés de l’avenir à l’ennemi.