Gary Bettman, avec son sourire en coin, doit bien se marrer en ce moment.
Il a trouvé une nouvelle excuse pour écarter définitivement Québec de la course à une franchise de la LNH.
Comment? En soulignant que la ville peine à remplir le Centre Vidéotron pour deux simples matchs préparatoires. Une aubaine pour lui, un argument de plus pour snober la Vieille Capitale.
Mais la réalité est bien plus complexe que ce que laisse entendre le commissaire. Ce ne sont pas n'importe quels matchs, après tout : des rencontres sans grand enjeu entre les Kings de Los Angeles, les Panthers de la Floride, et les Bruins de Boston.
Et qui paye la facture? Les contribuables québécois, bien sûr. Gary Bettman, ce fin renard, a bien piégé Pierre Karl Péladeau dans ce scénario.
La situation est claire : à une semaine des matchs des Kings à Québec, près de 8000 billets restent invendus. Une nouvelle qui a fait bondir bien des observateurs du marketing sportif, étonnés par ce manque d’engouement dans une ville où les partisans clament leur soif de hockey depuis des décennies.
Le gouvernement Legault, désireux de rappeler à la LNH que le marché de Québec existe toujours, a misé gros, déboursant plus de 7 millions de dollars pour attirer ces équipes au Centre Vidéotron.
Un coup d’épée dans l’eau, selon plusieurs experts, qui soulignent l’absurdité de financer des équipes millionnaires pour qu'elles daignent jouer quelques matchs hors-concours.
Pendant ce temps, Bettman, fidèle à lui-même, peut pointer du doigt ces chiffres et les utiliser comme prétexte pour maintenir Québec à l'écart du grand spectacle qu’est la LNH.
Pour lui, cette situation démontre que la ville n’est tout simplement pas prête à accueillir une équipe professionnelle, surtout en comparaison avec des villes comme Salt Lake City, où l’Utah avait ccueilli les Kings sans aucune subvention,
Le piège se referme donc sur Pierre Karl Péladeau, qui se retrouve dans une situation délicate. Malgré ses déclarations récentes où il affirme vouloir ramener les Nordiques à Québec, ses critiques acerbes à l'encontre de Bettman ne lui ont pas fait que des amis.
En juin dernier, lors d’une entrevue avec Paul Arcand, Péladeau n’a pas hésité à remettre en question l’enthousiasme de la LNH à l’idée de voir une équipe revenir à Québec.
Une attaque à peine voilée contre le commissaire, qui ne pardonne pas facilement.
Lors de sa sortie fracassante avec Paul Arcand au début du mois de juin, Péladeau pensait peut-être mettre un coup de pression sur la LNH, mais c'est un retour de boomerang qu'il reçoit en pleine figure aujourd'hui.
En critiquant ouvertement Gary Bettman et en pointant du doigt l'absence d'enthousiasme de la ligue pour le retour des Nordiques à Québec, il ne s'attendait probablement pas à voir les gradins du Centre Vidéotron rester désespérément vides pour les matchs préparatoires.
Ce qui devait être un geste symbolique pour rappeler à la LNH que le marché québécois est toujours vivant se transforme en un fiasco médiatique qui donne encore plus de munitions à Bettman pour maintenir Québec hors du circuit.
Lors de l'entrevue avec Arcand, Péladeau avait été cinglant, déclarant avec amertume :
« Il ne faut pas se raconter d’histoires. Du côté de la direction de la Ligue nationale, il ne semble pas y avoir un enthousiasme débordant. » (crédit: 98,5 FM)
Cette critique, directe mais voilée, visait bien sûr Bettman, qu'il tient pour responsable du blocage du retour des Nordiques.
Pourtant, ces propos, censés galvaniser les partisans québécois et mettre la ligue face à ses responsabilités, se retournent contre lui.
L'image de plus de 8000 sièges encore invendus pour les deux rencontres des Kings donne à Bettman un argument imparable : si la ville de Québec n’arrive même pas à remplir son aréna pour deux matchs préparatoires, comment pourrait-elle supporter une équipe de la LNH à long terme?
Péladeau avait également souligné dans cet entretien avec Arcand que Québecor avait payé trop cher pour les droits de diffusion de la LNH, insinuant que Bettman lui avait laissé entendre qu'une franchise finirait par s’installer à Québec pour justifier cet investissement.
« TVA Sports a probablement payé trop cher les droits de diffusion de la Ligue nationale », avait-il concédé.
« On voulait également intégrer TVA Sports avec le fait qu’on allait avoir une équipe de hockey professionnelle à Québec, ce qui allait créer une base solide."
Mais cette ligne de défense, qui visait à montrer les sacrifices faits par Québecor pour plaire à la LNH, a plutôt eu pour effet de renforcer l'idée que les relations entre Bettman et Péladeau sont au point mort.
Les tensions entre les deux hommes ont toujours été palpables. Bettman, connu pour son contrôle rigide de l'image et des décisions de la LNH, n’a jamais été un grand partisan des pressions publiques.
En s'attaquant frontalement au commissaire, Péladeau a non seulement alimenté leur différend personnel, mais il a aussi exposé la fragilité de sa position.
Bettman a maintenant un argument de plus pour affirmer que la ville de Québec, et surtout Péladeau, n’est pas prête pour le retour d'une franchise.
Pour Québec, ce sont donc des rêves brisés qui s’accumulent. Bettman n’a jamais caché ses préférences pour les marchés américains (Houston, Atlanta) en pleine expansion, et les derniers développements autour des matchs préparatoires au Centre Vidéotron lui offrent une nouvelle justification pour maintenir Québec dans l’ombre.
L’Utah, avec son investissement de 1,2 milliard pour remplacer les Coyotes de l’Arizona, montre bien l’ampleur des défis financiers à surmonter pour ramener une équipe dans la capitale québécoise.
La réalité est que Péladeau, malgré ses déclarations publiques et ses promesses, semble de moins en moins intéressé à poursuivre ce combat.
Trop cher, trop compliqué, et surtout l'obligation de s'associer avec des partenaires, ce qui va à l'encontre de sa nature de loup solitaire.
En critiquant directement Bettman, il a choisi une stratégie ultime, mais vouée à l’échec. Bettman ne se laissera pas influencer par ces sorties publiques, et Québec risque de payer le prix fort.
Au final, Gary Bettman garde le contrôle, et Péladeau se retrouve piégé dans un jeu où il ne maîtrise plus les règles.
Ce vide dans les gradins est d’autant plus embarrassant que Péladeau avait utilisé cette tribune chez Arcand pour se poser en champion de la cause des Nordiques, tout en laissant entendre que le blocage venait entièrement de Bettman.
"Malheureusement… je voudrais bien éventuellement considérer cette situation où l'on voit le retour des Nordiques, mais on frappe un mur. », avait-il martelé, comme pour souligner que tous ses efforts étaient anéantis par l'indifférence du commissaire.
Mais la réalité qui se dessine aujourd’hui montre une autre vérité : celle d’un projet qui n’a peut-être jamais eu les bases solides nécessaires pour réussir.
Le message que Bettman pourrait bien faire passer est simple : le fait que près de 30 % des billets pour le match des Panthers soient encore disponibles – malgré leur statut de finalistes de la Coupe Stanley – est sa preuve ultime.
Ce n'est pas tant la passion des partisans qui est remise en question, mais bien l'infrastructure économique et commerciale derrière ce projet.
Péladeau, qui se voyait peut-être comme un héros revenant à la charge pour offrir à Québec ses Nordiques tant attendus, se retrouve face à une cruelle réalité.
Son attaque contre Bettman avec Arcand, censée rallier les troupes et attirer l'attention médiatique, a eu l'effet inverse : elle a exposé ses faiblesses stratégiques et montré que même avec une aide gouvernementale considérable, l'engouement populaire n’est pas au rendez-vous.
Il est désormais difficile d’imaginer un scénario où Bettman prenne au sérieux les récentes manœuvres de Péladeau, d’autant plus que celui-ci se retrouve isolé.
La subvention de 7 millions de dollars octroyée par le gouvernement Legault pour soutenir ces matchs préparatoires apparaît aujourd’hui comme une béquille bien trop coûteuse, qui n'a même pas réussi à remplir les gradins.
Et Bettman, qui n’a jamais caché son scepticisme face au retour des Nordiques, peut désormais brandir cet échec financier, commercial et gouvernemental comme une preuve supplémentaire que Québec ne sera jamais prête à accueillir une franchise.
Au final, c’est Péladeau qui se retrouve piégé par ses propres déclarations. En critiquant publiquement la LNH et en pointant du doigt Bettman, il a offert à ce dernier l’occasion parfaite de faire valoir ses arguments contre le marché québécois.
Et aujourd'hui, ces sièges vides sont le symbole d’une défaite qui se joue bien au-delà des patinoires.
Pour les amateurs de hockey de Québec, la désillusion continue. Tant que Bettman restera en poste, et tant que Péladeau continuera de se placer en opposition frontale avec le commissaire, les Nordiques resteront un souvenir lointain.
Triste réalité.