La dernière semaine n’a pas été tendre pour Pierre Karl Péladeau. Alors que les rumeurs d’expansion de la LNH prenaient de l’ampleur, l’annonce officielle est tombée : les villes de Houston et d’Atlanta sont pressenties pour accueillir de nouvelles franchises.
En revanche, les Nordiques de Québec, rêve longtemps chéri par Péladeau, semblent être laissés de côté. Une douche froide pour celui qui espérait tant voir le retour d'une équipe de la LNH dans la capitale québécoise.
Mais les mauvaises nouvelles ne s'arrêtent pas là. Un autre coup dur est venu de la part d’une figure légendaire de la télévision québécoise, Guy A. Lepage.
Lors d'une entrevue avec Patrick Lagacé en l'honneur de la 21e saison de Tout le monde en parle qui débute dimanche, Lepage n'a pas hésité à désigner Pierre Karl Péladeau comme la personnalité qui refuse systématiquement d’apparaître sur le plateau de son émission.
Selon Lepage, la raison est simple : Péladeau ne veut pas faire d'ombre aux émissions phares de TVA diffusées en même temps, telles que Révolution, ou à d'autres moments, La Voix et Star Académie.
Cette déclaration publique n'est qu'un chapitre de plus dans la longue rivalité entre Lepage et Péladeau, une rivalité souvent mise en scène sur les réseaux sociaux.
En avril 2019, Pierre Karl Péladeau s'était vanté des cotes d'écoute de La Voix, soulignant qu’elles étaient presque trois fois supérieures à celles de Tout le monde en parle.
« Presque 3 fois plus d'auditeurs/trices. Toute une volée ! », avait-il déclaré.
La réponse de Guy A. Lepage, bien que plus posée, n'en était pas moins cinglante :
« Je vous donne rendez-vous en septembre prochain cher Pierre-Karl Péladeau pour la 16ème saison de Tout le monde en parle. Je vous souhaite un bel été. Vous respirez le bonheur. »
Le conflit a pris une tournure encore plus personnelle lorsque Péladeau a profité de l'occasion pour comparer l'émission de Lepage à la défaite du Parti libéral de Justin Trudeau lors d'une élection partielle.
« Ça me fait penser à Tout le monde en parle, les libéraux de Justin Trudeau ont mangé toute une volée hier soir », avait-t-il affirmé, poursuivant la guerre des mots.
Ce commentaire a été la goutte de trop pour Lepage, qui a pris une décision radicale.
« Aujourd’hui je me suis désabonné de Videotron, non pas à cause du service mais à cause du patron. Acheter c’est voter », avait-t-il affirmé, mettant fin à son dernier lien avec l'empire de Quebecor.
Il est clair que le bras de fer entre ces deux figures publiques est loin d'être terminé. Alors que Péladeau fait face à des déceptions tant dans le monde du sport que dans celui des médias, sa relation avec Lepage semble plus tendue que jamais.
Avec un public attentif à chaque échange, il sera intéressant de voir si l'un ou l'autre finira par mettre de l'eau dans son vin, ou si cette rivalité continuera d'alimenter la chronique médiatique québécoise.
En tant que grand patron de Québecor, Péladeau n’a jamais caché son aversion pour Radio-Canada. Le fait qu’il refuse catégoriquement de paraître sur le plateau de Tout le monde en parle, une émission phare de la société d'état, n’est donc guère surprenant.
Selon lui, apparaître à ce programme irait à l'encontre des intérêts de TVA et surtout de ses propres convictions. Mais au-delà de la compétition pour les cotes d’écoute, Péladeau a de véritables différends idéologiques avec Radio-Canada, qu'il accuse de distorsion de la concurrence dans le paysage médiatique canadien.
Péladeau continue de critique le soutien financier accordé à Radio-Canada.
« Pendant que nous devons supprimer 600 postes pour survivre, CBC Radio-Canada reçoit 42 millions de dollars en subventions. La situation est insensée », avait-il déclaré.
Ces paroles résonnent encore aujourd'hui, surtout que Tout le monde en parle est l'émission principale de Radio-Canada.
Pour lui, la survie de médias privés tels que TVA est menacée par la disproportion des aides accordées à la société publique.
Cette prise de position inflexible de Péladeau se traduit également par sa décision de refuser de partager la diffusion des matchs de hockey du Canadien de Montréal avec Radio-Canada, alors que son concurrent, Sportsnet, collabore avec CBC pour rendre les matchs accessibles à un plus grand public.
Ce refus met en lumière la stratégie de Péladeau pour protéger les intérêts de Québecor et accentuer la pression sur Radio-Canada, dans l'espoir de réduire son emprise sur le paysage médiatique francophone.
La relation entre Péladeau et Guy A. Lepage, tendue depuis plusieurs années, s’est donc intensifiée cette semaine avec la déclaration de Lepage qualifiant Péladeau de l’une des rares personnalités refusant systématiquement de participer à Tout le monde en parle.
Ce mépris entre les deux personnalités symbolise une guerre plus large qui oppose les intérêts privés de Québecor aux subventions publiques accordées à Radio-Canada.
Le soutien politique de Péladeau à la fermeture potentielle de Radio-Canada, envisagée par un futur gouvernement conservateur dirigé par Pierre Poilievre, ne fait que renforcer cette animosité.
Avec Poilievre promettant une réforme radicale des médias publics, et peut-être même la suppression de Radio-Canada, Péladeau pourrait bien voir son rêve devenir réalité.
Dans ce contexte, il est normal que Péladeau ne veuille pas mettre les pieds en territoire ennemi.
Son refus catégorique de collaborer avec Radio-Canada et son acharnement contre la société publique s’inscrivent dans une stratégie plus vaste visant à faire pression sur les autorités et à promouvoir une concurrence qu’il juge plus équitable.
Ce bras de fer médiatique et politique continue de diviser l'opinion publique, avec en toile de fond une bataille idéologique où l’avenir de Radio-Canada est en jeu.
La position de Péladeau ne relève pas seulement de la concurrence entre chaînes télévisées, mais d’une vision plus large où il s’attaque à ce qu’il perçoit comme un favoritisme gouvernemental.
Que ce soit par ses critiques sur le financement public, son mépris envers Guy A Lepage ou par son refus de diffuser les matchs de hockey sur Radio-Canada, Péladeau reste ferme dans sa conviction que la survie des médias privés passe par une révision profonde du rôle des médias publics.
Cette semaine a révélé à quel point Péladeau reste une figure polarisante dans le paysage médiatique québécois.
Entre ses ambitions sportives frustrées et ses batailles personnelles avec des figures publiques comme Guy A. Lepage, il continue de cristalliser les tensions, que ce soit dans le domaine des médias ou du sport.
Alors que les défis s'accumulent, Péladeau semble déterminé à poursuivre son combat pour protéger ses intérêts, mais cette dure semaine rappelle que même les plus puissants ne sont pas à l’abri des tempêtes.
Saga à suivre.