Il y a des blagues qui font rire et d’autres qui créent un profond malaise.
Ce qui s’est passé lors du balado La Poire et le Fromage en est un parfait exemple.
Louis Morissette, avec son humour parfois mordant, a cette fois-ci dérapé d’une manière qui risque de provoquer une onde de choc, et ce, bien au-delà du studio.
En voulant dénoncer l’échange honteux de son beau-frère José Théodore contre David Aebischer, il a plongé dans un terrain glissant, évoquant de manière troublante les antécédents de la famille Théodore.
Ce qui devait être une simple discussion sur le hockey a rapidement dégénéré en un moment profondément inconfortable.
Tout a commencé par une remarque de Jean-Philippe Wautier, qui a voulu plaisanter sur le fait qu’un joueur suisse, même mauvais, pouvait toujours être utile si on voulait « placer son argent de la bonne façon » ou « obtenir un prêt ».
Mais c’est à ce moment-là que Louis Morissette a enfoncé le clou avec une blague extrêmement douteuse :
« Inquiète-toi pas, les Théodore, ils vont t’en prêter de l’argent aux autres."
Et Wautier de continuer la blague déviante.
"C’est tes genoux, je pense qu’ils vont t’en prêter. Inquiète-toi pas. »
Le malaise s’est immédiatement installé. Il venait d’associer directement la famille Théodore aux pratiques des prêteurs à gages, une allusion claire aux controverses qui ont longtemps poursuivi José Théodore.
Pour revoir la séquence glaciale, voici la séquence vidéo:
Il faut rappeler que José Théodore a été harcelé pendant des années à cause des fréquentations de certains membres de sa famille.
En 2003, José Théodore s’était retrouvé bien malgré lui mêlé à une enquête policière après que la police eut saisi une somme de 85 000 dollars en argent comptant dans un coffret de sûreté à son nom.
Les autorités affirmaient que cet argent provenait d’activités illégales, une accusation qui, bien que lourde, n’avait jamais mené à des poursuites contre le gardien du Canadien.
C’était la deuxième fois que son compte faisait l’objet d’une perquisition depuis le démantèlement d’un réseau présumément dirigé par son père et ses frères.
Bien que Théodore n’ait jamais été officiellement impliqué dans quoi que ce soit d’illégal, cette histoire avait suffi à salir sa réputation et à alimenter les rumeurs les plus persistantes.
On se souvient aussi de cette fameuse photo qui a fait scandale, où il posait avec des figures liées au monde des motards.
Une simple photo, mais qui a suffi à le propulser malgré lui dans des rumeurs persistantes. Certains journalistes et partisans ont utilisé cet épisode pour salir sa réputation, insinuant qu’il était impliqué dans des affaires troubles, ce qui était totalement injustifié.
Le pire? Ces accusations l’ont suivi bien après son départ de Montréal. Même en Floride, alors qu’il essayait de reconstruire sa vie loin de l’agitation du Québec, son passé continuait de le rattraper.
Des médias ramenaient encore et encore ces histoires, questionnant sans cesse ses liens familiaux au lieu de se concentrer sur sa carrière et son talent.
Et voilà qu’en 2025, alors que José Théodore a tourné la page depuis longtemps, son propre beau-frère, Louis Morissette, remet cette histoire sur la table avec une blague qui aurait mieux fait de ne jamais être prononcée.
L’humoriste Thomas Levac, ne comprenant pas immédiatement la blague, a insisté pour en saisir le sens.
Mais Morissette, visiblement conscient qu’il venait de commettre une énorme erreur, a tenté de désamorcer la situation en changeant rapidement de sujet :
« Thomas, ça paraît peut-être pas dans mon body language, mais je veux passer à autre chose. »
Une tentative maladroite de s’en sortir, mais il était trop tard.
C’est à ce moment précis que Thomas Levac a enfin compris l’ampleur de la blague douteuse de Louis Morissette.
« Ah oui, c’est vrai! », a-t-il lâché, réalisant soudainement le lien avec un fait divers troublant qui avait marqué les esprits à l’époque.
Le silence pesant dans le studio en disait long. Tous avaient compris que la blague venait de franchir une limite dangereuse.
On peut aisément imaginer que José Théodore ne prendra pas bien cette sortie.
Après avoir lutté toute sa carrière contre ces rumeurs infondées, voilà que son propre entourage alimente de nouveau ce qu’il a tant cherché à fuir.
Comment doit-il réagir en apprenant que, sur un ton léger, on l’associe encore aux activités louches de sa famille?
Est-il acceptable de rouvrir des blessures du passé, surtout quand la personne visée a tout fait pour s’en détacher?
José Théodore a été l’un des meilleurs gardiens de l’histoire du Canadien. Il a remporté le trophée Hart et le trophée Vézina en 2002.
Il a porté l’équipe sur ses épaules et a vécu des moments de gloire, mais aussi des périodes sombres.
Et maintenant, alors qu’il mène une vie paisible en Floride, il est une fois de plus ramené malgré lui dans un tourbillon médiatique dont il se serait bien passé.
Louis Morissette, en voulant faire de l’humour, s’est mis dans une situation inconfortable.
Peut-être pensait-il que son lien de parenté avec Théodore lui donnait une certaine légitimité pour plaisanter sur un sujet aussi délicat.
Mais en réalité, il a ravivé des blessures et relancé des rumeurs qui auraient dû être enterrées depuis longtemps.
Mais d’où vient cette insistance à l’associer, lui et sa famille, à des histoires de prêts d’argent?
Pourquoi cette vieille rumeur persiste-t-elle encore aujourd’hui, au point où même son beau-frère ne peut s’empêcher d’en faire une blague en 2025?
Pour comprendre, il faut remonter aux années les plus difficiles de la carrière de Théodore, quand il était traqué, scruté et parfois même piégé par les médias.
Il est impossible d’évoquer l’acharnement autour de José Théodore sans parler de Michel Villeneuve. Ce journaliste, qui à l’époque n’avait aucune limite dans sa quête de “scoops”, avait fait de Théodore une cible quotidienne.
Peu importe où il allait, Villeneuve et son équipe étaient là, à attendre, à tendre des pièges, à essayer d’arracher des réactions à un joueur qui, rappelons-le, portait pratiquement le Canadien à bout de bras durant cette période.
On parle ici d’un niveau de traque qui frôlait le harcèlement. Michel Villeneuve n’hésitait pas à le suivre jusque chez lui, caméras prêtes à enregistrer le moindre faux pas.
À certains moments, on aurait pu croire que le gardien vivait une existence parallèle, entre ses exploits sur la glace et une persécution constante en dehors.
L’une des images les plus marquantes reste celle où Villeneuve et son équipe attendaient littéralement Théodore à sa sortie, prêts à bondir dès qu’il mettrait un pied dehors.
Le but? Capturer quelque chose qui ferait scandale. Mais Théodore, en bon compétiteur, gardait son calme. Il savait que s’il explosait, c’est lui qui allait payer le prix, pas ceux qui le pourchassaient.
C’est de là que vient cette allusion aux “prêteurs à gages”, ce sous-entendu désagréable que Louis Morissette a, volontairement ou non, remis sur le tapis.
Depuis cette époque, le mythe a pris racine. Pour certains, la famille Théodore serait “proche des affaires louches”, et dans l’imaginaire collectif, ces histoires de prêts d’argent sont devenues un running gag dont personne ne se soucie de la véracité.
Le problème, c’est qu’au-delà des blagues, cela touche un homme qui a tout donné pour cette équipe et cette ville.
Un homme qui a connu des hauts historiques et des bas dévastateurs, mais qui, malgré tout, a continué à avancer.
Pourtant, plus de quinze ans après la fin de sa carrière, il doit encore composer avec ces rumeurs tenaces.
Ce qui s’est passé sur le balado La Poire et le Fromage est cruel. Un moment d’humour mal dosé, un rappel inutile d’un passé que Théodore voudrait sans doute laisser derrière lui, et une démonstration éclatante de l’acharnement dont il a été victime.
Louis Morissette a peut-être voulu faire rire, mais il a ravivé des blessures qui ne demandent qu’à cicatriser. Plus qu’une simple blague, c’est une preuve que dans le monde du sport québécois, certains traumatismes ne disparaissent jamais vraiment.
Pour José Théodore, cette histoire est un rappel sans pitié que peu importe ses exploits et ses réussites, il y aura toujours quelqu’un pour ressortir cette vieille rumeur, comme une ombre qui refuse de s’éloigner.
Peut-être qu’un jour, on reconnaîtra enfin son immense contribution au Canadien de Montréal sans chercher à l’entacher avec des allusions douteuses.
Peut-être qu’un jour, on parlera de lui comme du gardien qui a remporté le trophée Hart, et non comme d’un homme qui doit encore se défendre contre des accusations absurdes.
Mais ce jour-là, visiblement, n’est pas encore arrivé.
Quand c'est ton propre beau-frère qui te place dans l'eau chaude, tu dois avoir envie de tout casser.