C’était une entrevue qui sentait l’ennui dès les premières minutes. Yanick Bouchard et Patrick Lagacé déroulaient, sans trop d'effort, les questions les plus convetionnelles, pour ne pas dire les plus ennuyantes possibles, à l’endroit de Kent Hughes, directeur général du Canadien de Montréal.
Rien de surprenant, rien de croustillant, juste des banalités:
«Les agents libres hésitent-ils vraiment à venir à Montréal?»
«Nick Suzuki doit-il parler français?»
«Le CH va-t-il être "dans le mix"?»
«En quoi ta vie a changé depuis que tu es DG du Canadien de Montréal"?»
Une routine classique de médias traditionnels, sans profondeur ni confrontation, où Hughes répondait calmement, comme un avocat en terrain connu, déroulant ses réponses sans transpirer.
L’atmosphère était douce, presque soporifique. On aurait pu s'endormir... Jusqu’à ce que Bouchard décide de lancer une balle courbe.
Après avoir fait le tour des questions attendues, Yanick Bouchard s’est permis une dernière interrogation, beaucoup plus culottée, alors que Kent Hughes était déjà prêt à quitter le studio.
«Sur quel aspect doit travailler Martin St-Louis pour devenir encore un meilleur entraîneur?»
Une question que Hughes n’avait pas vu venir. Dans un monde médiatique où l'on ne touche que rarement au coaching staff lorsqu'on parle à Kent Hughes, cette interrogation a immédiatement tendu l’atmosphère. Hughes, visiblement surpris, a hésité...puis a répondu sans filtre:
«Il doit apprendre à déléguer. Il ne peut pas tout faire seul.»
"Comme coach on ne peut pas tout faire. On doit mettre nos confiance dans les autres".
À ce moment-là, tout le monde savait que Hughes venait de franchir une ligne. On aurait pu imaginer Chantal Machabée interposée, offrant une réponse classique du genre :
«Martin St-Louis est un perfectionniste, et c’est une qualité autant qu’un défaut.»
Mais non, Hughes s'est laissé piéger. Il a révélé une vérité cachée : le DG aimerait visiblement que St-Louis s’entoure mieux, peut-être même avec un coach d’expérience pour l’épauler.
Ce genre de suggestion publique, même déguisée, est rarement bien reçu. Surtout par un coach aussi fier et intransigeant que St-Louis.
Les médias accusent déjà St-Louis d’agir comme un Napoléon, refusant d’écouter, insistant pour gérer seul l’avantage numérique depuis le départ d’Alex Burrows, et préférant s’entourer d’entraîneurs sans grande expérience comme Stéphane Robidas.
Cette critique de Hughes, même implicite, vient confirmer ces soupçons : le DG aimerait que son coach délègue davantage et fasse confiance à des adjoints compétents et d'expérience pour le guider.
Connaissant l'énorme ego de de St-Louis, il est clair qu'il s'est sentir insulté.
Cette réponse inattendue va forcément provoquer une discussion musclée entre Hughes et St-Louis. Les égos sont en jeu, et St-Louis n'est pas du genre à encaisser en silence.
On peut s’attendre à ce qu'une conversation entre les deux hommes ait déjà eu lieu.
St-Louis pourrait voir cette déclaration comme une attaque personnelle, une façon pour Hughes de remettre en question son autorité et sa méthode.
L’échange au 98,5 FM a marqué un tournant dans la dynamique entre le DG et le coach. Jusqu’ici, St-Louis semblait intouchable, un jeune entraîneur charismatique bénéficiant d’une large marge de manœuvre.
Mais les mots de Hughes changent la donne. St-Louis doit maintenant réfléchir à sa méthode et peut-être, à contrecœur, apprendre à déléguer.
Ce moment de malaise au 98,5 FM aura des répercussions. St-Louis devra décider s'il accepte cette critique et modifie son approche ou s’il persiste dans son isolement.
Une chose est sûre : la relation entre Hughes et St-Louis ne sera plus jamais la même après cette entrevue. Maintenant, le coach sait que Kent Hughes commence à douter de son manque d'expérience derrière le banc.
Et de son côté narcissique qui veut tout contrôler.
Guy Boucher, Claude Julien, etc etc.
Martin St-Louis ne veut tout simplement pas que son autorité soit affecté. Le signe des grands entraîneurs est cette capacité de bien s'entourer.
Martin St-Louis préfère demeurer le "boss des boss". Après cette entrevue de Kent Hughes, il risque d'être encore plus sur la défensive quand on va lui proposer un coach d'expérience.
Dommage. Tellement dommage que St-Louis ne soit pas capable de marcher sur son orgueil. Ça va finir par l'affecter, autant mentalement que sportivement.
Le CH peut-il gagner la Coupe Stanley avec Martin St-Louis, Trevor Letowski et Stéphane Robidas?
Poser la question, c'est y répondre.